Les Amours (1553)/Poème 82

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Les amours de P. de Ronsard Vandomois, nouvellement augmentées par lui, & commentées par Marc Antoine de Muret. Plus quelques odes de l'auteur, non encor imprimées
chez la veuve Maurice de la Porte (p. 97-98).

Pardonne moi, Platon, si je ne cuide,
Que sous la vôute & grande arche des dieus,
Soit hors du monde, ou au profond des lieus,
Que Styx emmure, il n'i ait quelque vuide.

Si l'ær est plein en sa courbure humide,
Qui reçoit donc tant de pleurs de mes yeus,
Tant de soupirs, que je sanglote aus cieus,
Lors qu'à mon dueil Amour lâche la bride ?

Il est du vague, ou certes s'il n'en est,
D'un ær pressé le comblement ne naist :
Plus tôt le ciel, qui benin se dispose

A recevoir l'effet de mes douleurs,
De toutes pars se comble de mes pleurs,
Et de mes vers qu'en mourant je compose.