Les Chars de combat

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La Revue de ParisTome cinquième. Septembre-octobre 1922 (p. 862-871).

LA RÉORGANISATION DE L’ARMÉE



LES CHARS DE COMBAT


Dans son numéro du 15 janvier 1922, la Revue de Paris a publié un article du général Estienne sur « Les forces matérielles à la Guerre », et l’auteur terminait sa suggestive étude par la phrase suivante : « C’est seulement quand on disposera d’engins aptes au combat rapproché et assez mobiles pour assurer par leurs seuls moyens soit l’exploitation du succès après la bataille, soit les opérations de grande police du temps de paix, qu’on pourra alléger très sérieusement les charges militaires de la Nation : tel est du moins notre conviction de soldat. »

Ce n’était là, pensions-nous, qu’une transition, pour amorcer un nouvel article. Mais notre attente a été déçue et nous avons compris que, par modestie, le général avait cru devoir s’abstenir de nous parler de ses enfants.

Car ces « engins aptes au combat rapproché » existent : ce sont les chars de combat, dont le général Estienne a été l’apôtre, l’animateur et le grand tacticien.

Il y aurait même une flagrante ingratitude à ne pas mettre cette belle invention en pleine lumière. Car il est hors de conteste qu’elle a été un de nos atouts de victoire en nous procurant un engin capable d’aller à travers champs, par-dessus les réseaux de fils de fer, accepter le duel avec la mitrailleuse, frayer le chemin à l’infanterie et l’accompagner partout au cours de sa progression.

Pour cela on imagina d’exploiter les caterpillars (chenilles), qui notamment aux États-Unis et en Tunisie permettaient de mener la charrue par les vastes labours. Les roues de la voiture automotrice étaient montées sur de larges rails, formés de plateaux articulés, qui, comme une chaîne sans fin, se déroulaient devant elles à mesure qu’elles avançaient et, véritables crémaillères s’agrippant au sol, permettaient de circuler partout. Il suffisait d’y remplacer la charrue par le canon ou la mitrailleuse et de la blinder.

L’idée était dans l’air. Elle fut réalisée presque simultanément et, chose curieuse, sans qu’ils aient eu la moindre connaissance de leurs travaux respectifs, par les Anglais avec leurs « tanks » [1], par les Français avec les « chars d’assaut » Schneider et Saint-Chamond.

Les premiers essais — essais prématurés d’ailleurs — n’eurent pas le succès qu’on avait espéré. Mais ces mécomptes ne découragèrent pas les partisans du nouvel engin. Ils en tirèrent un enseignement qui ne faisait d’ailleurs que confirmer leurs idées. En fait, comme nous l’avons indiqué, le problème était double : il s’agissait d’une part d’ouvrir la brèche dans l’organisation ennemie ; d’autre part de permettre à l’infanterie de poursuivre sa progression. On ne pouvait confier ce double rôle à un appareil omnibus. Il fallait opérer la division du travail en faisant la rupture avec des chars lourds et puissants, l’exploitation avec des chars plus légers, plus mobiles, plus rapides, plus nombreux, assez souples pour accompagner l’infanterie en tout terrain au delà des premières lignes. Ceux-ci constituaient en somme, en avant des vagues d’attaque, un véritable barrage roulant, non plus automatique et aveugle, comme celui des obus, mais intelligent et clairvoyant.

L’idée de la création de ce char léger était déjà venue au général Estienne en juin 1916, au cours d’une visite faite aux ateliers anglais, où l’on construirait de gros appareils. Il l’avait confiée à l’ingénieur Louis Renault, lequel, avec une activité merveilleuse, sut en poursuivre la réalisation dans ses usines.

C’est seulement vers le milieu de l’année 1918 que nos armées purent être dotées de chars Renault en nombre suffisant. On sait le rôle qu’ils jouèrent au moment de notre contre-offensive. Leur irruption en grande masse dans la bataille fut une surprise pour les Allemands. Car l’échec relatif de nos premières attaques avec « tanks » et chars lourds les avait rendus très sceptiques à l’égard de la nouvelle invention. Leur Haut Commandement avait bien ordonné la construction de quelques engins similaires, mais plutôt à contre-cœur et pour donner satisfaction à l’opinion publique. Il fut complètement désemparé.

Il en est d’ailleurs convenu lui-même. Au début d’octobre 1918, le délégué du G. Q. G. allemand à la Haute Commission du Reichstag, le major Von Dem Busche, déclarait : « En peu de jours la situation militaire s’est modifiée de fond en comble. Le Haut Commandement doit prendre la décision effroyablement lourde de déclarer qu’autant qu’il est possible à un homme d’en juger, il n’y a plus de possibilité de vaincre l’ennemi. Le premier facteur ayant déterminé ce résultat d’une façon décisive est : les chars. L’ennemi les a engagés en masse considérable et inattendue pour nous. Sur les points où ils sont arrivés par surprise, nos troupes n’ont pas eu les nerfs suffisants pour les combattre. Ils ont percé nos lignes avancées, ouvert la voie à leur infanterie ; ont poussé jusque derrière nos troupes, provoqué des paniques locales et disloqué la conduite du combat. C’est par le succès des chars qu’il faut expliquer le chiffre élevé de nos prisonniers, qui a tant diminué nos effectifs et provoqué une dépense de nos réserves plus rapide que celle qui jusqu’alors était de règle. »

