Les 120 Journées de Sodome/Huitième journée

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Huitième journée.


Les exemples de la veille en ayant imposés, on ne trouva ni ne put trouver personne en faute le lendemain, les leçons se continuèrent sur les fouteurs et comme il n’y eut aucun événement jusqu’au café, nous ne prendrons cette journée que cette époque, il était servi par Augustine, Zelmire, Narcisse et Zéphire, les fouteries en cuisses commencèrent. Curval s’empara de Zelmire, et le duc d’Augustine, et après avoir admiré et baisé leurs jolies fesses, qui avait, je ne sais trop pourquoi ce jour-là des grâces, des attraits, un vermillon qu’on n’y avait pas observé auparavant, — après, dis-je, que nos libertins les eurent bien baisés, bien caressés ces charmants petits culs, on exigea des pets, l’évêque qui tenait Narcisse en avait déjà obtenu, on entendait ceux que Zéphire lançait dans la bouche de Durcet — pourquoi ne pas les imiter ? Zelmire avait réussi, mais Augustine avait beau faire, beau s’efforcer, beau menacer du sort pour samedi prochain pareil à celui qu’on avait éprouvé la veille, rien ne sortit et la pauvre petite pleurait déjà, quand une vesse vint enfin le satisfaire, il respira et content de cette marque de docilité du joli enfant, qu’il aimait assez, il lui campe son énorme engin dans les cuisses et le retirant au moment de sa décharge il lui arrosa complètement les deux fesses. Curval en avait fait autant avec Zelmire, mais l’évêque et Durcet se contentèrent de ce qu’on appelle la petite voie et la méridienne faite, on passa au salon, où la belle Duclos mise ce jour-là avec tout, ce qui pouvait le mieux faire oublier son âge parut vraiment belle aux lumières, et si tellement, que nos libertins échauffés sur son compte ne voulurent pas lui permettre de continuer, que du haut de sa tribune elle n’eût fait voir ses fesses à l’assemblée. — „Elle a vraiment un beau cul,“ dit Curval. — „Eh bon, mon ami,“ dit Durcel, „je te certifie, que j’en ai peu vu de meilleurs.“ — Et ses éloges reçus, notre héroïne rabaissa ses jupes, s’assit et reprit le fil de son histoire de la façon dont le lecteur va le lire, s’il se donne la peine de continuer, ce que nous lui conseillons pour l’intérêt de ses plaisirs. „Une réflexion, et un évènement, furent cause, messieurs, que ce qu’il me reste à vous conter maintenant n’est plus dans le même champ de bataille ; la réflexion est bien simple : ce fut l’état malheureux de ma bourse, qui la fit naître, depuis 9 ans que j’étais chez md. Guérin quoique je dépensasse fort peu, je ne me trouvais pourtant pas cent louis devant moi, cette femme extrêmement à droite et entendant au mieux ses intérêts trouvait toujours le moyen de garder pour elle au moins les deux tiers des recettes et imposait même de grandes retenues sur l’autre tiers ; ce manège me déplut et vivement sollicitée par une autre maquerelle nommée Fournier, d’aller habiter avec elle, sachant que cette Fournier recevait chez elle de vieux débauchés d’un bien meilleur ton et bien plus riches que la Guérin, je me déterminais à prendre congé de celle-ci pour aller chez l’autre. — Quant à l’évènement qui vint appuyer mes réflexions, ce fut la perte de ma sœur, je m’étais fortement attachée à elle, et je ne pus rester davantage dans une maison où tout me la rappellait sans la retrouver. Depuis près de 6 mois cette chère sœur était visitée par un grand homme sec et noir, dont la physionomie me déplaisait infiniment, ils s’enfermaient ensemble, et je ne sais ce qu’ils y faisaient, car jamais ma sœur ne me l’a voulu dire, et ils ne se plaçaient point dans l’endroit où j’aurais pu les voir ; quoiqu’il en soit, un beau matin elle vient dans ma chambre, m’embrasse et me dit que sa fortune est faite, qu’elle est entretenue par131) un grand homme que je n’aimais pas et tout ce que