Les 120 Journées de Sodome/Vingt-cinquième journée

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Vingt-cinquième journée.


Une nouvelle intrigue se formait pourtant à la soudaine dans les murs impénétrables du château de Silliny, mais elle n’était pas d’une conséquence aussi dangereuse, que celle d’Adélaïde et de Sophie ; cette nouvelle société se tramait entre Aline et Zelmire, la conformité de caractère de ces deux jeunes filles avait aidé beaucoup à ce lieu, toutes deux douces et sensibles, deux ans et demi de différence au plus dans leur âge, bien de l’enfance, bien de la bonhomie dans leur caractère, en un mot, presque toutes deux les mêmes vertus et presque toutes deux les mêmes vices, car Zelmire, douce et tendre, était nonchalante et paresseuse, comme Aline, en un mot, elles se convenaient si bien que le matin du 25e on les trouva dans le même lit, et voici comme cela eut lieu, Zelmire était destinée à Curval, couchait comme on sait dans sa chambre cette-même nuit, Aline était femme de lit de Curval, mais Curval revenu ivre-mort des orgies, ne voulut coucher qu’avec Bande-au-ciel, et moyennant cela les deux petites colombes abandonnées et réunies par hasard, se campèrent, de crainte du froid, toutes les deux dans le même lit. Et là on prétendit que leurs petits doigts s’étaient grattés ailleurs, qu’au coude. Curval en ouvrant les yeux le matin et voyant les deux oiseaux dans le même nid, leur demanda, ce qu’elles faisaient là, et leur ordonnant de venir à l’instant toutes deux dans son lit, il les flaira au dessous du clitoris et reconnut clairement, qu’elles étaient encore toutes deux plein de foutre, le cas était grave, on voulait bien que ces demoiselles fussent des victimes d’impudicité, mais on n’exigeait qu’entre elles il y eut de la décence, car que n’exige pas le libertinage dans sa perpétuelle inconséquence, et si l’on voulait bien quelquefois leur permettre d’être impures entre elles, il fallait que ce fût et par ordre de ces messieurs, et sous leurs yeux moyennant quoi le cas fut porté au conseil, et les deux délinquantes qui ne purent ou n’osèrent désavouer, eurent ordre de montrer comme elles s’y prenaient, et de faire voir devant tout le monde, quel était leur petit talent particulier, elles le firent en rougissant beaucoup, en pleurant, et en demandant pardon de ce qu’elles avaient fait, mais il était trop doux d’avoir ce joli petit couple à punir le samedi d’ensuite, pour qu’on imaginât de leur faire grâce et elles furent subitement inscrites sur le fatal livre de Durcet, — qui par parenthèse — se remplissait très agréablement cette semaine. Cette expédition faite, on acheva le déjeuner et Durcet fit ses visites : Les fatales indigestions valurent encore une délinquante, c’était la petite Michette, elle n’en pouvait plus, disait-elle, on l’avait fait trop manger la veille, et mille autres petites excuses enfantines, qui ne l’empêchèrent pas d’être inscrite. Curval qui bandait beaucoup, saisit le pot de chambre et dévora tout ce qui était dedans. Et jetant ensuite sur elle des yeux courroucés : „Oh oui, parbleu, petite coquine,“ lui dit-il, „ oh oui, parbleu, vous serez corrigée, et de ma main encore, il n’est pas permis de chier comme cela ; vous n’aviez qu’à nous avertir au moins, vous savez bien qu’il n’y a pas d’heures, où nous ne soyons prêts à recevoir de la merde.“ Et il lui maniait fortement les fesses en lui adressant la leçon. Les garçons se trouvèrent intacts. On n’accorda nulle permission pour la chapelle, et l’on se mit à table. On raisonna beaucoup pendant le dîner sur l’action d’Aline, on la croyait une St. Nitouche, et tout à coup voilà des preuves de son tempérament. „Eh bien,“ dit Durcet à l’évêque, „mon ami, faut-il s’en rapporter à l’air des filles ?