Le second livre des Sonnets pour Hélène/Le soir qu’Amour

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Sonnets pour Hélène, Texte établi par Roger Sorgéds. Bossard (p. 169).

XLVIII

Le soir qu’Amour vous fist en la salle descendre
Pour danser d’artifice un beau ballet d’Amour,
Vos yeux, bien qu’il fust nuict, ramenèrent le jour,
Tant ils sceurent d’esclairs par la place respandre.

Le ballet fut divin, qui se souloit reprendre,
Se rompre, se refaire, et tour dessus retour
Se mesler, s’escarter, se tourner à l’entour.
Contre-imitant le cours du fleuve de Méandre.
 
Ores il estoit rond, ores long, or’estroit.
Or’en poincte, en triangle, en la façon qu’on voit
L’escadron de la Grue évitant la froidure.

Je faux, tu ne dansois, mais ton pied voletoit
Sur le haut de la terre : aussi ton corps s’estoit
Transformé pour ce soir en divine nature.