j’en appris, c’est que c’était à la beauté de ses fesses qu’elle devait ce qu’elle allait gagner. Cela fait elle me donna son adresse, fit ses comptes avec la Guérin, nous embrassa toutes et partit ; je ne manquai pas, comme vous l’imaginez bien, d’aller deux jours après à l’adresse indiquée. Mais on n’y savait seulement pas, ce que je voulais dire, je vis bien que ma sœur avait été trompée elle-même, car d’imaginer qu’elle eût voulu me priver du plaisir de la voir, je ne le pouvais supposer. Quand je me plaignis à la Guérin de ce qui m’arrivait en ce sujet-là je vis qu’elle en souriait malignement et qu’elle réfusait de s’expliquer. Je conclus donc de là, qu’elle était dans le mystère de toute l’aventure mais qu’on ne voulut que je la démêlasse. Tout cela m’affecta et me fit prendre mon parti et comme je n’aurais plus occasion de vous parler de cette chère sœur, je vous dirai que quelques perquisitions que j’aie faites, quelques soins que je me sois donnés pour la découvrir, il m’a été parfaitement impossible de jamais savoir ce qu’elle était devenue. — „Je le crois bien,“ dit alors la Desgranges, „car elle n’existait plus de 24 heures après t’avoir quittée, elle ne te trompait pas, elle était dupée elle-même, mais la Guérin savait ce dont il s’agissait.“ — „Juste ciel, que m’apprenez-vous,“ dit alors la Duclos, „hélas ! Quoique privée de la voir je me flattais encore de son existence.“ — „Très à tort,“ reprit la Desgranges, „mais elle ne t’avait pas menti. Ce fut la beauté de ses fesses, la supériorité étonnante de son cul, qui lui valut l’aventure où elle se flattait de trouver sa fortune, et où elle ne rencontra que la mort.“… „Et le grand homme sec ?“ dit Duclos. — „Il n’était que le courtier de l’aventure, il ne travailla pour son compte.“ — „Mais cependant,“ dit Duclos, „il la voyait assidûment depuis 6 mois.“ „Pour la tromper,“ reprit Desgranges, — „mais reprends ton récit. Ces éclaircissements pourraient ennuyer ces messieurs, et cette anecdote-là me regarde, je leur en rendrai ton compte.“ — „Grâce de l’attendrissement, Duclos,“ lui dit sèchement le duc, en voyant qu’elle avait peine de retenir quelques larmes involontaires, „nous ne connaissons pas ces regrets-là ici, et toute la nature se croulerait, que nous n’en pousserions pas un soupir, laissez les pleurs aux imbéciles et aux enfants et qu’ils ne souillent jamais les joues d’une femme raisonnable et que nous estimons.“ À ces mots notre héroïne se contint et reprit aussitôt son récit : „En raison des deux causes que je viens d’expliquer, je pris donc mon parti, messieurs, et la Fournier m’offrant un meilleur logement, une table bien autrement servie, des parties bien plus chères, quoique plus pénibles, mais toujours le partage égal et sans, aucune retenue, je me déterminai sur-le-champ. Md. Fournier occupait une maison toute entière, et cinq jeunes et jolies filles composaient son sérail. Je fus la 6me. Vous trouverez bon que je fasse ici, comme chez md. Guérin, c’est-à-dire que je ne vous peigne mes compagnes, qu’à mesure qu’elles joueront un personnage. Dès le lendemain de mon arrivé on me donna de l’occupation, car les pratiques allaient grand train chez la Fournier, et nous en faisions souvent cinq ou six par jour chacune, mais je ne vous parlerai [ainsi que je l’ai fait jusqu’à présent], que de celles qui peuvent exciter votre attention par leur [36]piquant : ou leur singularité. Le premier homme, que je vis dans mon nouveau séjour, fut un payeur de rentes, homme d’environ 50 ans, il me fit mettre à genoux, la tête penchée sur le lit, et s’établissant sur le lit également à genoux au-dessus de moi, il se branla le vit dans ma bouche, en m’ordonnant de la tenir très ouverte, je n’en perdis pas une goutte, et132) le paillard s’amusa prodigieusement des contorsions et des efforts pour vomir que je me fis faire.133) Après ce dégoûtant gargarisme vous voudrez, messieurs,“ continua la Duclos,134) „que je place tout de suite, quoiqu’arrivées à des temps différents les quatre aventures du même genre que j’eus encore chez md. Fournier. Ces récits, je le sais, ne déplairont à ms. Durcet, et il me saura gré de l’entretenir le reste de la soirée d’un goût qu’il aime et qui m’a procuré l’honneur de le connaître pour la première fois.