“ Maintenant on convint unanimement qu’il n’y avait rien de si trompeur, et que, comme elles étaient toutes fausses, elles ne se servirent de leur esprit, qu’à l’être avec plus d’adresse, ces propos firent tomber la conversation sur les femmes et l’évêque, qui les abhorrait se livra à toute la haine, qu’elles lui inspiraient, il les ravala à l’état des plus vils animaux, et prouva leur existence si parfaitement inutile dans le monde, qu’on pourrait les extirper toutes de dessus la terre, sans nuire en rien aux vues de la nature, qui ayant bien trouvé autrefois le moyen de créer sans elles, le trouverait bien encore, quand il n’existerait que des hommes.192) On passa au café, il était présenté par Augustine, Michette, Hyacinthe, et Narcisse. L’évêque dont un des plus grands plaisirs simples était de sucer le vit des petits garçons s’amusait depuis quelques minutes à ce jeu avec Hyacinthe, lorsque tout à coup, il s’écria en retirant sa bouche pleine. „Ah, secondez, mes amis, voilà un pucelage, voilà la première fois, que ce petit drôle-là décharge j’en suis sûr.“ Et du fait personne n’avait encore vu Hyacinthe en venir là, on le croyait même trop jeune pour y parvenir encore, mais il avait 14 ans fait, c’était l’âge où la nature a coutume de nous combler de ses fureurs, et rien n’était plus réel que la victoire que l’évêque s’imaginait avoir remporté. On voulut cependant constater le fait, et chacun : voulut être témoin de l’avanture. On s’assit en demi cercle autour du jeune homme, Augustine, la plus célèbre branleuse du sérail, eut ordre de manualiser l’enfant en face de l’assemblée ; et le jeune homme eut permission de la manier et de la caresser en telle partie du corps, qu’il le désirerait. Nul spectacle plus voluptueux, que celui de voir une jeune fille de 15 ans, belle comme le jour, se prêter aux caresses d’un jeune garçon de 14 et l’exciter à la décharge par la plus délicieuse pollution. Hyacinthe aidé peut-être de la nature, mais plus certainement encore par des exemples, qu’il avait sous ses yeux, ne touche, ne manie, ne baise que les jolies petites fesses de sa branleuse, et au bout d’un instant, ses belles joues se colorèrent, il poussa 2 ou 3 soupirs, et son joli petit vit lança à 3 pieds de lui cinq ou six jets d’un petit foutre doux et blanc comme de la crème, qui vint tomber sur les cuisses de Durcet, placé le plus près de lui, et qui se faisait branler par Narcisse, en regardant l’opération. Le fait bien constaté, on caressa et baisa l’enfant de toute part, chacun voulut recueillir une petite portion de sperme, et comme il parut, qu’à son âge et par un début 6 décharges n’étaient pas trop un don qu’il venait de faire, nos libertins lui en firent joindre, chacun un, qu’il leur répandit dans la bouche. Le duc s’étant échauffé de ce spectacle s’empara d’Augustine, et la branla sur le clitoris avec la langue, jusqu’à ce qu’elle eut déchargé deux ou trois fois, ce que la petite friponne pleine de feu et de tempérament fit bientôt, pendant que le duc polluait ainsi Augustine, il n’y avait rien de si plaisant, que de voir Durcet, venant recueillir les symptômes du plaisir, qu’il ne procurait point, baiser mille fois sur la bouche cette belle enfant, et avaler pour ainsi dire la volupté qu’un autre faisait circuler dans ses fesses ; il était tard, on fut obligé de soustraire la méridienne et de passer au salon d’histoire, où Duclos attendait depuis longtemps ; dès que tout le monde fut arrangé, elle poursuivit le récit de ses avantures dans les termes suivants. — „J’ai déjà eu l’honneur de vous dire, messieurs, il est très difficile de comprendre tous les supplices, que l’homme invente contre lui-même, pour retrouver dans leur avilissement ou dans leur douleur, ces étincelles de plaisir, que l’âge ou la satiété lui ont fait perdre. [121]Croiriez-vous qu’un de cet espèce de gens, homme de 60 ans et singulièrement blasé sur tout le plaisir de la lubricité, ne les reveillait plus dans ses sens, qu’en se faisant brûler avec une bougie sur toutes les parties