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Le voyageur françois - l’Auvergne./LETTRE CDIV

La bibliothèque libre.
Domairon, Louis
Le voyageur françois ou la connoissance de l’ancien et du nouveau monde
Chez Moutard (XXXI, 2e partie + XXXII,1ère partiep. 259-273).

LETTRE CDIV.
L’Auvergne.


En partant de Montbriſon, j’ai pris, Madame, la route de l’Auvergne où je viens d’arriver. Cette province eſt bornée au nord par le Bourbonnois, au ſud par le Velai, le Gévaudan & le Rouergue, à l’eſt par le Forez, & en partie par le Velai & à l’oueſt par le Querci le Limouſin & la Marche. Elle a dans ſa plus grande longueur, environ quarante lieues, dans une direction du nord au ſud, inclinant un peu du nord-eſt au sud-eſt, & dans ſa largeur moyenne elle a vingt-quatre lieues. Elle ſe diviſe en haute & baſſe. La partie haute eſt du côté du ſud, la baſſe du côté du nord.

La haute Auvergne eſt riche en pâturages ; il s’y fait un commerce conſidérable de beſtiaux & de fromages. Le pays eſt montagneux, cependant on y trouve des plaines fertiles en bleds & des vallons fort agréables & d’un bon rapport.

La baſſe Auvergne comprend les plus hautes montagnes de l’Auvergne, parmi leſquelles on doit remarquer l’énorme groupe des Monts-d’or, celebre par ſon élévation & par les eaux minérales qui coulent au pied de l’une de ces montagnes. C’eſt auſſi dans cette partie de la province qu’eſt le Puy de Dôme, ſi fameux par ſes expériences ſur la peſanteur de l’air, qu’y fit faire l’illuſtre Paẝcal. Le pays de la Limagne, celebre par ſa fécondité & par les ſites pittoreſques & riants qu’il préſente à chaque pas, fait partie de la balle Auvergne & ne comprend tout au plus que le quart de ſa ſurface ; c’eſt proprement le baſſin que s’eſt formé la riviere d’Allier. Cette riviere, qui eſt la plus conſidérable de l’Auvergne, prend ſa ſource dans les montagnes du Gévaudan, au pied du mont de Lauzère ; elle paſſe à Langeac, à Vieille-Brioude, à Baſſac où elle commence à être navigable ; elle coule enſuite à une lieue d’Iſſoire, de là au pont du château, commence à arroſer le Bourbonnois près de Ris & va ſe jetter dans la Loire à une lieue au-deſſous de Nevers.

Le cours brillant de cette rivière embellit & féconde le beau pays de la Limagne, dans l’eſpace de quinze à ſeize lieues ; elle contribue encore au commerce des habitans, par la jonction avec la Loire qui communique elle-même par le canal de Briare à la Seine.

Les autres rivieres de cette province ſont : la Dore, qui prend ſa ſource près de Saint Germain-l’Herm & va ſe jetter dans l’Allier, au-deſſus de Riz : l’Allagnon, qui prend ſa ſource dans les montagnes du Cantal, & ſe jette dans l’Allier à une lieue au-deſſus de Nonette : la Sioule prend ſa ſource aux pieds des monts d’or, paſſe à Saint Pourcain, & mêle ſes eaux avec celles de l’Allier, à une lieue de cette ville ; la Dordogne prend également ſa ſource aux pieds des monts d’or, ſépare dans un long eſpace l’Auvergne du Limouſin, traverſe une partie de cette derniere province ; & ſe mêle avec la Garonne au deſſous de Bourg.

Voilà, Madame, une idée de la ſurface de cette province ; je vais vous parler des principales révolutions qu’elle a éprouvées.

Les Auvergnats, comme pluſieurs autres peuples, ont eu la prétention de deſcendre des anciens Troyens, Lucain, dans ſa pharſale, traite d’audacieuſe cette opinion qui s’eſt maintenue pendant pluſieurs ſiecles, & qui, ſi elle n’étoit pas tout-à-fait indifférente, deviendroit auſſi difficile, à fonder qu’à détruire. Ce qui eſt bien plus certain ; c’eſt que ce peuple étoit connu 90 ans avant notre ère. Son nom ſe trouve parmi ceux des colonies de Gaulois qui, après avoir favoriſé l’établiſſement des Phocéens en Provence ; vinrent, ſous la conduite de Belloveſe & de Sigoveſe, conquérir Ja partie de l’Italie, qui fut depuis nommée Gaule Ciſalpine.

L’Auvergne eut ſes rois ; favoriſés par les Carthaginois, ils éténdirent leur domination d’un côté, depuis la Loire juſqu’à l’Océan ; de l’autre, depuis Les Pyrénées juſqu’au Rhin, Je n’oublierai pas, Madame, de vous rapporter ici une fait qüi honore infiniment votre ſexe, & que Page:Domairon - Le voyageur françois ou la connaissance de l'ancien et du nouveau monde - A 30319.pdf/27 Page:Domairon - Le voyageur françois ou la connaissance de l'ancien et du nouveau monde - A 30319.pdf/28 Page:Domairon - Le voyageur françois ou la connaissance de l'ancien et du nouveau monde - A 30319.pdf/29 Page:Domairon - Le voyageur françois ou la connaissance de l'ancien et du nouveau monde - A 30319.pdf/30 Page:Domairon - Le voyageur françois ou la connaissance de l'ancien et du nouveau monde - A 30319.pdf/31 Page:Domairon - Le voyageur françois ou la connaissance de l'ancien et du nouveau monde - A 30319.pdf/32 Page:Domairon - Le voyageur françois ou la connaissance de l'ancien et du nouveau monde - A 30319.pdf/33 Page:Domairon - Le voyageur françois ou la connaissance de l'ancien et du nouveau monde - A 30319.pdf/34 Page:Domairon - Le voyageur françois ou la connaissance de l'ancien et du nouveau monde - A 30319.pdf/35 Page:Domairon - Le voyageur françois ou la connaissance de l'ancien et du nouveau monde - A 30319.pdf/36 Page:Domairon - Le voyageur françois ou la connaissance de l'ancien et du nouveau monde - A 30319.pdf/37