Les Chansons de Bilitis, suivies de Chansons modernes/Les Chansons de Bilitis/59
Apparence
Œuvres complètes de Pierre Louÿs, 1929 - 1931, tome 2 (1894 (Chansons de Bilitis))
Slatkine reprints, (p. 79).
LES SEINS DE MNASIDIKA
Avec soin, elle ouvrit d’une main sa tunique et me tendit ses seins tièdes et doux, ainsi qu’on offre à la déesse une paire de tourterelles vivantes.
« Aime-les bien, me dit-elle ; je les aime tant ! Ce sont des chéris, des petits enfants. Je m’occupe d’eux quand je suis seule. Je joue avec eux ; je leur fais plaisir.
« Je les douche avec du lait. Je les poudre avec des fleurs. Mes cheveux fins qui les essuient sont chers à leurs petits bouts. Je les caresse en frissonnant. Je les couche dans de la laine.
« Puisque je n’aurai jamais d’enfants, sois leur nourrisson, mon amour ; et, puisqu’ils sont si loin de ma bouche, donne-leur des baisers de ma part. »