de son corps et principalement sur celles que la nature destine à ce plaisir-là, on la lui éteignait fortement sur les fesses, le vit, les couilles et surtout sur le trou du cul. Il baisait un derrière pendant ce temps-là, et quand on lui avait vivement renouvelé quinze ou vingt fois cette douloureuse opération, il déchargeait en suçant l’anus, que sa branleuse lui présentait. — [122]J’en vis un autre, peu après, qui m’obligeait de me servir d’une étrille de cheval et de le panser avec sur tout le corps, précisément comme on aurait fait de l’animal, que je viens de nommer, dès que son corps était tout en sang, je le frottais avec de l’esprit de vin, et cette seconde douleur le faisait abondamment décharger sur ma gorge. Telle était le champ de bataille, qu’il voulait arroser de son foutre, je me mettais à genoux devant lui, je prenais son vit dans mes tetons, et il y répandait-là tout à l’aise l’âcre superflu de ses couilles. — [123]Un troisième se faisait arracher, brise-à-brise, tous les poils des fesses, il se branlait pendant l’opération sur un étron tout chaud, que je venais de lui faire. Puis à l’instant où ce „foutre“ de convention m’apprenait l’approche de sa crise, il fallait pour la déterminer que je lui dardasse dans chaque fesse un coup de ciseaux, qui le fit saigner, il avait le cul couvert de ces plaies, et à peine pus-je trouver un endroit intact, pour y faire mes deux blessures, à cet instant son nez se plongeait dans la merde, il s’en barbouillait tout le visage et des flots de sperme couronnaient son extase. — [124]Un quatrième me mettait le vit dans la bouche et m’ordonnait de le lui mordre de toutes mes forces, pendant ce temps-là je lui déchirais les deux fesses avec un peigne de fer à dents très aiguës, puis au moment, où je sentais son engin prêt à fondre, ce que m’annonçait une très légère et très faible érection, alors, dis-je, je lui écartais prodigieusement les deux fesses, et j’approchais le trou de son cul, de la flamme d’une bougie placée à terre à ce dessein, ce n’était, qu’à la sensation de la brûlure de cette bougie à son anus, que se décidait l’émission, je redoublais alors mes morsures, et ma bouche se trouvait bientôt pleine. — „Un instant,“ dit l’évêque, je n’entendrai point aujourd’hui de décharges faits dans une bouche, sans que cela me rappelle la bonne fortune, que je viens d’avoir et ne dispose mes esprits à des plaisirs de même sorte.“ — En disant cela, il attira à lui Bande-au-ciel, qui était de poste auprès de lui ce soir-là, et se met à lui sucer le vit, avec toute la lubricité d’un vrai bougre ; le foutre part, il l’avale, et il renouvelle bientôt la même opération sur Zéphire, — il bandait, et rarement les femmes se trouvaient bien, près de lui, quand il était dans cette crise, malheureusement c’était Aline, sa nièce : „Que fais-tu là, garce,“ lui dit-il, „quand ce sont des hommes que je veux,“ Aline veut s’esquiver, il la saisit par ses cheveux, et l’entraîne dans son cabinet avec Zelmire, et Hébé, les deux filles de son sérail : „Vous allez voir, vous allez voir,“ dit-il à ses amis, „comme je vais apprendre à ces gueuses-là à me faire trouver des cons sous ma main, quand ce sont des vits que je veux.“ Fanchon suivit les 3 pucelles par son ordre, et au bout d’un instant, on entendit vivement crier Aline, et les hurlements de la décharge de Mgr. se joindre aux accès douloureux de sa chère nièce ; tout rentre. — Aline pleurait, serrait et tortillait le derrière. „Viens me faire voir cela,“ lui dit le duc, „j’aime à la folie à voir les vestiges de la brutalité de M. mon frère.“ Aline montra je ne sais quoi, car il m’a toujours été impossible de découvrir ce qui se passait dans cet infernal cabinet, mais le duc s’écria : „Ah foutre, c’est délicieux, je crois que je m’en vais en faire autant.