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Les Avadânas, contes et apologues indiens/14

La bibliothèque libre.
Traduction par Stanislas Julien.
Paris B. Duprat (1p. 71-73).


XIV

LES DEUX OIES ET LA TORTUE[1].

(Il faut veiller sur sa langue.)


Au bord d’un étang, vivaient deux oies qui avaient lié amitié avec une tortue. Dans la suite, l’eau de l’étang étant venue à tarir, les deux oies délibérèrent entre elles et se dirent : « Maintenant que l’étang est à sec, notre amie doit en souffrir bien cruellement. »

Après cet entretien, elles dirent à la tortue : « Comme l’eau de cet étang est tarie, vous n’avez plus de ressources pour subsister. Saisissez avec votre bec le milieu de ce bâton ; nous le prendrons chacune par un bout et nous vous transporterons dans un endroit où l’eau soit abondante. Mais pendant que vous tiendrez ce bâton, prenez garde de ne point parler. »

Cela dit, elles enlevèrent la tortue et la firent passer par-dessus des bourgs et des villages. Ce que voyant les petits garçons, ils se mirent à crier : « Des oies emportent une tortue ! des oies emportent une tortue ! … »

La tortue se mit en colère et leur dit : « Est-ce que cela vous regarde ? » Elle lâcha aussitôt le bâton, tomba à terre et se tua.

(Extrait de l’Encyclopédie Fa-youen-tchou-lin, livre LXXXI.)
  1. Voy. l’Hltôpadêça, traduction de Lancereau, page 172.