Les Chansons de Bilitis, suivies de Chansons modernes/Les Chansons de Bilitis/56

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Slatkine reprints (p. 76).


LE TOMBEAU SANS NOM


Mnasidika m’ayant prise par la main me mena hors des portes de la ville, jusqu’à un petit champ inculte où il y avait une stèle de marbre. Et elle me dit : « Celle-ci fut l’amie de ma mère. »


Alors je sentis un grand frisson, et sans cesser de lui tenir la main, je me penchai sur son épaule, afin de lire les quatre vers entre la coupe creuse et le serpent :


« Ce n’est pas la mort qui m’a enlevée, mais les Nymphes des fontaines. Je repose ici sous une terre légère avec la chevelure coupée de Xantho. Qu’elle seule me pleure. Je ne dis pas mon nom. »


Longtemps nous sommes restées debout, et nous n’avons pas versé la libation. Car comment appeler une âme inconnue d’entre les foules de l’Hadès ?