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Les Avadânas, contes et apologues indiens/51

La bibliothèque libre.
Traduction par Stanislas Julien.
Paris B. Duprat (1p. 185-186).


LI

LE CRÉANCIER ET SON DÉBITEUR.

(De ceux qui sont aveuglés par la cupidité.)


Il y avait un marchand qui avait prêté à un autre homme un demi-Souvarn’a. Un temps fort long s’étant écoulé sans que le débiteur le remboursât, il alla le trouver. Mais comme il y avait un grand fleuve devant la maison de ce dernier, il paya deux Souvarn’as pour passer à l’autre rive. N’ayant point trouvé son débiteur, il repassa le fleuve et il lui en coûta encore fleux Souvarn’as. De cette façon, pour recouvrer un demi-Souvarn’a, il en dépensa quatre, et de plus il eut à subir les fatigues d’un long voyage. Ayant perdu beaucoup à l’occasion d’une petite dette, il devint la risée du public.

Les hommes du siècle ressemblent à ce créancier. Pour acquérir un peu de profit, ils détruisent leurs grands mérites, et, pour se procurer de vaines jouissances, ils ne tiennent aucun compte de la justice et des rites. Dans cette vie, ils se couvrent de déshonneur, et après la mort, ils subissent un châtiment cruel.

(Extrait de l’ouvrage intitulé : le Livre des cent comparaisons, partie I.)