“ — Mais Curval lui ayant fait observer qu’il était tard et qu’il avait un projet d’amusement à lui communiquer aux orgies, qui demandait et toute sa tête et tout son foutre, on pria Duclos, de faire le cinquième récit par lequel la soirée devait se clore, et elle reprit dans ces termes : — „Du nombre de ces gens extraordinaires,“ dit cette belle fille, „dont la manie consiste à se faire avilir et dégrader, était un [125]certain président de la chambre des comptes, que l’on appellait Foucolet, il est impossible d’imaginer à quel point celui-là poursuit cette manie, il fallait lui donner un échantillon de tous les supplices, je le pendais, mais la corde rompait à temps, et il tombait sur de matelats, l’instant après, je l’étendais sur une croix de St. Andrée, et faisais semblant de lui briser les membres avec une barre de carton, je le marquais sur l’épaule avec un fer presque chaud, et qui laissait une légère empreinte, je le fouettais sur le dos précisément comme fait l’exécuteur des hautes œuvres — et il fallait entremêler tout cela d’invectives atroces, de reproches amères de différents crimes, desquels pendant chacune de ces opérations, il demandait en chemise, un cierge en main, bien humblement pardon à Dieu et à la justice, enfin la séance se terminait sur mon derrière où le libertin venait perdre son foutre, quand sa tête était au dernier degré d’embrasement.“ „Eh bien, me laisses-tu décharger en paix à présent, que Duclos a fini ?“ dit le duc à Curval. — „Non, non,“ dit le président, garde ton foutre ! Je te dis, que j’en ai besoin pour les orgies.“ — „Oh je suis ton valet,“ dit le duc, „me prends-tu donc pour un homme usé, et t’imagines-tu qu’un peu de foutre que je vais perdre tout à l’heure, m’empêchera de céder et de correspondre à toutes les infamies qui te passeront par la tête dans quatre heures d’ici — „N’aie pas peur, je serai toujours prêt, mais il a plu à monsieur mon frère de me donner là un petit exemple d’atrocité que je serais bien fâché de ne pas avoir exécuté avec Adélaïde, ta chère et aimable fille.“ Et la poussant aussitôt dans le cabinet avec Thérèse, Colombe et Fanni, les femmes de son quadrille, il y fit vraisemblablement ce que l’évêque avait fait avec sa nièce, et déchargea avec les mêmes épisodes, car on entendit comme tout à l’heure, un cri terrible de la jeune victime, et le hurlement du paillard. Curval voulut décider qui des deux frères s’était le mieux conduit, il fit approcher les deux femmes, et ayant examiné les deux derrières à l’aise, il décida que le duc n’avait imité qu’en surpassant, on fut se mettre à table, et ayant aux moyens de quelques drogues farci de vents les entrailles de tous les sujets, hommes et femmes, on jouit après soupé à péter en gueule, les amis étaient tous quatre couchés sur le dos sur des canapés, la tête relevée et l’on venait tour à tour leur péter dans la bouche, Duclos était chargée de compter et de marquer, et comme il y avait 36 péteurs ou péteuses contre seulement 4 avaleurs, il y en eut, qui reçurent jusqu’à 130 pets. C’était pour cette lubrique cérémonie, que Curval voulait, que le duc se réservât, mais cela était parfaitement inutile, il était trop193) ami de libertinage, pour qu’un excès nouveau ne lui fît pas toujours le plus grand effet dans quelque situation qu’on vint le lui proposer, et il n’en déchargea pas moins une seconde fois complètement aux vents moëlleux de Fanchon. Pour Curval, ce furent les pets d’Antinous, qui lui coûtèrent de foutre, tandis que Durcet perdit le sien excité par ceux de Martaine, et l’évêque excité par ceux de Desgranges. Mais les jeunes beautés n’obtinrent rien, tant il est vrai, qu’il faut que tous se suivent et qu’il faut que ce soit toujours les goûts crapuleux, qui exécutent les choses infâmes.


Notes de l’éditeur :

192) Cette remarque de l’évêque rappelle vivement les idées de Otto Weininger, prononcées de nos jours dans son ouvrage fameux „Sexe et caractère“ (Vienne 1903).

193) „le 29 matin“ sur la marge droite.