Les Chansons de Bilitis, suivies de Chansons modernes/Les Chansons de Bilitis/129
Apparence
Œuvres complètes de Pierre Louÿs, 1929 - 1931, tome 2 (1894 (Chansons de Bilitis))
Slatkine reprints, (p. 152).
LA PETITE MARCHANDE DE ROSES
Hier, m’a dit Naïs, j’étais sur la place, quand une petite fille en loques rouges a passé, portant des roses, devant un groupe de jeunes gens. Et voici ce que j’ai entendu :
« Achetez-moi quelque chose. — Explique-toi, petite, car nous ne savons ce que tu vends : toi ? tes roses ? ou tout à la fois ? — Si vous m’achetez toutes mes fleurs, vous aurez la vendeuse pour rien.
— Et combien veux-tu de tes roses ? — Il faut six oboles à ma mère ou bien je serai battue comme une chienne. — Suis-nous. Tu auras une drachme. — Alors je vais chercher ma petite sœur ? »
Et toutes deux ont suivi ces hommes. Elles n’avaient pas de seins, Bilitis. Elles ne savaient même pas sourire. Elles trottaient comme des chevreaux qu’on emmène à la boucherie.