Les Actes des Apôtres/8

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Librairie de L. Hachette et Cie (p. 31-35).

VIII

S. PIERRE ET S. JEAN DEVANT LE GRAND CONSEIL.



Grand’mère. Pendant que Pierre parlait, des prêtres, des employés du Temple et des Saducéens arrivèrent.

Ils furent très en colère des choses que Pierre et Jean enseignèrent au peuple, et se jetant sur eux, ils les mirent en prison jusqu’au lendemain, car il était déjà tard.

Louis. Comment ? Ils mirent en prison ces pauvres Apôtres pour avoir fait un miracle et pour avoir parlé de Notre-Seigneur.

Grand’mère. Oui, mon cher enfant. Ils firent pour les Apôtres comme ils avaient fait pour Notre-Seigneur ; ils virent avec rage ce miracle et les nombreuses conversions qu’il pouvait amener ; et en effet, il y eut ce jour-là cinq mille hommes qui se convertirent.

Le lendemain, les Pharisiens, les Princes des prêtres et les Scribes s’assemblèrent pour délibérer sur ce qu’il fallait faire. Anne, prince des prêtres, et Caïphe, grand prêtre, étaient avec eux.

Henri. Étaient-ce le même Anne et le même Caïphe qui avaient insulté et condamné Notre-Seigneur ?

Grand’mère. Oui, les mêmes ; ils conservaient pour Notre-Seigneur les mêmes sentiments de haine diabolique ; ils avaient espéré que l’ayant fait mourir, il ne serait plus question de lui et de sa doctrine, et ils étaient furieux de voir ses envoyés continuer ses prédications et ses miracles et convertir des milliers de Juifs chaque fois qu’ils parlaient en public.

Madeleine. En effet, ils devaient être furieux ; huit mille hommes en deux prédications !

Pierre. Et probablement que ces huit mille nouveaux Chrétiens en convertissaient d’autres à leur tour.

Grand’mère. Certainement, car ces nouveaux Chrétiens étaient pleins de zèle ; tout remplis du Saint-Esprit, ils aidaient les Apôtres à répandre la foi.

C’est ainsi que nous devrions faire tous ; nous devrions ne pas laisser une occasion de faire du bien à ceux qui vivent avec nous, et aider de la sorte nos prêtres à sauver les âmes. Il y a malheureusement bien peu de Chrétiens assez fervents pour le faire.

Les ennemis de l’Église, étant donc réunis, firent venir saint Pierre et saint Jean. Et les plaçant au milieu d’eux, ils les interrogèrent.

« Par quelle puissance et au nom de qui avez-vous guéri cet homme perclus ? » leur demandèrent-ils.

Jacques. Les coquins ! Comment osaient-ils le demander ?

Grand’mère, souriant. Tu as bien raison ; mais de tout temps les méchants ont été impudents et hypocrites, comme ils le sont encore aujourd’hui.

Saint Pierre, rempli du Saint-Esprit, leur répondit que c’était au nom de Jésus, leur divin Sauveur, qu’ils guérissaient et qu’ils enseignaient ; il leur rappela les miracles qui attestaient la Divinité du Seigneur Jésus, les persécutions dont vivant il était l’objet, les souffrances et la mort cruelle à laquelle ils l’avaient condamné, sa Résurrection qu’ils avaient voulu cacher, mais dont les disciples et des milliers de Juifs avaient été témoins, par suite des nombreuses apparitions de Jésus-Christ et de son Ascension au Ciel dont plus de mille hommes pouvaient témoigner.

Les Princes des prêtres et les Pharisiens, voyant la hardiesse de Pierre et de Jean, et surpris de leur éloquence, s’informèrent d’où ils venaient. Ils furent encore plus stupéfaits quand ils surent que les Apôtres étaient des hommes simples et sans instruction.

Voyant aussi debout, près d’eux, l’homme que Pierre et Jean avaient guéri, ils ne savaient que dire. Ils leur ordonnèrent de sortir de la salle du conseil et ils se mirent à délibérer entre eux sur ce qu’il y avait à faire, disant :

« Que ferons-nous de ces hommes ? Un miracle connu de tous les habitants de Jérusalem a été fait par eux, et nous ne pouvons le nier. »

Jacques. Comment ? ils ont osé l’avouer ?

Grand’mère. Il le fallait bien ; comment faire autrement ? L’homme paralytique de naissance était là devant eux solide sur ses jambes.

Ils ajoutèrent : « Pour que le bruit de ce miracle ne se répande pas davantage parmi le peuple, défendons-leur de parler à l’avenir au nom de ce Jésus. Effrayons-les en les menaçant de punitions terribles. »

Élisabeth. Mais pourtant, ils convenaient eux-mêmes que le perclus avait été guéri ? Puisqu’ils reconnaissaient le miracle de saint Pierre et de saint Jean, comment pouvaient-ils s’empêcher de croire au pouvoir extraordinaire du nom de Notre-Seigneur.

Grand’mère. Aussi le croyaient-ils, mais en conservant l’espoir de continuer à dominer le peuple et de conserver leur puissance.

C’était l’orgueil de Satan qui remplissait leurs âmes et les rendait indignes de la grâce de la foi.

La foi est, en effet, une grâce que Dieu donne aux hommes de tonne volonté, c’est-à-dire aux âmes droites et sincères ; pour avoir la foi, il faut aimer la vérité.

Le conseil rappela donc Pierre et Jean, il leur défendit sous les peines les plus graves, de parler ni d’enseigner à l’avenir au nom de Jésus.

Jeanne. C’était bien pénible pour ces pauvres Apôtres, auxquels Notre-Seigneur avait ordonné de le faire connaître au monde entier.

Grand’mère. Aussi n’eurent-ils pas peur des menaces des méchants Juifs et ils répondirent :

« Voyez vous-mêmes s’il est juste de vous obéir plutôt qu’à Dieu ; nous ne pouvons pas ne point parler de ce que nous avons vu et entendu. »

Alors le conseil les chassa avec de nouvelles menaces, mais ils n’osèrent ni les punir ni les garder en prison à cause du peuple qui se serait révolté, car tous savaient le miracle de saint Pierre et de saint Jean, et personne ne pouvait en douter ; le perclus avait plus de quarante ans et tout le monde dans Jérusalem le connaissait.

C’est ici que commencent les persécutions de l’Église. Le premier Pape est persécuté, emprisonné et menacé de mort dès qu’il prêche Jésus-Christ, dès qu’il fait du bien au nom de Jésus-Christ, Saint Pierre a donc été le premier Pape persécuté ; et saint Jean, son fidèle compagnon, partagea ses épreuves comme l’ont fait depuis tous les bons Évêques qui partagent les souffrances et les persécutions du Pape.