Les Chants du bivouac/La Chanson de l’Alsace
« encore française ? »
(Les Journaux.)
LA CHANSON DE L’ALSACE
Quand nous franchîmes la frontière
Pour reconquérir le pays
Où, depuis la guerre dernière,
Tant d’exilés sont endormis,
Sur un ton nostalgique et tendre,
Dans le vent, les sapins chantaient ;
Nous fûmes surpris de comprendre
Ce qu’entre eux ils se chuchotaient :
Des Vosges fidèles,
Sombres sentinelles,
Comme aux anciens jours,
Les sapins d’Alsace
Parlent à voix basse,
En français toujours,
Toujours !
Le lendemain, — c’était dimanche, —
D’un talon sonore et joyeux,
Nous martelions la route blanche
Qui descend jusqu’à Montreux-Vieux ;
Les cloches du petit village
Carillonnaient à l’unisson…
Et nous comprenions leur langage :
Et leur prière et leur chanson :
Des vertus chrétiennes,
Ferventes gardiennes,
Comme aux anciens jours,
Les cloches d’Alsace
Sonnent dans l’espace,
En français toujours,
Toujours !
C’est à qui, la journée entière,
Nous fêta dans le vieux hameau,
Et, dédaignant la lourde bière,
Nous régala de vin nouveau…
Et le vin montant à la tête
Ainsi que « l’eau du cœur » aux yeux,
Chacun nous dit sa chansonnette,
Dans le vieux parler des Aïeux !
Oui, quand il faut boire,
Ô France ! à ta gloire,
Comme aux anciens jours,
Le vin blanc d’Alsace
Fait chanter la Race
En français toujours,
Toujours !
En rouvrant l’école publique
Aux petits Alsaciens ravis
On dicta cette phrase unique :
« La douce France est mon Pays. »
Et tous les écoliers de dire
À leur nouvel instituteur :
«Sans faute nous saurons l’écrire.
Cette phrase, on la sait… par cœur !»
Ah ! vive l’aurore
Qui nous rit encore
Comme aux anciens jours :
Fidèle et tenace
Le Peuple d’Alsace
Est Français toujours,
Toujours !
- ↑ En vente, avec accompagnement de piano, à la Lyre Bretonne, 83, Faubourg Saint-Denis, Paris.