“ — „Quoi, dit Durcet, „tu vas me faire jouer un rôle dans ton histoire ?“ — „Si vous le trouvez bon, — monsieur,“ répondit la Duclos, en observant seulement d’avertir ces messieurs, „quand j’en serai à votre article.“ — „Et ma pudeur. Quoi, devant toutes les jeunes filles, tu vas comme cela dévoiler toutes mes turpitudes ?“ Et chacun ayant ri de la crainte [37]plaisante du financier, Duclos reprit ainsi : „Un libertin bien autrement vieux et bien autrement dégoûtant que celui que je viens de citer, vint me donner la seconde représentation de cette manie, il me fit coucher toute nue sur un lit, s’étendit à contre sens sur moi, mit son vit dans ma bouche et sa langue dans mon con et dans cette attitude il exigea que je lui rendisse la titillation de volupté, qu’il prétendait que devait me procurer sa langue, je suçai de mon mieux. — C’était mon pucelage pour lui, — il lécha, barbota, travailla, sans doute dans toutes ses maneuvres infiniment plus pour lui que pour moi — quoiqu’il en soit, je restai muette bien heureuse de n’être pas horriblement dégoûtée, et le libertin déchargea, opération que d’après la prière de la Fournier, qui m’avait prévenue de tout, — opération, dis-je, que je lui fis faire le plus lubriquement possible, en serrant mes lèvres, en suçant, en exprimant de mon mieux dans ma bouche le jus qu’il exhalait, et passant mes mains sur ses fesses, pour lui chatouiller l’anus, épisode qu’il m’indiquait de faire en la remplissant de son côté de mieux que lui était possible. — L’affaire faite notre homme décampe en assurant la Fournier qu’on ne lui avait point encore fourni de fille qui sût le contenter mieux que moi. — Peu après cette [38]aventure, curieuse de savoir ce que venait faire au logis une vieille sorcière âgée de plus de 70 ans, et qui avait l’air d’attendre pratique, on me dit qu’effectivement. Elle allait me faire excessivement curieuse de voir à quoi l’on allait faire servir une telle emplâtre. Je demandai à mes compagnes, s’il n’y avait pas chez elles, une chambre, d’où l’on peut voir ainsi que chez la Guérin. L’une m’ayant répondu qu’oui, m’y mena et comme il y avait de la place pour deux nous nous y plaçâmes et voici ce que nous vîmes et ce que nous entendîmes car les deux chambres n’étant séparées que par une cloison, il était très aisé de ne pas perdre un mot, la vieille arriva la première, et s’étant regardée au miroir, elle s’ajusta sans doute comme si elle eût cru que ses charmes allaient encore avoir quelque succès, à quelques minutes de là, nous vîmes arriver le Daphnis de cette nouvelle Chloë. Celui-ci avait tout au plus 60 ans, c’était un payeur de rentes, homme très à son aise et qui aimait mieux dépenser son argent avec des salopes de rebut comme celle-là qu’avec de jolies filles et cela par cette singularité de goût, que vous comprenez, dites-vous, messieurs, et que vous expliquez si bien. Il s’avance de sa dulcinée qui lui fait une profonde révérence : „Pas tant de façons, vieille garce,“ lui dit ce paillard, „et mets-toi nue — mais voyons, d’abord, as-tu des dents ?“ „Non, monsieur, il ne m’en reste pas une seule,“ dit la vieille en ouvrant sa bouche infecte — regardez plutôt.“ — Alors notre homme s’approcha, et saisissant sa tête, il lui colla sur les lèvres un des plus ardents baisers, que j’ai vus donner de ma vie, non seulement il baisait, mais il suçait, mais il dévorait, mais il dardait amoureusement sa langue au plus profond du gosier putréfait, et la bonne vieille qui de longtemps ne s’était trouvée à une pareille fête, les lui rendit avec une tendresse qu’il me serait difficile de vous peindre. — „Allons,“ dit le financier, „mets-toi nue.