Les Actes des Apôtres/39

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XXXIX

NOMBREUX MIRACLES DE SAINT PAUL.
LES EXORCISTES PUNIS.



Grand’mère. Nous en étions aux disciples d’Éphèse qui avaient reçu les dons du Saint-Esprit, après l’imposition des mains de saint Paul.

Cette imposition des mains, des Apôtres, n’était pas le sacrement de Confirmation ; c’était plus encore, c’était la Confirmation jointe à un miracle. Pendant trois mois de suite, saint Paul prêcha tous les jours et disputa avec les Juifs qui blasphémaient Notre-Seigneur. Saint Paul, ne pouvant plus supporter leurs blasphèmes et voyant que ses prédications ne faisaient que les irriter de plus en plus, abandonna leur synagogue et en retira les nouveaux disciples.

Il se logea chez un chrétien nommé Tyran, dans l’école duquel il fit ses prédications pendant deux ans. De sorte que tout le monde pouvait y entrer et l’entendre, Juifs et Gentils.

Pendant ces deux années, il fit souvent des courses apostoliques, dans l’Ionie et l’Asie, revenant toujours à Éphèse, qui était le lieu de réunion de tous les habitants des pays environnant l’Asie-Mineure, à cause du grand commerce qui s’y faisait. Les païens y venaient de tous les pays du monde pour y voir le fameux temple de Diane qui, par sa beauté et ses richesses, était réputé l’une des merveilles du monde.

Armand. Qui était Diane ?

Grand’mère. Diane était une des déesses des païens ou des Gentils ; elle était la patronne des chasseurs, disaient les païens. Les adorateurs de cette Diane adoraient la lune. Voyez comme le démon trompait ces pauvres hommes.

Le bon Dieu, pour récompenser le zèle de saint Paul et pour le glorifier, lui fit faire, à Éphèse, plusieurs miracles éclatants. Il permit que les linges mêmes qui avaient touché au corps de son Apôtre, eussent la vertu de guérir des maladies et des infirmités et de chasser les démons du corps des possédés.

Dans ce temps comme aujourd’hui, les impies se moquaient des miracles ; ils les niaient, donnant des raisons absurdes pour démontrer que ces guérisons miraculeuses étaient très-naturelles et étaient produites par l’imagination des malades.

Pierre. Mais les résurrections, les paralysies guéries, ne pouvaient pas être l’effet de l’imagination.

Grand’mère. Les résurrections n’étaient, disaient-ils, que des léthargies ; les paralysies étaient des maladies nerveuses, guéries par des impressions nerveuses, et ainsi de suite.

Armand. Qu’est-ce que c’est : léthargie ?

Grand’mère. Une léthargie est un sommeil si profond, qu’il ressemble à la mort ; mais on reconnaît la mort à des signes certains, à moins qu’on n’y mette de la légèreté et qu’on ne se donne pas la peine d’y regarder de près.

Les Juifs avaient des exorcistes, c’est-à-dire des hommes qui chassaient les démons du corps des possédés ; ils allaient de ville en ville, faisant leurs exorcismes pour de l’argent, et ils en gagnaient beaucoup.

Il y avait parmi ces faux exorcistes les sept fils d’un Juif nommé Scéva. Ils arrivèrent à Éphèse. Voyant que saint Paul avait un grand pouvoir sur les démons par le nom de Jésus-Christ, ils voulurent aussi les conjurer par le nom de Jésus, quoiqu’ils ne crussent ni en Jésus-Christ ni en saint Paul. Mais le bon Dieu ne voulut pas permettre un pareil sacrilège. Car un jour qu’ils exorcisaient ainsi un pauvre possédé, le démon leur dit :

« Je connais Jésus, et je sais qui est Paul ; mais vous, je ne vous connais pas. »

En même temps, il se jeta sur eux, et les traita si mal, les battit si fort, qu’ils furent obligés de s’enfuir nus et blessés.

Jacques. C’est bien fait ! J’en suis enchanté.

Grand’mère. C’est ainsi que Dieu punit ces méchants hommes. La nouvelle s’en répandit partout. Juifs et païens furent saisis de crainte et ils glorifiaient le nom du Seigneur Jésus. Il y eut plusieurs exorcistes qui se convertirent ; ils apportèrent leurs livres de magie inspirés par le démon pour les brûler devant tout le monde, de même que l’argent qu’ils avaient gagné en exorcisant. On compta cinquante mille pièces d’argent.

Henri. Combien cela faisait-il, une pièce d’argent ?

Grand’mère. Cela dépendait de la grosseur de la pièce ; probablement ces pièces d’argent valaient, l’une dans l’autre, deux, ou trois francs, ce qui faisait cent à cent cinquante mille francs que le diable avait fait gagner à tout ce vilain monde.

Marie-Thérèse. Qu’a-t-on fait de l’argent ?

Grand’mère. On ne le dit pas, mais il est probable qu’on le distribua aux pauvres.