Les Châtiments/Idylles

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Les ChâtimentsHetzel-QuantinO.C. tome 4 (p. 91-94).


I

Idylles


LE SÉNAT.

Vibrez, trombone et chanterelle !
Les oiseaux chantent dans les nids.
La joie est chose naturelle.
Que Magnan danse la trénis
Et Saint-Arnaud la pastourelle !


LES CAVES DE LILLE.

Miserere !
Miserere !


LE CONSEIL D’ÉTAT.

Des lampions dans les charmilles !
Des lampions dans les buissons !
Mêlez-vous, sabres et mantilles !
Chantez en chœur, les beaux garçons !
Dansez en rond, les belles filles !


LES GRENIERS DE ROUEN

Miserere !
Miserere !


LE CORPS LÉGISLATIF.

Jouissons ! l’amour nous réclame.
Chacun, pour devenir meilleur,
Cueille son miel, nourrit son âme,
L’abeille aux lèvres de la fleur,
Le sage aux lèvres de la femme !


BRUXELLES, LONDRES, BELLE-ISLE, JERSEY

Miserere !
Miserere !


L’HÔTEL DE VILLE.

L’empire se met aux croisées ;
Rions, jouons, soupons, dînons.
Des pétards aux Champs-Élysées !

À l’oncle il fallait des canons,
Il faut au neveu des fusées.


LES PONTONS

Miserere !
Miserere !


L’ARMÉE.

Pas de scrupules ! pas de morgue !
À genoux ! un bedeau paraît.
Le tambour obéit à l’orgue.
Notre ardeur sort du cabaret,
Et notre gloire est à la morgue.


LAMBESSA.

Miserere !
Miserere !


LA MAGISTRATURE.

Mangeons, buvons, tout le conseille.
Heureux l’ami du raisin mûr,
Qui toujours, riant sous sa treille,
Trouve une grappe sur son mur
Et dans sa cave une bouteille !


CAYENNE.

Miserere !
Miserere !


LES ÉVÊQUES.

Jupiter l’ordonne, on révère
Le succès, sur le trône assis.
Trinquons ! Le prêtre peu sévère
Vide son âme de soucis,
Et de vin vieux emplit son verre !


LE CIMETIÈRE MONTMARTRE.

Miserere !
Miserere !


Jersey, avril 1853