Les Chansons de Bilitis, suivies de Chansons modernes/Les Chansons de Bilitis/5

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Slatkine reprints (p. 23).


LE VIEILLARD ET LES NYMPHES


Un vieillard aveugle habite la montagne. Pour avoir regardé les nymphes, ses yeux sont morts, voilà longtemps. Et depuis, son bonheur est un souvenir lointain.


« Oui, je les ai vues, m’a-t-il dit : Helopsychria, Limnanthis ; elles étaient debout, près du bord, dans l’étang vert de Physos. L’eau brillait plus haut que leurs genoux.


« Leurs nuques se penchaient sous les cheveux longs. Leurs ongles étaient minces comme des ailes de cigales. Leurs mamelons étaient creux comme des calices de jacinthes.


« Elles promenaient leurs doigts sur l’eau et tiraient de la vase invisible les nénufars à longue tige. Autour de leurs cuisses séparées, des cercles lents s’élargissaient… »