“ Pendant ce temps-là, il défait aussi ses culottes et met en l’air un membre noir et ridé qui ne promettait pas de grossir de long-temps, cependant la vieille est nue, et vient effrontément offrir à son amant un vieux corps jaune et ridé, sec, pendant et décharné dont la description [à quelques points que soient vos fantaisies sur cela] vous ferait trop d’horreur pour que je veuille l’entreprendre, mais loin d’en être dégoûté, notre libertin s’extasie, il la saisit, l’attire à lui sur le fauteuil où elle se manualisait, en attendant qu’elle se déshabillât, lui darda encore une fois sa langue dans la bouche, et la retournant il offre à l’instant son hommage au revers de la médaille, je le vis distinctement manier les fesses,135) mais que dis-je „les fesses“, les deux torchons ridées qui de ses hanches tombaient en ondulation sur ses cuisses, — telles qu’elles étaient enfin, il les ouvrit, colla voluptueusement ses lèvres sur la cloaque infâme qu’elles renfermaient, y enfonça sa langue à plusieurs reprises différentes et tout cela pendant que la vieille tâchait de donner un peu de consistance au membre mort, qu’elle secouait. — „Venons au fait,“ dit le Céladon, „sans mon épisode de choix, tous tes efforts seraient inutiles, on t’a prévenue ?“ — „Oui monsieur.“ — „Et tu sais bien, qu’il faut avaler ?“ — „Oui mon toutou, oui mon poulet, j’avalerai, je dévorerai tout ce que tu feras, et en même temps, le libertin la campe sur le lit, la tête à bas ; en cette posture il lui met son engin mollasse dans le bec, l’enfonce jusqu’aux couillons revient prendre les deux jambes de sa jouissance, se les campe sur les épaules et par ce moyen son gosier se trouve absolument niché entre les fesses de la duègne. Sa langue se replace au fond de ce trou délicieux, l’abeille allant pomper le nectar de la rose ne suce plus voluptueusement, cependant la vieille suça, notre homme s’agita : — „Ah foutre,“ s’écria-t-il au bout d’un quart d’heure de cet excercice libidineux, „suce, suce, bougresse, suce et avale, il coule, double Dieu, il coule, ne le sens-tu pas ?“ Et baisant pour le coup tout ce qui s’offre à lui, cuisse, vagin, fesse, anus, tout est léché, tout est sucé, la vieille avale et le pauvre caduque qui sans doute se retire aussi mol qu’il est entré, et qui vraisemblablement a déchargé sans érection, se sauve tout honteux de son égarement, et gagne le plus promptement qu’il puisse la porte afin de s’éviter de voir de sens froid l’objet hideux, qui vient de le séduire. — „Et la vieille,“ dit le duc. — „La vieille toussa, cracha, se moucha, se vêtit le plutôt qu’elle pût et partit. À quelques jours de là cette même compagne136) qui m’avait procuré le plaisir de cette scène [39]eut son tour, c’était une fille d’environ 16 ans, blonde et de la physionomie du monde la plus intéressante, je ne manquai pas d’aller la voir en besogne. L’homme à qui l’on l’assemblait était pour le mieux aussi vieux que le payeur des rentes, il la fit mettre à genoux entre ses jambes, lui fixa la tête en lui, saisissant les oreilles et lui campa dans la bouche un vit, qui me parut plus sale et plus dégoûtant qu’un chiffon traîné dans le ruisseau. Ma pauvre compagne voyant approcher de ses lèvres fraîches ce dégoûtant morceau, voulut se jeter à la renverse, mais ce n’était pas pour rien, que notre homme la tenait, comme un barbet, par les oreilles : „Allons donc, garce,“ lui dit-il, „tu fais la difficile,“ et la menaçant d’appeler la Fournier qui sans doute lui avait recommandé bien de la complaisance, il parvint à vaincre ses résistances. — Elle ouvre les lèvres, se recule, les ouvre encore et engloutit enfin, en poussant des hoquets, cette relique infâme dans la plus gentille des bouches. De ce moment ce ne furent plus que des mauvais propos de la part du scélérat. „Ah coquine,“ disait-il en fureur, „il le faut bien des façons pour sucer le plus beau vit de la France, ne crois-tu pas qu’on va faire bidet tous les jours exprès pour toi ? Allons, garce, suce la dragée.