Les Callipyges/Tome 2/Chap. 3

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(Émile Desjardins)
Au dépens de la Compagnie (p. 44-59).

CONFÉRENCE EXPÉRIMENTALE
tenue chez
Mrs SWITCH.

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Mrs SWITCH.

Je veux vous procurer aujourd’hui la délicieuse jouissance de la confusion d’une mère, fouettée devant et avec sa fille. Madame Marthe Labriche, l’économe de mon pensionnat, resta veuve à vingt ans, avec une fillette de trois ans, qui en a aujourd’hui seize ; c’est vous dire que la mère en a trente-trois : mais vous la prendriez pour la sœur aînée de sa fille, plutôt que pour sa mère. La fille aide la mère dans ses occupations, et a également la surveillance de la lingerie. Celle-ci m’a gravement mécontentée, et comme je lui faisais des reproches mérités, en présence de sa mère, cette dernière a gravement manqué au respect qu’elle doit à sa maîtresse, par des paroles déplacées. Ce n’était qu’un mouvement d’impatience, qu’elle regrette déjà, mais que je dois punir pour en éviter le retour.

J’ai d’abord pensé à la renvoyer avec sa fille, mais je suis trop contente des services qu’elles me rendent, chacune dans leur partie, depuis six ans qu’elles sont chez moi, pour m’en séparer, et j’ai proposé à la mère de la garder, à la condition qu’elle se soumît à une correction corporelle, sans quoi je les renvoyais impitoyablement. Elle a consenti, tout en regrettant vivement ses torts, à se soumettre à mes rigueurs.

J’ai eu l’occasion de corriger la fille plusieurs fois, depuis qu’elles sont à mon service, mais jamais je n’ai eu à punir la mère par les verges. Bien qu’elle s’attende à un châtiment, elle ne suppose pas qu’elle va le recevoir en présence de témoins, et surtout devant sa fille, à quoi elle n’aurait jamais consenti, car elle a le sentiment de la pudeur excessivement développé, et son exquise sensibilité va nous procurer un délicieux passe-temps.

Je vais chercher les délinquantes.

Mrs. Switch s’absente et revient au bout d’un moment avec la jeune coupable, un beau brin de fille, très-développée pour son âge, solidement plantée, avec des yeux vifs et pétulants, ombragés de longs cils soyeux sous d’épais sourcils noirs, deux joues pleines et rondes d’un blanc mat, de beaux cheveux noirs frisés, sur lesquels un petit bonnet blanc est coquettement posé avec de longs rubans qui pendent dans le dos ; des saillies engageantes, qui bombent ici le corsage et repoussent là la jupe, laissent deviner d’adorables rondeurs. Elle baisse les yeux et rougit légèrement en se voyant l’objet de notre inspection scrutatrice, et attend debout qu’on lui dise ce qu’on lui veut. Mrs. Switch a disparu de nouveau.

Pendant que nous sondons les aimables richesses qu’emprisonnent les voiles aimablement gonflés de l’appétissant tendron, la porte s’ouvre devant la mère, suivie de Mrs Switch, qui referme aussitôt la porte à clef. Mme Labriche s’arrête interdite, jetant sur l’assemblée un regard anxieux ; puis, se rappelant sans doute le sort qui l’attend, ses yeux étincelants brillent de la plus vive indignation, sa gorge halète, repoussant violemment la prison ; ses joues s’empourprent, ses lèvres tremblent ; ses jambes semblent ne plus pouvoir la soutenir, on dirait qu’elle va s’affaisser. Elle est vraiment superbe ainsi, la gorge en arrêt, le buste cambré, les narines frémissantes.

On jurerait que c’est la sœur aînée de quelques années de sa fille ; sa belle chevelure noire encadre un front pur et blanc, que la honte pâlit encore, ses arcades sourcilières froncées sont garnies d’épais sourcils qui se rejoignent ; de longs cils fins et soyeux descendent et montent, battant sur ses yeux noirs ; le nez se plisse, la bouche s’entr’ouvre, le menton s’agite. Tous les détails de ses traits sont les jumeaux des traits de la figure plus jeune de sa fille ; seul, le corps de la femme faite, dans l’épanouissement de la forme, est plus développé, plus amplement pourvu de rondeurs et de saillies ; les épaules sont plus larges, les bras plus pleins, plus ronds, les hanches plus saillantes, la croupe plus rebondie.

