Les Aventures du capitaine Hatteras/Avertissement au lecteur

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AVERTISSEMENT DE L’ÉDITEUR

Les excellents livres de M. Jules Verne sont du petit nombre de ceux qu’on peut offrir avec confiance aux générations nouvelles. Il n’en est pas, parmi les productions contemporaines, qui répondent mieux au besoin généreux qui pousse la société moderne à connaître enfin les merveilles de cet univers où s’agitent ses destinées. Il n’en est pas qui aient mieux justifié le rapide succès qui les a accueillis dès leur apparition.

Si le caprice du public peut s’égarer un instant sur une œuvre tapageuse et malsaine, son goût ne s’est jamais fixé en revanche d’une façon durable que sur ce qui est fondamentalement sain et bon. Ce qui a fait la double fortune des œuvres de M. Jules Verne, c’est que la lecture de ses livres charmants a tout à la fois les qualités d’un aliment substantiel et la saveur des mets les plus piquants.

Les critiques les plus autorisés ont salué dans M. Jules Verne un écrivain d’un tempérament exceptionnel, auquel, dès ses débuts, il n’était que juste d’assigner une place à part dans les lettres françaises. Conteur plein d’imagination et de feu, écrivain original et pur, esprit vif et prompt, égal aux plus habiles dans l’art de nouer et de dénouer les drames inattendus qui donnent un si puissant intérêt à ses hardies conceptions, et à côté de cela profondément instruit, il a créé un genre nouveau. Ce qu’on promet si souvent, ce qu’on donne si rarement, l’instruction qui amuse, l’amusement qui instruit, M. Verne le prodigue sans compter dans chacune des pages de ses émouvants récits.

Les Romans de M. Jules Verne sont d’ailleurs arrivés à leur point. Quand on voit le public empressé courir aux conférences qui se sont ouvertes sur mille points de la France, quand on voit qu’à côté des critiques d’art et de théâtre, il a fallu faire place dans nos journaux aux comptes rendus de l’Académie des Sciences, il faut bien se dire que l’art pour l’art ne suffit plus à notre époque, et que l’heure est venue où la science a sa place faite dans le domaine de la littérature.

Le mérite de M. Jules Verne, c’est d’avoir le premier, et en maître, mis le pied sur cette terre nouvelle, c’est d’avoir mérité qu’un illustre savant, parlant des livres que nous publions, en ait pu dire sans flatterie : « Ces romans, qui vous amuseront comme les meilleurs d’Alexandre Dumas, vous instruiront comme les livres de François Arago. »

Petits et grands, riches et pauvres, savants et ignorants, trouveront donc plaisir et profit à faire des excellents livres de M. Verne les amis de la maison et à leur donner une place de choix dans la bibliothèque de la famille.

Les éditions illustrées que nous donnons des œuvres de M. Jules Verne, à un bon marché inusité et dans des conditions qui en font des livres de vrai luxe, témoignent de la confiance que nous avons dans leur valeur et dans la popularité toujours croissante qui les attend.

Les ouvrages nouveaux de M. Verne viendront s’ajouter successivement à cette édition, que nous aurons soin de tenir toujours au courant. Ils embrasseront dans leur ensemble le plan que s’est proposé l’auteur, quand il a donné pour sous-titre à son œuvre celui de Voyages dans les Mondes connus et inconnus. Son but est, en effet, de résumer toutes les connaissances géographiques, géologiques, physiques, astronomiques, amassées par la science moderne, et de refaire, sous la forme attrayante et pittoresque qui lui est propre, l’histoire de l’univers.

J. Hetzel.