Les Actes des Apôtres/16

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Librairie de L. Hachette et Cie (p. 62-64).

XVI

CONVERSION DE L’ÉTHIOPIEN.



Grand’mère. Un jour un Ange du Seigneur parla à Philippe et lui dit :

« Lève-toi et va vers le midi sur le chemin qui descend de Jérusalem à Gaza. »

Le diacre saint Philippe (qu’il ne faut pas confondre avec Philippe l’Apôtre), s’étant levé, marcha comme l’Ange lui avait dit. Et voilà qu’un riche Juif Éthiopien…

Louis. Qu’est-ce que c’est : un Éthiopien ?

Grand’mère. C’est un habitant de l’Éthiopie, grand royaume de l’Afrique.

Marie-Thérèse. Et comment était cet Éthiopien ? Qu’est-ce qu’il faisait en Judée ?

Grand’mère. Il était noir comme tous les Éthiopiens ; il était gardien des trésors de Candace, Reine d’Éthiopie ; et il était très-puissant parce que la Reine avait grande confiance en lui. Il était venu à Jérusalem pour adorer Dieu dans le Temple qui était fameux dans tout l’Orient par ses richesses et par sa splendeur.

L’Éthiopien s’en retournait dans son pays, assis sur un char, et lisant tout haut le livre du Prophète Isaïe.

L’Esprit-Saint dit à Philippe :

« Approche près de ce char. »

Philippe, suivant l’ordre de l’Esprit, accourut près du char et entendit l’Éthiopien lisant le Prophète Isaïe. Philippe lui dit :

« Comprends-tu bien ce que tu lis ? »

L’Éthiopien répondit :

« Comment puis-je comprendre, si quelqu’un ne me l’explique ? » et il pria Philippe de monter et de s’asseoir près de lui.

Jacques. Pourquoi lisait-il, puisqu’il ne comprenait pas ?

Grand’mère. Parce qu’il était pieux et que les livres des Prophètes étaient une sainte lecture très-recommandée aux fidèles de l’ancienne loi. C’est comme nous maintenant, lorsque par un bon sentiment de foi et de piété nous lisons l’Évangile.

Philippe monta dans le char et il vit que le passage que lisait l’Éthiopien sans le comprendre, était celui-ci : Il a été mené à la boucherie comme une brebis ; et comme un agneau est sans voix devant celui qui le tond ; ainsi, il n’a pas ouvert la bouche, etc. Et l’Éthiopien dit à Philippe :

« De qui, je te prie, le Prophète dit-il tout cela ? »

Alors Philippe, commençant à parler, lui expliqua cet endroit de l’Écriture et beaucoup d’autres encore ; il lui parla des mystères de Jésus-Christ, et après qu’il eut parlé longtemps, ils vinrent à passer près d’une rivière et l’Éthiopien dit :

« Voilà de l’eau. Qui empêche que je sois baptisé ? »

Philippe répondit :

« Si tu crois de tout ton cœur, cela se peut.

— Je crois, dit l’Éthiopien, que Jésus-Christ est le Fils de Dieu. »

Et il commanda d’arrêter le char ; tous deux descendirent ; ils entrèrent dans l’eau, et Philippe le baptisa.

Lorsqu’ils furent sortis de l’eau, l’Esprit-Saint enleva Philippe. L’Éthiopien, ne le voyant plus, remonta dans son char et continua sa route, le cœur plein d’admiration et de joie. Étant de retour en Éthiopie, il y prêcha l’Évangile de Jésus-Christ comme le lui avait appris Philippe.

Philippe, ayant été ainsi miraculeusement enlevé par le Seigneur, se trouva dans la ville d’Azot. Il y prêcha, ainsi que dans toutes les villes où il passa, jusqu’à ce qu’il fût arrivé à Césarée.

Louis. Qu’est-ce que c’est : Azot et Césarée ?

Grand’mère. C’étaient deux, villes de la Palestine au bord de la mer ; c’est Hérode qui avait presque entièrement bâti Césarée, et il l’avait nommée ainsi pour flatter l’empereur César-Tibère, le tyran de Rome et du monde.