Quelques jours après, le 9 octobre, Ludendorff faisait au Chancelier d’Empire la confession suivante : « Jusqu’au 8 août, la situation militaire était bonne. Mais à cette date, l’emploi massif des chars bouscula en deux ou trois heures six ou sept divisions. Que se passa-t-il exactement ? En tout cas, ce fut la journée de deuil de l’empire allemand. »

On voit qu’on ne saurait faire au char de combat la part trop large dans notre reconnaissance et aussi dans nos espérances.

Eh bien ! il semble qu’on ne lui accorde pas l’importance qu’il mérite, ou du moins qu’on n’agisse pas comme si on la lui accordait.

L’invention du char de combat ne marque au fond qu’un stade de l’évolution de l’armement depuis que l’homme se bat, c’est-à-dire probablement depuis qu’il existe et qu’il cherche à porter à l’adversaire le plus de coups possible, tout en en recevant soi-même le moins possible : le cuirassement.

Ce fut d’abord le bouclier pour le guerrier antique, puis, au Moyen Âge, l’armure pour la cavalerie, devenue chevalerie et ensuite pour l’infanterie elle-même. L’invention des armes à feu et leur perfectionnement de plus en plus grand firent peu à peu disparaître, pour ainsi dire morceau par morceau, l’armure devenue insuffisante, et on ne trouva d’autre moyen de lutter contre les engins de destruction que dans la mobilité et la manœuvre.

Mais l’apparition des armes à tir rapide vint singulièrement compliquer le problème, en rendant l’attaque de front tellement meurtrière qu’elle devenait impossible. Cette inviolabilité du front, apparue pendant les guerres du Transvaal, de Mandchourie et des Balkans, s’affirma inexorablement au cours de la Guerre Mondiale, et, comme alors les lignes devenues continues depuis la mer jusqu’aux frontières des pays neutres, ne présentaient plus de flancs par où l’on pût risquer une attaque débordante, force était de rester figé face à face dans des tranchées. La situation menaçait de s’éterniser. C’est alors que le moteur avec ses muscles d’acier vint fournir la solution.

Mais il ne faut voir là que la première phase d’une invention, laquelle a été plutôt une improvisation. Celle-ci va se développer avec une rapidité au moins égale à celle de l’aviation et il y aura autant de différence entre les premiers chars et ceux de l’avenir qu’entre les premiers navires en fer et les dreadnoughts modernes. Wells, dans ses anticipations de guerre, prévoit des combats entre chars gigantesques, véritables cuirassés terrestres, égalant et même dépassant en dimension et en puissance les cuirassés marins ; car la force des moteurs n’y sera pas limitée par les nécessités de la flottabilité.

Mais, sans envisager cette perspective à échéance encore lointaine, il est hors de doute que nos petits Renault ne tarderont pas à être démodés et qu’étant donné le perfectionnement de la défense « antichar », il va falloir trouver des engins plus résistants et par conséquent plus puissants.

Nous allons assister à une évolution qui mérite d’être suivie avec attention et dirigée avec une grande compétence. À ce point de vue, la France a une avance sérieuse. Il ne faut pas qu’elle s’expose à la perdre.

Au début, quand parut l’engin nouveau, sous prétexte qu’il portait des canons, l’artillerie le revendiqua sous sa coupe. Puis, comme il était destiné à combattre presque côte à côte avec l’infanterie, celle-ci le réclama à son tour.

Entre ces deux compétitions on s’avisa d’une solution hybride : on confia à l’infanterie le personnel, c’est-à-dire le recrutement, l’instruction, la mobilisation et le commandement ; à l’artillerie, le matériel.

Cette dualité d’attributions ne semble guère faite pour aider au progrès, et on risque ainsi de compromettre le sort de la nouvelle arme, comme on a jadis compromis ou, en tout cas, singulièrement retardé celui de l’aviation en la rattachant d’abord au génie, puis à l’artillerie, jusqu’au jour où l’on se décida à la laisser voler de ses propres ailes sous une direction indépendante.

Actuellement, les inconvénients de la mesure bâtarde adoptée ne se font pas trop sentir, parce qu’on a mis les chars de combat sous l’autorité d’un inspecteur général dont la haute valeur s’impose à tous, le général Estienne. Mais il n’y a là qu’un palliatif provisoire, qui ne tardera pas à être inopérant : car le grand maître des chars va très prochainement être obligé de prendre sa retraite, sous l’implacable couperet de la limite d’âge, à moins qu’on ne se décide à appliquer les mesures de maintien exceptionnelles en faveur de ce vigoureux soldat qui a rendu et peut rendre encore au pays des services exceptionnels.