“ Et s’échauffant de ces sarcasmes et du dégoût qu’il inspira à ma compagne, — tant il est vrai, messieurs, que le dégoût que vous nous137) procurez, devient une aiguille à votre jouissance, — le libertin s’extasie et laisse dans la bouche de cette pauvre fille des preuves non équivoques de sa virilité. Moins complaisante que la vieille, elle n’avale rien, et beaucoup plus dégoûtée qu’elle, elle vomit dans la minute tout ce qu’elle avait dans l’estomac, et notre libertin en se rajustant sans trop prendre garde à elle, ricanait entre ses dents des suites cruelles de son [40]libertinage. — C’était mon tour, mais, plus heureux que les deux précédentes, c’était à l’amour même que j’étais destinée, et il ne me resta après l’avoir satisfait, que l’étonnement de trouver des goûts si étranges dans un jeune homme, si bien taillé pour plaire ; il arrive, me fait mettre nue, s’étend sur le lit, m’ordonne de m’accroupir sur son visage et d’aller avec ma bouche essayer de faire décharger un vit très médiocre, mais qu’il me récommande et dont il me supplie d’avaler le foutre, dès que je le sentirais couler. „Mais ne restez pas oisive ce temps-là,“ ajouta le petit libertin, „que votre con inonde ma bouche d’urine, que je vous promets d’avaler, comme vous avalerez mon foutre et que ce beau cul me pète dans le nez !“ Je me mets à l’œuvre et remplis à la fois mes trois besognes avec tant d’art, que le petit enchoix dégorge bientôt toute sa fureur dans ma bouche pendant et que je l’avale et que mon Adonis fait autant de l’urine dont je l’inonde et tout cela en respirant les pets, dont je ne cesse de le parfumer.138) — „En vérité mademoiselle,“ dit Durcet, „vous auriez bien pu vous dispenser de relever ainsi les enfantillages de ma jeunesse.“ — „Ah, ah,“ dit le duc en riant, „eh comment ? Toi, qui à peine oses regarder un con aujourd’hui, tu les faisais pisser dans ce temps-là ?“ — „C’est vrai,“ dit Durcet, „j’en rougis, il est affreux d’avoir à se reprocher des turpitudes de cette sorte, c’est bien à présent, mon ami, que je sens tous les poids des remords.139) — Culs délicieux !“ s’écria-t-il dans son enthousiasme, en baisant celui de Sophie qu’il avait attirée à lui, pour la manier un instant,140) „c’est délicieux ! Combien je me reproche l’encens, que je vous ai dérobé ! O culs délicieux, je vous promets un sacrifice expiatoire, je fais serments sur vos autels de ne plus m’égarer de la vie.“ ? Et, ce beau derrière l’ayant un peu échauffé, [il] plaça la novice dans une posture fort indécente sans doute, mais dans laquelle il pouvait, comme on l’a vu plus haut, faire têter son petit enchoix en suçant l’anus le plus frais et le plus voluptueux. Mais Durcet, trop blasé sur ce plaisir-là, n’y retrouvait que bien rarement sa vigueur, on eut beau le sucer, il eut beau le rendre, il fallut se retirer dans le même état de défaillance et remettre en pestant et jurant contre les jeunes filles à quelques moments plus heureux, des plaisirs que la nature lui réfusait pour lors. Tout le monde n’était pas aussi malheureux ; le duc, qui avait passé dans son cabinet avec Colombe, Zélamir, Brise-cul et Thérèse, fit entendre des hurlements qui prouvaient son bonheur et Colombe crachotant de toute sa force en sortant, ne laissa plus de doute sur le temple, qu’il avait encensé. Pour l’évêque tout naturellement couché sur son canapé, les fesses d’Adélaïde sur son nez et le vit dans sa bouche, il se pâmait en faisant péter la jeune femme, tandis