Les Amours (1553)/Poème 77

La bibliothèque libre.



Les amours de P. de Ronsard Vandomois, nouvellement augmentées par lui, & commentées par Marc Antoine de Muret. Plus quelques odes de l'auteur, non encor imprimées
chez la veuve Maurice de la Porte (p. 91-92).

J’ai cent fois épreuvé les remedes d’Ovide,
Et si je les épreuve encore tous les jours,
Pour voir si je pourrai de mes vieilles amours,
Qui trop m’ardent le coeur, avoir l’estomac vuide.

Mais cet amadoüeur, qui me tient à la bride,
Me voiant aprocher du lieu de mon secours,
Maugré moi tout soudain fait vanoier mon cours,
Et d’ou je vins mal sain, mal sain il me reguide.

Hà, poëte Romain, il te fut bien aisé,
Quand d’une courtisane on se voit embrasé,
Donner quelque remede, affin qu’on s’en depestre:

Mais cettui la qui voit les yeus de mon Soleil,
Qui n’a de chasteté, ni d’honneur son pareil,
Plus il est son esclave, & plus il le veut estre.