Les Beaux vices de Jane (Théodore Hannon)

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Parnasse de la Jeune BelgiqueLéon Vanier, éditeur (p. 157-158).


Les beaux vices de Jane


Jane est vannée, — et l’est superlativement !
Son épiderme ambré, que les nuits ravagèrent,
Garde un subtil arôme où les sens s’exagèrent,
Où le clairon des nerfs geint maladivement.
Jane est vannée, — et l’est superlativement !

Sa bouche apéritive a des baisers étranges,
Bons au cœur, mais pillards de phosphore, ô cerveaux !
Quand l’alcôve, le soir, flambe aux reflets oranges
De ses cheveux tordant leurs fauves écheveaux,
Sa bouche apéritive a des baisers étranges.

Son corps forme un divan tiède et capitonné…
De ses yeux fatigués descendent les paresses.
Sa gorge est l’oreiller blanc, où pelotonné,
Le spleen vient alanguir les trop vives caresses.
Son corps forme un divan tiède et capitonné.


Sur son clavier de nerfs aux notes détraquées,
Pleure le lamento des cœurs ivres d’ennuis.
Pourtant le hallali des extases traquées
Se sonne allègrement aux belliqueuses nuits
Sur son clavier de nerfs aux notes détraquées.

Mais son amour est doux comme un soleil couché.
Pour qui sait la comprendre, en ma Jane est caché
Ce charme douloureux méconnu du profane :
Le parfum qui s’évente et la fleur qui se fane,
Car son amour est doux comme un soleil couché.