Le premier livre des Sonnets pour Hélène/De vos yeux tout-divins

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Sonnets pour Hélène, Texte établi par Roger Sorgéds. Bossard (p. 70).
XV

De vos yeux tout-divins dont un Dieu se paistroit,
(Si un Dieu se paissoit de quelque chose en terre)
Je me paissois hier, et Amour qui m’enferre,
Ce-pendant sur mon Cœur ses flesches racoustroit.

Mon œil dedans le vostre esbahy rencontroit
Cent beautez, qui me font une si longue guerre,
Et la mesme vertu qui toute se reserre
En vous, d’aller au Ciel le chemin me monstroit.

Je n’avois ny esprit ny penser ny oreille,
Qui ne fussent ravis de crainte et de merveille,
Tant d’aise transportez mes Sens estoient contens.

J’estois Dieu, si mon œil vous eust veu d’avantage :
Mais le soir qui survint, cacha vostre visage,
Jaloux que les mortels le veissent si long temps.