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Les Avadânas, contes et apologues indiens/126

La bibliothèque libre.
Traduction par Stanislas Julien.
Paris B. Duprat (2p. 154-155).


CXXVI

LE PHÉNIX ET LA CHAUVE-SOURIS.


Un jour que le phénix célébrait sa naissance, les oiseaux vinrent lui faire la cour et le féliciter. La chauve-souris seule ne vint pas. Le phénix lui en fit des reproches et lui dit : « Vous faites partie de mes sujets, pourquoi vous montrez-vous si fière ?

— J’ai quatre pieds, répondit la chauvesouris, et j’appartiens à la classe des quadrupèdes. À quoi bon vous féliciter ? »

Un autre jour, comme le Ki-lin célébrait aussi l’anniversaire de sa naissance, la chauve-souris s’absenta encore. Le Ki-lin la réprimanda à son tour. « J’ai des ailes, dit la chauve-souris, et j’appartiens à la classe des oiseaux. Pourquoi vous aurais-je félicité ? »

Le Ki-lin raconta à l’assemblée des quadrupèdes la conduite de la chauve-souris. Ils se dirent en gémissant : « Dans le monde, il y a aujourd’hui beaucoup de gens, au cœur sec et froid, qui ressemblent à cette méchante bête ; ils ne sont ni oiseaux ni quadrupèdes, et, en vérité, on ne sait qu’en faire. »