Les Amours (1553)/Poème 169

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Les amours de P. de Ronsard Vandomois, nouvellement augmentées par lui, & commentées par Marc Antoine de Muret. Plus quelques odes de l'auteur, non encor imprimées
chez la veuve Maurice de la Porte (p. 201).

Or que le ciel, or que la terre est pleine,
De glas, de graele esparse en tous endrois,
Et que l’horreur des plus froidureus mois
Fait herisser les cheveus de la plaine.

Or que le vent, qui mutin se promeine
Romt les rochers, & desplante les bois,
Et que la mer redoublant ses abois,
Contre les bors sa plus grand rage ameine,

Amour me brulle, & l’hyver froidureus,
Qui gele tout, de mon feu chaleureus
Ne gele point l’ardeur qui toujours dure:

Voiés, Amans, comme je suis traitté,
Je meurs de froid au plus chaut de l’Esté,
Et de chaleur au coeur de la froidure.