Les 120 journées de Sodome/00

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Numérisation : Jean Franval (p. note).

Note pour l’édition en ligne[ws 1]

Voici un livre nauséabond, à tel point qu’il semble voué à finir comme il fut écrit, sous forme de feuilles volantes clouées au mur d’un cabinet d’aisances, et qui ne seront lues qu’avant un usage plus définitif. Un livre à peine ébauché, dont seul le squelette, fossilisé sous des boisseaux d’excréments, nous est parvenu. Un livre criminel, et pourtant empreint de la plus froide raison. Un livre commis par un captif dans le but de se masturber, mais qui ne saurait être qualifié d’érotique. Un livre, enfin, sans lequel une bibliothèque, privée ou publique, ne saurait se dire complète, et qui pour toutes ces raisons est un irréfutable témoignage de la force irrésistible, au siècle du multimédia, de l’écrit.

La langue de Sade est ici brute, jamais relue, semée de fautes, et d’autant plus drue et élégante. Elle est pleinement accessible au lecteur moderne, qui doit simplement être averti que des « carreaux » désignent des « coussins », et des « camions » des « épingles ».

Homo sum, et nihil humanum a me alienum puto
(Horace)


Manuscrit original des 120 journées de Sodome de Sade (Rouleau de 12 mètres de long sur 11 centimètres de large retrouvé à la Bastille.


  1. Note de Wikisource. La présente version a été profondément remaniée :
    • corrections des erreurs de reconnaissance OCR,
    • coquilles,
    • mise en page en particulier du système de guillemets,
    • ajout de mots ou de passages manquants.
    Ces corrections ont été réalisée à partir de l’édition Dühren, Club des Bibliophiles, 1904 Les 120 Journées de Sodome, ou l’École du libertinage, et de l’édition de la Pléiade, Gallimard, 1990.