Le parfait secrétaire des grands hommes/Lettre 24

La bibliothèque libre.
Texte établi par Georges GirardLa cité des livres (p. 50-51).
CHARLEMAGNE


I


[À Alcuin].


Maistre Alcuin, mon très amé,

Il m’es doux vous pouvoir féliciter du chant moult gentil qu’avés imaginé en l’oneur du brave et valeureux Roland, mon neveu, que Diex absolve. J’ay grand désir que m’en faissiez maintes copies pour miens amis.

Je vous envoye divers escripts de moy touchant l’hérézie d’Urget que j’entens combatre ains qu’icele d’Helipond ; mais il me fauldra vostre haute science car, sans ce secours, j’y faillirois.

J’entens aussy qu’il soit escript une grammaire pour la meilleure manière d’ortografier et d’escrire ; jà vous en ay parlé en nos entretiens, vous le sçavés et vous prie ne point laissier ce fait en l’oubly.

Ma fille Théodrade et ma seur Ysele on deu vous escrire. Car toute deux sont trés apte à suivre vos doctes leçons et proufiter de vos conseils. Ma seur surtout est fortement inclinée à l’instruction, come le sçavez, et s’occupe moult d’aprofondir ce que luy avez enseigné. Aussy vous ont-elles en grand estime et veneracion.

Sur ce, mon très amé, escrivés moy et prins Dieu vous avoyr en ses graces.

Ce X juing VIICLXXIX.

Carlelemagne, rex.