Les Amours de Tristan/La Vangeance

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Les Amours de TristanP. Billaine, A. Courbé (p. 21).


LA VANGEANCE.

SONNET.



OLIMPE, en me quittant, vous m’auez fait plaiſir ;
De bon cœur ie rens grace à voſtre ingratitude,
Puis qu’elle m’a tiré de ceste ſeruitude
Où i’auois trop perdu de peine & de loiſir.

Vn plus digne ſujet arreſtant mon deſir,
Me donne plus de ioye & moins d’inquietude ;
Et quand i’en receurois vn traictement plus rude,
C’est le plus beau deſtin que ie voudrois choiſir.

Vne choſe m’afflige en ſeruant ceſte Belle,
C’eſt que la cognoiſſant, ieune, chaſte, & fidelle,
Auecque des appas qui peuuent tout rauir ;

Ie voy que ie ne puis offrir à ſa puiſſance
Que ceſte meſme foy dont ie vien de ſeruir
La meſme Perfidie, & la meſme Inconſtance.