— Madame Marthe, dit Mrs Switch, vous devinez sans doute pourquoi vous êtes ici. Vous avez consenti à subir de ma main le châtiment de votre faute, l’heure est venue de payer votre dette.

— Oh ! madame Switch, pas devant des témoins, et surtout pas devant ma fille ! J’en mourrais de honte.

— J’en suis fâchée pour vous, Mme Labriche, mais c’est devant ces dames, et devant votre fille Marie, que vous allez recevoir la correction promise. Les châtiments, pour être efficaces et salutaires, doivent avoir des témoins. Ainsi donc, madame Marthe, je vous engage à vous prêter de bonne grâce à la petite exécution, ou il vous en cuira plus que vous ne pensez ; car vous recevrez les verges quand même plus sévèrement, et vous serez renvoyée avec votre fille après un châtiment exemplaire, si vous opposez de la résistance. Voyons, ma chère dame, pour nous prouver votre docilité, venez ici, près de moi, prenez vos vêtements dans les mains, relevez-les sur les reins, et présentez-moi votre derrière nu, pour que je puisse vous fouetter à mon aise.

La pauvre femme, pendant ce discours, devient de toutes les couleurs, et tremble tellement, qu’elle est obligée de s’asseoir pour ne pas s’affaisser.

— Allons, je vois que pour vous donner du cœur, madame Labriche, il va falloir commencer par votre fille.

— Venez ici, Marie, venez vous faire fouetter sur mes genoux. Vous savez comment ça se pratique, pour y être déjà passée, tâchez de ne pas vous faire répéter mes ordres.

La jolie Marie, rouge comme une cerise mûre, s’avance en tremblant vers Mrs Switch, sachant par expérience qu’on ne désobéit pas impunément à la maîtresse ; et, malgré le combat intérieur que lui laisse sa pudeur, elle s’étend sur les cuisses, relève ses jupes sur ses reins, et ouvre tout grand son joli pantalon brodé. Mrs. Switch prend le bout de la chemise, qui pend par la fente et le relève, mettant à nu la neige éblouissante d’un superbe postérieur, large et charnu, sur lequel elle envoie une claque formidable, qui y fait naître une rose, qui s’épanouit entre les deux globes frémissants. Puis, relevant la main, elle se met à cingler la mappemonde, parcourant toute la surface, tout en adressant ce speech à la mère.

— Voilà, madame Labriche, comment vous devez vous conduire ; ce n’est pas d’ordinaire le fait des enfants de donner l’exemple aux parents ; ici pourtant c’est la fille qui sert de modèle à la mère. Voyons, madame Marthe, si vous êtes une bonne élève ; venez, chère dame, venez vous mettre sur mes genoux.

Elle laisse Marie, les vêtements retroussés, le pantalon ouvert, agenouillée devant la chaise, nous exhibant son beau cul devenu rose, pendant qu’elle se dirige vers la mère. Celle-ci, remise de sa frayeur, mais toujours révoltée à la pensée de se montrer à des témoins, jette sur la maîtresse un regard foudroyant, mais sans faire un mouvement.

— Il va donc falloir que je vous fasse tenir comme une petite fille. Encore une fois, venez vous faire fouetter de bon gré, ou je vais vous hacher comme de la chair à pâté.

Marthe Labriche ne bouge toujours pas. Ses yeux, brillants comme des escarboucles, lancent des éclairs. Mrs. Switch fait signe aux conférencières, qui accourent lui prêter main-forte : elles la saisissent et la maintiennent ; une de ces dames la tient par les poignets par derrière, deux autres la forcent à s’incliner, penchée en avant, le nez vers la terre, pendant que Mrs. Switch relève les jupes, repousse la chemise et ouvre le pantalon ; mais la jeune femme se débat avec une telle vigueur et si désespérément, qu’il faut renoncer à la fouetter ainsi. On laisse retomber les vêtements, on la met debout, et, pour en avoir plus facilement raison, on essaie de la dépouiller complètement. Ce n’est pas chose facile ; on lui retire le corsage, non sans peine, car elle résiste violemment, sa gorge haletante bondit sur sa poitrine, ses yeux étincellent d’indignation, ses lèvres tremblent, ses dents claquent, ses jambes fléchissent. Peu à peu on lui a tout retiré malgré son énergique résistance, à l’exception de la fine chemise de batiste, et de son élégant pantalon, car la mère autant que la fille soigne ses dessous.

