Les Échos (Adolphe-Basile Routhier)/24

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P.-G. Delisle (p. 195-196).


LA PURETÉ


À Madame L.


Je passais l’autre jour au bord d’une eau dormante,
Qui croupissait verdâtre en un marais fangeux ;
Et j’y vis, tremblottant sur sa tige charmante,
Un lotus dont l’éclat éblouissait les yeux.

Sa corolle de lys, ouverte, étincelante,
Sans souillures, flottait sur cet étang boueux ;
Et, conservant toujours leur blancheur éclatante,
Ses pétales d’argent se dressaient vers les cieux !


Il en doit être ainsi sur terre de la femme.
Rien ne doit altérer la blancheur de son âme…
Et, surnageant toujours parmi les flots humains,

Elle doit rester pure, au milieu de la fange,
Garder libre son cœur, libres ses ailes d’ange,
Et n’effleurer jamais l’ornière des chemins !



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