Le parfait mareschal/8

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Gervais Clouzier, 1680 (1 / 2, pp. 20-21).
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IL n’y a rien au monde qui chagrine & qui embarasse davantage un homme qui aime les Chevaux, que lors qu’ils ne veulent pas manger en faisant voyage. On est tous les jours en cette peine, & jusqu’à present je n’avois rien trouvé qui m’eust donné satisfaction entiere: j’ay experimenté le remede suivant plusieurs fois, & m’en suis si bien trouvé que je n’ay pas voulu frustrer le Public, d’une chose qui peut estre si utile aux Chevaux, non seulement à ceux qui peuvent estre dégoûtez sans estre malades, mais encore pour ceux qui le sont effectivement par quelques maux que ce soit.

Ces Plottes leur feront vuider de la pituite salée, & des flegmes amers, qui les dégoûtent & leur embarassent le gosier, ils feront l’effet d’un machicatoire & purgeront le cerveau, enfin l’usage vous apprendra que le remede est tres bon ; prenez une livre d’Assa fœtida, une livre foye d’Antimoine, demie livre bois de laurier, demie livre bois de genévre, & deux onces racine de peretre : le tout doit estre mis en poudre grossiere l’un apres l’autre, & pour cela il faut que les bois de laurier & de genévre soient secs avant de les piler ; puis on mettra le tout dans un grand mortier avec de bon verjus de grain bien épuré, & à force de piler & de méler on incorporera les matieres ; ensorte que le tout se puisse lier pour en former des Plottes, ce qui se fera aisément si on a mis le verjus peu à peu, & non tout à coup, on formera des pilules pesantes un once & demie qu’on fera secher à l’ombre.

Pour s’en servir quand on a quelque Cheval dégoûté, on en prend une qu’on enveloppe d’un linge usé & on l’attache au filet, Page:Solleysel - Parfait mareschal - 5è éd., 1680 - tome 1.djvu/35