Les épis (LeMay)/5

La bibliothèque libre.
Les épisLa Cie J.-Alfred Guay (p. 19-20).


Souffle printanier


Quand le printemps se lève,

D’une écorce qui crève
On voit jaillir la sève :
Un jeune arbre fleurit ;
Mais, tout couvert de mousse,
Sans un bourgeon qui pousse,
Penchant sa tête rousse,
Un vieil arbre périt.

Dès que le jour s’éveille,
Sur mainte fleur vermeille
La matineuse abeille
Butine pour le soir ;
L’âtre joyeux s’allume,
Le jardin se parfume,
Et le noir labour fume

Comme un large encensoir.


Chantant à la lumière

Sa chanson coutumière,
L’oiseau de la bruyère
S’envole de son nid ;
Et, soupirant sans trêve,
Le flot bleu suit la grève,
Et le cœur suit le rêve
Jusque dans l’infini.

Et les étoiles blondes,
Avec mille autres mondes,
Sur d’invisibles ondes
Semblent errer encor,
Cherchant en vain les routes
Qui les conduiraient toutes
Aux éternelles voûtes
Que n’atteint nul essor.

Ô printemps ! Ô jeunesse !
Malgré vos jours d’ivresse,
L’âme jeune en liesse
Appelle l’avenir !
Jour après jour s’effrange,
L’avenir, chose étrange,
Vient bientôt et tout change…

On vit du souvenir.