Les Belles et les Fleurs (recueil)/Hommage à la Beauté
Hommage à la Beauté.
Dans mille et mille ans, d’âge en âge,
On encensera la beauté,
Elle est le plus parfait ouvrage
Que nous fit la Divinité
L’un est en feux
Pour de beaux yeux,
L’autre préfère une bouche jolie,
Ou charmant sein,
Ou blanche main,
Bras arrondis,
Ou des pieds très-petits :
Enfin chacun a sa folie,
Lorsqu’il contemple des appas
Je dis que du haut jusqu’en bas
La femme est accomplie.
La taille, le maintien, les grâces,
La voix, sont des charmes puissans :
Seuls ils attirent sur les traces
Des belles un essaim d’amans ;
Pour faire exprès,
Voir ses mollets,
Celle qui sait qu’elle a la jambe fine,
Peut sans rougir
La découvrir :
Par de tels soins
Elle se crotte moins,
Et l’amateur qui l’examine,
De cet aspect est réjoui :
La fixant il sent malgré lui
Que l’Amour le lutine.
Du couchant ainsi qu’à l’aurore,
Et même à l’ombre de la nuit,
La femme est digne qu’on l’adore,
Dans ses bras l’Amour nous conduit ;
Oui ce bijou,
Dont l’homme est fou,
Le fait courir de la brune à la blonde :
Amans, époux,
En sont jaloux ;
Heureux celui
Qui croit qu’il n’est qu’à lui :
Sur ce bien son bonheur se fonde,
La femme fait valoir cela,
Car c’est par cette porte-là
Qu’on entre dans le monde.
Je ne crains pas les épigrammes,
J’avoue ici, de bonne foi,
Que j’aime le vin et les femmes,
Ces deux penchans me font la loi ;
Beautés partout
Sont de mon goût,
Également j’encense tous leurs charmes,
En vrais lurons,
Près des tendrons,
Sachons saisir
Le moment du plaisir :
Employons les sermens, les larmes,
S’il faut pour avoir des faveurs ;
Les moyens de toucher les cœurs
Sont les plus fortes armes.