La belle révoltée est dans l’épanouissement de la beauté opulente sans exubérance, avec des saillies qui semblent d’une fermeté juvénile ; la chemise, déchirée par les mains impatientes, laisse à découvert la superbe gorge tout entière, qui se tient haute et ferme, dressée comme si jamais le lait ne l’eût gonflée, ses beaux seins palpitants bondissent sur la poitrine, soulevée par l’indignation, berçant les pointes vermeilles, qui semblent deux roses épanouies, écloses au milieu de lis éblouissants. Le pantalon, audacieusement ballonné, promet d’aimables perspectives ; on le rabat enfin, et on enlève le dernier voile, en le déchirant du haut en bas, car Marthe Labriche se débat comme une furie, se tordant dans les bras qui la maintiennent, cherchant à leur échapper. Peine inutile, on l’emporte toute nue sur l’ottomane, on la couche sur le dos, le ventre à l’air, attachée par les bras et le haut du corps au moyen de courroies solides, et par les jambes écartées, de sorte qu’elle exhibe pleinement tout son devant.

Sa belle gorge haletante palpite, se soulève, et s’affaisse tour-à-tour, son ventre secoué fait sauter la belle fourrure noire, qui s’étend haute et large, cachant les environs de la grotte, les cuisses opulentes sont d’une blancheur de neige, les jambes sont emprisonnées dans de jolis bas de filoselle, et les pieds très petits sont chaussés de mignons souliers.

Nous nous demandions si on voulait fouetter la jeune femme dans cette posture, mais nous en vîmes bientôt la raison. On dépouille Marie de tous ses vêtements, et on la met nue comme au jour de sa naissance. La fille, naturellement plus svelte que la mère, est vraiment une superbe créature, aux proportion académiques ; la gorge saillante, ivoirine, est coupée par deux petits boutons vermeils, éclos de ce matin ; le ventre, poli et blanc, est couvert d’un épais duvet noir frisé, qui forme un ravissant verger de Cypris, et qui promet avant longtemps un digne jumeau à la haute futaie de la mère ; à la forme des cuisses, des jambes, des pieds, comme de tout le corps, on reconnaît le moule qui a servi à couler ce chef-d’œuvre.

On emporte la jeune fille vers l’ottomane, où la mère solidement attachée, ne peut faire de mouvement ; on l’installe à cheval sur sa gorge, le cul en amont, vis-à-vis la figure de la pauvre femme ; on la fait pencher en avant, le nez entre les cuisses ; deux des conférencières la maintiennent ainsi immobile ; elle étale son superbe postérieur, un peu rose de la fessée qu’il vient de recevoir, bien en face du nez de la mère, qui va avoir ainsi toute la scène sous les yeux. Mrs. Switch, armée d’une forte verge, s’avance, la main levée, et parle en ces termes :

— Pour vous donner toujours votre fille en exemple, nous avons dû vous la mettre encore sous vos yeux. N’allez pas les fermer pendant l’opération ; si vous ne les tenez pas constamment braqués sur le théâtre du châtiment, nous doublerons la dose. Chaque fois que vous vous aviserez de fermer les yeux, pour ne pas voir le supplice de votre progéniture, nous lui hacherons la peau, sans vous tenir quitte d’un redoublement sur vos plantureuses fesses. Observez religieusement mes recommandations, si vous ne voulez pas causer le tourment de votre fille.

Comme elle achevait ces mots, la verge retombait en sifflant sur les globes charnus, qui manifestent aussitôt qu’ils ressentent vivement les piquantes atteintes. Clic, clac, la verge cliquette sévèrement, le postérieur bondit sur la poitrine, écrasant les gros seins en retombant, tandis que la pauvre Marie gémit plaintivement. La mère, qui n’ose fermer les yeux, de crainte d’augmenter et de prolonger le supplice de sa fille, obligée de subir une affreuse torture morale, fixe un regard brillant d’indignation sur le pauvre fessier fustigé. Chaque bond que le cul fait sur sa gorge, chaque cri que pousse la tendre victime, secoue affreusement la pauvre mère. Mrs Switch, qui s’anime à la vue des plaisantes contorsions de ces ravissantes fesses, détache des coups redoublés, qui amènent des teintes de plus en plus foncées sur le gros postérieur ; elle accentue la rigueur, la verge laisse de longs sillons livides, le cul se tord de douleur, et se trémousse violemment sur la gorge écrasée ; la cuisson de la chair mise à vif doit être terrible, car la patiente pousse des cris à fendre l’âme, bien que la peau ne soit pas entamée.

