Les Aventures de Til Ulespiègle/XCVIII

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Anonyme
Traduction par Pierre Jannet.
À l’enseigne du pot cassécoll. Scripta Manent, n°44 (p. 227-228).
Appendice

CHAPITRE XCVIII.


Comment Ulespiègle devint maquignon.



Ulespiègle avait un cheval rétif dont il voulait se défaire. Quelqu’un qui en avait envie lui dit, après l’avoir examiné : « Mon cher garçon, si tu lui connais quelque défaut caché, dis-le-moi franchement. Je te le payerai convenablement. » Ulespiègle répondit : « Je ne lui connais aucun défaut, si ce n’est qu’il ne va pas sur les arbres. – Je ne veux pas le faire aller sur les arbres, dit le marchand. Si tu veux me le donner pour un bon denier, je le prends. – Je ne le donnerai pas pour un denier, dit Ulespiègle, mais bien pour quinze florins. » Ils tombèrent d’accord. Quand l’acheteur voulut rentrer en ville, il ne put décider son cheval à traverser le pont, qui était en bois, car il n’allait pas sur les arbres. Mais l’acheteur avait compris qu’il s’agissait d’arbres encore debout ; il fit appeler Ulespiègle en justice. Là il fut reconnu qu’on l’avait trompé ; Ulespiègle fut condamné à lui rendre son argent. Mais il appela de la sentence, et ne revint jamais pour faire juger l’appel.