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Le vol sans battement/Etude de l’atmosphère

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Édition Aérienne (p. 390-392).

ETUDE DE L’ATMOSPHÈRE
PAR LE BALLON


Les physiciens ne savent que peu de chose sur la hauteur de l’atmosphère, sur sa composition, sa température, son état hygrométrique, électrique, etc., etc. Avec les appareils enregistreurs automatiques il semble facile de trancher toutes ces questions.

Effectivement, si, au lieu de faire faire cette étude par des observateurs, qui perdent leurs facultés dès qu’ils atteignent 5 ou 6 mille mètres, qui, en tous cas, ne peuvent dépasser 10.000 mètres sous peine de mort, on se contente d’y envoyer des instruments, on ne sera plus arrêté par le froid ou le manque d’air ; et les observations n’en seront pas moins bien faites.

Ces instruments, il faut bien les reconnaître, non seulement dans ce cas suppriment l’aéronaute, mais le dépassent comme action, et comme garantie des faits observés.

Voici comment on pourrait s’y prendre pour obtenir ces résultats :

Si on prend un petit ballon en baudruche de 20 mètres cubes, qu’on le gonfle à moitié avec de l’hydrogène, soit 10 mètres cubes, on aura une force ascensionnelle de 10 kilogrammes, qui sera équilibrée par :

Poids du ballon en baudruche 2.000 grammes
Poids du filet de soie 250
Poids d’un parachute 1.500
Poids d’un ozonomètre enregistreur 500
Poids d’un thermomètre enregistreur 500
Poids d’un ballon de verre à fermeture automatique 500

5.750 grammes
Force ascensionnelle 4.250

Total 10.000 grammes

Il reste donc une force ascensionnelle de 4.250 grammes qui ne diminuera qu’arrivé à une très haute altitude, puisque la dilatation est possible, le ballon n’étant rempli qu’à moitié.

Il est facile, en grandissant le volume du ballon, d’arriver à ne le gonfler que d’une fraction minime, et d’avoir cependant une force ascensionnelle considérable afin de monter rapidement ; la dilatation pourrait, dans ce cas, arriver à tolérer une hauteur à laquelle on n’a pas encore pu songer.

Au filet de soie est suspendu un parachute chargé des appareils d’observation. Ce parachute est commandé par un appareil léger, d’un système quelconque, qui le détachera du ballon au bout d’un laps de temps précisé. Au bout de ce temps, mis en liberté, il transportera sa charge doucement à terre, où elle pourra être recueillie et remise à l’expérimentateur.

Si on a eu soin de :

Choisir un jour sans vent, d’opérer loin de la mer, d’avoir fait prévenir le pays par les journaux, de s’être précautionné contre la submersion des appareils, enfin de promettre une récompense sérieuse à celui qui trouvera et fera parvenir les enregistreurs, on peut être à peu près certain de les retrouver.

Nous avons donc là le moyen de savoir :

Si l’atmosphère n’a réellement que la hauteur que les traités de physique classiques lui accordent, soit 50 à 60 kilomètres, chiffres que des observations d’acoustique semble fortement infirmer ;

Si la composition de l’air à ces énormes altitudes est la même que celle des couches qui avoisinent la surface du globe : point qui est aussi l’objet de nombreuses spéculations ;

Puis quelle est la température de ces hautes régions ;

Et, enfin, quels sont les états hygrométriques, ozonométriques de l’atmosphère ?

Toutes questions sur lesquelles on en est réduit aux hypothèses.

La transformation de tous ces inconnus en faits acquis demanderait une dépense bien minime. Le coût de l’ensemble des appareils serait de quelques centaines de francs, somme insignifiante comparée à l’importance des données fournies.