que Curval debout faisant emboucher son énorme trompette à Hébé perdait son foutre en s’égarant d’ailleurs. — On servit ; le duc voulut soutenir au soupé, que, si le bonheur consistait dans l’entière satisfaction de tous les plaisirs des sens, il était difficile d’être plus heureux qu’ils étaient. — „Ce propos n’est pas d’un libertin,“ dit Durcet, „et comment est-il, que vous puissiez être heureux, dites que vous pouvez vous satisfaire à tout instant. Ce n’est pas dans la jouissance que consiste le bonheur, c’est dans le désir, c’est à briser les freins qu’on oppose à ces désirs, or tout cela se trouve-t-il ici, où je n’ai que souhaiter pour avoir, je fais serment,“ dit-il, „que depuis que je suis, mon foutre n’a pas coulé une seule fois pour les objets qui y sont, il ne s’est jamais répandu que pour ceux qui n’y sont pas, et puis d’ailleurs,“ ajouta le financier, „il manque selon moi une chose essentielle à notre bonheur : — C’est le plaisir de la comparaison, plaisir qui ne peut naître que du spectacle du malheureux, et nous n’en voyons point ici, c’est de la vue de celui qui ne jouit pas de ce que j’ai et qui souffre, que naît le charme de pouvoir se dire „je suis donc plus heureux que lui.“ Partout où les hommes seront égaux, et où ces différences-là n’existeront pas, le bonheur n’existera jamais, c’est l’histoire d’un homme qui ne connaît bien le prix de la santé que quand il a été malade.“ — „Dans ce cas-là,“ dit l’évêque, „vous établiriez donc une jouissance réelle à aller contempler les larmes de ceux que la misère accable ?“ — „Très assurément,“ dit Durcet, „il n’y a peut-être point au monde de volupté plus sensuelle, que celle dont vous parlez-là.“ — „Quoi, sans les soulager ?“ dit l’évêque, qui était bien aise de faire entendre Durcet, sur un chapitre si fort du goût de tous et qu’on le connaissait si capable de traiter au fond. — „Qu’appelez vous soulager,“ dit Durcet, „mais la volupté qui naît pour moi de cette douce comparaison de leur état au mien n’existerait plus, si je les soulageais, car alors, les sortant de leur état de misère je leur ferais goûter un instant du bonheur qui les assimilant à moi, ôterait toute jouissance de comparaison.“ „Eh bien, d’après cela,“ dit le duc, „il faudrait en quelque façon, pour mieux établir cette différence essentielle au bonheur, il faudrait, dis-je, aggraver leur situation ?“ — „Cela n’est pas douteux,“ dit Durcet, „et voilà qui explique les infamies qu’on m’a reprochées sur cela toute ma vie. Ces gens, qui ne connaissaient pas mes motifs, m’appelaient dur, féroce et barbare, mais me moquant de toutes les dénominations, j’allais mon train, je faisais [j’en conviens] ce que les sots appellent des atrocités, mais j’établissais des jouissances, des comparaisons délicieuses, et j’étais heureux.“ — „Avoue le fait,“ lui dit le duc, „conviens, qu’il t’est arrivé plus de vingt fois de faire ruiner des malheureux rien que pour servir en ce sens-là les goûts pervers, dont tu conviens ici.“ — „Plus de vingt fois ?“ dit Durcet, „plus de deux cent, mon ami, et je pourrais sans exagération citer plus de 400 familles réduites aujourd’hui à l’aumône, et qui n’y sont que par moi !“ — „En as-tu profité au moins ?“ dit Curval. — „Presque toujours, mais souvent aussi je ne l’ai fait que par cette certaine méchanceté, qui presque toujours réveille en moi les organes de la lubricité, je bande à faire le mal, je trouve au mal un attrait assez piquant pour réveiller en moi toutes les sensations du plaisir, et je me livre pour lui seul, et sans autre intérêt que lui seul.“ — „Il n’y a rien que je conçoive comme ce goût-là,“ dit Curval, „j’ai cent fois donné ma voix, quand j’étais au parlement pour faire prendre des malheureux que je savais bien être innocents, et je ne me suis jamais livré à cette petite injustice-là, sans éprouver au-delà de moi-même un chatouillement voluptueux, où les organes du plaisir de la couille se seraient enflammés bien vite, jugez ce que j’ai ressenti, quand j’ai fait pis.