On laisse un moment la victime ainsi exposée, secouant son derrière palpitant sous les yeux de sa mère, voilés par les pleurs, qui obscurcissent le tableau. On enlève enfin la victime, qu’on agenouille devant l’ottomane, pour que la fille puisse à son tour assister au châtiment de sa mère. La gorge de la mignonne, soulevée par les sanglots qui la suffoquent, ballotte les petits boutons de roses ; ses deux mains cherchent à couvrir pudiquement certains appas qu’elles cachent mal, des perles brillent au bout de ses longs cils, ses lèvres roses tremblent ; la belle fille nue, toute frémissante, présente un délicieux tableau. Vue de dos, elle offre un spectacle non moins ravissant ; au-dessus de cuisses très-blanches aussi, le gros postérieur empourpré semble une lune rouge suspendue dans un ciel d’argent, qui se balance, agitée encore sous la cuisson qui fait palpiter les muscles du derrière meurtri.

On retourne madame Labriche, dont il nous est enfin permis d’admirer le splendide reposoir, superbement bombé, blanc comme la neige fraîchement tombée ; il fait suite à des reins d’un satin éblouissant, et est précédé de deux cuisses d’une architecture remarquable, le tout luttant de blancheur avec les lis les plus purs. On dirait que ce dos merveilleux, qui n’a pas un frisson, est taillé dans l’albâtre. Entre les cuisses écartées, on distingue le centre des plaisirs, entrebâillé, entouré de mèches noires enroulées.

Mrs Switch, dans un coin retire son pantalon, nous offrant de jolies perspectives, aussitôt disparues ; puis elle s’en vient devant l’ottomane, applique deux rudes coups de verges, qui rougissent le blanc satin, sans que le gros derrière bouge d’une ligne. La fouetteuse enjambe l’ottomane, s’installe à cheval sur les reins de la patiente, découvrant un coin de cuisse blanche, que les jupes relevées laissent voir au-dessus du genou. Dès qu’elle est en selle, elle se met à appliquer la verge avec vigueur sur les chairs dilatées ; l’instrument se lève et retombe rapidement, imprimant sur les fesses veloutées de longs sillons, qui rougissent en un moment toute la belle lune, commençant à se tortiller violemment, sans qu’à la victime échappe une plainte. La fouetteuse se remue sur les reins, se levant sur la pointe des pieds, et retombant avec fracas pour accentuer la violence des coups.

La belle cible est maintenant zébrée dans tous les sens, la fouetteuse surexcitée manie la verge avec rage, fouettant furieusement, et bondissant sur les reins de la victime, dont le cul se tord sous l’horrible cuisson, mais qui reste toujours muette, malgré les rubis qui commencent à perler sur la peau entamée. Pour essayer de vaincre cette indomptable énergie, la fouetteuse, debout sur la pointe des pieds et penchée sur la croupe, dirige les pointes piquantes de la verge du haut en bas entre les cuisses, cinglant vivement les lèvres de la grotte de toute la force de son bras, arrachant enfin un hurlement de douleur à la victime, qui se tait aussitôt, malgré l’acharnement de la fouetteuse à cingler brutalement les parties vives et sensibles.

Mrs. Switch, qui arrive à ses fins, se repose sur les reins de la victime, se frottant lascivement sur les chairs brûlantes, et fustigeant toujours la belle mappemonde fumante et meurtrie, mais sans mesure et sans force. Elle laisse enfin tomber les verges, s’appuie des deux mains sur la croupe palpitante, et, penchée en avant, elle ferme les yeux comme plongée dans un doux rêve.

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Demain, vendredi, on se réunira dans le même local, pour y entendre une conférence de Mrs. Switch sur la sévérité dans le châtiment.


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