Les Avadânas, contes et apologues indiens/63

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Traduction par Stanislas Julien.
Paris B. Duprat (1p. 219-221).


LXIII

LE CHACAL QUI VEUT IMITER LE LION.

(Il ne faut pas forcer nature.)


Il y avait un lion, roi des animaux, qui habitait au milieu d’une profonde forêt. Tous les matins, il sortait de sa caverne. En ce moment, il regardait de tous côtés, poussant trois rugissements terribles, et ensuite se promenait majestueusement pour choisir sa proie et la manger. Ce lion, roi des animaux, ayant achevé son repas, s’en retournait dans la forêt. En tout temps il y avait un chacal qui suivait le lion et mangeait les restes de ses proies. Un jour qu’il s’était bien repu et se sentait plein de force, il se dit en lui-même : « Ce lion qui vit dans la forêt, quel animal est-ce enfin ? Pourrait-il l’emporter sur moi ? Dès aujourd’hui je veux prendre tout seul possession d’une forêt. Le matin, je sortirai de ma caverne, je regarderai de tous côtés et pousserai trois rugissements terribles ; ensuite, je me promènerai majestueusement pour choisir ma proie et la manger. »

En conséquence, il se retira tout seul dans une forêt, sortit un matin et essaya de pousser trois rugissements terribles. Ensuite, il se mit à marcher gravement. Mais quand il voulut imiter le rugissement du lion, il ne fit entendre que le glapissement du chacal.

(Extrait de l’ouvrage intitulé Tchang-’o-han-king, en sanscrit : Dirghâgama soûtra, livre XI.)