“ — „Il est certain,“ dit le duc, qui commençait à s’échauffer la cervelle en maniant Zéphire, „que le crime a suffisamment de charme pour enflammer lui seul tous les sens, sans qu’on soit obligé d’avoir reconnue à aucun autre expédient, et personne ne conçoit comme moi, que les forfaits mêmes les plus éloignés de ceux du libertinage puissant faire bander comme ceux qui lui appartiennent, moi, qui vous parle, j’ai bandé à voler, à assassiner, à incendier et je suis parfaitement sûr que ce n’est pas l’objet du libertinage qui nous anime, mais l’idée du mal, qu’en conséquence c’est pour le mal seul, qu’on bande et non pas pour l’objet en telle sorte que, si cet objet était au-dessus de la possibilité de nous faire mal, nous ne banderions plus pour lui.“ — „Rien de plus certain,“ dit l’évêque, „et de là naît la certitude du plus grand plaisir à la chose la plus infâme et le système dont on ne doit point s’écarter qui est que : plus l’on voudra faire naître le plaisir dans le crime et plus il faudra que le crime soit affreux, et pour moi, messieurs,“ ajouta-t-il, „s’il m’est permis de me citer, je vous avoue que je suis au point de ne plus ressentir cette sensation dont vous parlez, de ne la plus épreuver, dis-je, pour les petits crimes, et si celui que je commets ne réussit par autant de noirceur, autant d’atrocité, autant de fourberie et de trahison, qu’il est possible, la sensation ne naît plus.“ — „Bon,“ dit Durcet, „est-il possible de commettre des crimes comme on les conçoit et comme vous les dites là, pour moi j’avoue que mon imagination a toujours été sur cela au-delà de mes moyens, j’ai toujours mille fois plus conçu que je n’ai fait et je me suis toujours plaint de la nature, qui en me donnant le désir de l’outrager m’en ôtait toujours les moyens.“ — „Il n’y a que deux ou trois crimes à faire dans le monde,“ dit Curval, „et sous ses faits tout est dit, le reste est inférieur, et on ne sent plus rien. Combien de fois, sacré Dieu, n’ai-je pas désiré qu’on pût attaquer le soleil, en priver l’univers, ou s’en servir pour embraser le monde entier, ce serait des crimes cela, et non pas les petits écarts où nous nous livrons, qui se bornent à métamorphoser au bout de l’an une douzaine de créatures en mottes de terre.“ — Et sur cela, comme les têtes s’allumaient, que deux ou trois filles s’en étaient déjà ressenties, et que les vits commencèrent déjà à dresser, on sortit de table pour aller verser dans de jolies bouches les flots de cette liqueur, dont les picotements trop aigus faisaient préférer tant d’horreurs. On s’en tint ce soir-là aux plaisirs de la bouche, mais on inventa cent façons de les varier et quand on s’en fut bien rassasié, on fut essayer de trouver dans quelques heures de repos des forces nécessaires à recommencer.


Notes de l’éditeur :

131) Rayé : „l’homme“.

132) Rayé : „des“.

133) Rayé : „cette dégou“.

134) Dans le manuscrit : „Guérin“.

135) Rayé : „les ouvrit“.

136) Rayé : „jeune fille“.

137) Rayé : „inspirez“.

138) Cette forme de coprolagnie masochistique est encore aujourd’hui très fréquente, comme le prouvent les cas nombreux de Krafft-Ebing. Cf. cas No. 68 p. 123 (10 e éd.).

139) Ce dialogue décrit très bien le développement progressif des anomalies sexuelles, qui est lié étroitement au besoin de varier les actes pervers. Les instincts sexuels de Durcet se sont dans le cours du temps retournés, pour ainsi dire „ab anterioribus ad posteriora“. Maintenant il est pédéraste et sodomite enragé. Mais cette „perversion“ n’est pas, comme le remarque fort justement le marquis de Sade, innée, elle s’est développée peu-à-peu et est ainsi devenue une monomanie indéracinable.

140) Rayé : „auparavant“.