Les Belles et les Fleurs (recueil)/Les Belles et les Fleurs

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Édouard
Les Belles et les Fleurs, choix de chansons de sociétéStahl, Imprimeur-libraire (p. 5-7).


Les Belles et les Fleurs.


Entre les Belles et les fleurs
Il est bien peu de différence :
Toutes, brillantes de couleurs,
Font valoir leurs droits, leur puissance.
Les Fleurs, jusque dans les palais,
Font chérir l’empire de Flore,
Et les Belles, chez les Français,
Obtiennent des autels encore.


Un amant, de l’heureux Zéphir
Désire le destin prospère,
Chaque fleur cède à son désir,
Mais sa fortune est passagère.
À son tour, un amant heureux
Caresse celle qu’il adore :
Quand l’hymen a comblé ses vœux,
Il voudrait voltiger encore.

Florian chérissait les Fleurs,
Il a célébré la Nature ;
Elle prodigua ses faveurs
Au tendre ami de la culture.
Les Belles ont souvent chanté
Ses vers, dont la France s’honore,
Et l’humble Pâtre, en liberté,
Dans le vallon les chante encore.

Salut, séjour délicieux,
Bocage où l’humble violette,
Sans orgueil, dérobe à nos yeux
Son éclat que cache l’herbette.

Belles, vos attraits, vos appas,
Sont-ils aussi frais que l’aurore ?
Sous vos pieds ne la foulez pas,
Vous ne l’égalez pas encore.

Fier symbole de la valeur,
Le laurier, prix de vos conquêtes,
Guerriers, qu’électrise l’honneur,
Après le combat ceint vos têtes.
Les Belles chantent vos exploits,
Qu’accompagne un refrain sonore,
Et le docile écho des bois
Aux bergers les répète encore.

C’est à ta fleur de la Beauté
Qu’un amant malheureux aspire,
Dans l’ombre, souvent irrité,
Pour la convoiter il conspire.
S’il l’obtient enfin, cette fleur
Qu’un brillant incarnat colore,
Ivre d’amour et de bonheur
Il voudrait la cueillir encore.


Édouard.