En tout cas, quand il viendra à disparaître de l’arène militaire, on ne sentira plus la forte poigne habile à conduire l’attelage dépareillé auquel a été attelé le char de combat. Il y aura là une succession très lourde, très délicate à prendre.

En fait, la nouvelle invention n’est pas plus serve de l’infanterie que de l’artillerie. Son rôle est trop important, trop spécial, son essor trop vaste, trop impérieux, pour qu’elle ne mérite pas de relever d’une autorité indépendante, susceptible d’assurer son avenir. Mise en tutelle sous un autre service, elle y sera forcément traitée en parente pauvre ou tout au moins en parente éloignée, au grand découragement de son personnel et au grand détriment de ses progrès.

Au point de vue tactique, la question de l’autonomie se pose avec autant de vigueur. Si le corps des officiers d’artillerie peut fournir des techniciens pour assurer la fabrication et le perfectionnement de l’engin, il faut convenir que son emploi, limité au combat rapproché, ne cadre guère avec les méthodes de ces spécialistes du combat éloigné. D’ailleurs pour eux la question ne se pose plus. C’est l’infanterie qui va annexer de haute lutte le char de combat. Reste à savoir si l’appétit n’est pas un peu gros.

Pour quelles raisons l’infanterie réclame-t-elle l’emprise des chars ?

D’abord parce que ceux-ci sont destinés à lui frayer le chemin.

Raison spécieuse. Car toutes les armes sont destinées à frayer le chemin du fantassin. C’est leur mission. C’est même leur raison d’être. Les tirs de l’artillerie, les travaux du génie, les reconnaissances et les bombardements de l’aviation et même les chevauchées de la cavalerie ne seraient que des gestes inutiles s’ils n’avaient pour but de faciliter la progression de l’infanterie. Celle-ci, quoi qu’on dise, quoi qu’on fasse, restera toujours la grande arbitre des batailles ; mais elle ne peut pour cela avoir la prétention d’absorber les armes auxiliaires, sous peine d’étouffer. Là, comme partout, il faut la division du travail.

Mais ce travail des chars, objecte-t-on, le fantassin le revendique. Ces engins doivent faire partie de son armement au même titre que ses mitrailleuses, que ses canons de 37. Là l’argument est plus grave et plus dangereux.

Vouloir disséminer les chars entre les diverses unités d’infanterie, c’est les réduire à l’impuissance. Ils n’ont d’effet que s’ils agissent en grande masse. Autrement leur emploi présente plus d’inconvénients que d’avantages. Car il attire le feu de l’artillerie sur les troupes qui les utilisent et celle-ci aura tôt fait de les mettre hors d’usage en concentrant successivement son action sur les petits paquets de chars qui s’offriront à sa vue. Elle ne peut être paralysée que si elle est pour ainsi dire submergée par l’avalanche des chars se précipitant en un large front sur ses lignes.

Et puis ils ne pourront être employés partout. À quoi serviront-ils aux troupes qui se trouvent en arrière des cours d’eau ou dans des bois ou devant des épais lacis de tranchées ?

C’est au Haut Commandement qu’il appartient de les faire agir en masse, et, autant que possible, par surprise, là où il a décidé de mener l’attaque décisive.

D’autre part, en dehors du champ de bataille même, les chars, tels qu’ils sont constitués actuellement, ne sauraient s’avancer sur les routes avec les colonnes d’infanterie ; ils sont mauvais marcheurs, sans compter qu’ils sont aussi de terribles ravageurs de chemins. Une simple étape de 25 kilomètres les avarie tellement qu’il faut ensuite près d’une demi-journée pour les remettre en état. C’est sur des camions automobiles ou par voie ferrée qu’ils doivent être transportés. Si l’on en dotait les diverses colonnes d’infanterie, ils constitueraient de tels impedimenta que les chefs seraient les premiers probablement à réclamer qu’on les en débarrasse.

Toutefois il faut signaler que des études sont poursuivies actuellement pour améliorer la circulation des chars et sont près d’aboutir. On connaît déjà le dispositif Régresse, véritable crémaillère en caoutchouc, qui permet aux automobiles de rouler facilement dans la neige et dans le sable. Un nouveau mode de suspension permettra bientôt aux chars de s’avancer rapidement sur les routes sans détériorer celles-ci.

Enfin, certains prétendent que le char doit non pas seulement accompagner, mais même remplacer l’infanterie. Ce serait en somme un fantassin marchant sous cuirasse, comme l’hoplite romain s’avançait sous son bouclier. Théorie fallacieuse. Car le char voit mal : il tomberait facilement dans tous les pièges qui lui sont tendus, si le fantassin ne l’éclairait. C’est un peu l’alliance de l’aveugle et du paralytique. De plus, capable d’écraser une résistance, il ne saurait occuper ni organiser une position. L’action du char et celle du fantassin se complètent, mais ne se confondent pas. Elles exigent une technique, une tactique, une mentalité toutes différentes.

Enfin l’infanterie, malgré toute sa bonne volonté, ne saurait suffire à la tâche d’assumer le perfectionnement du matériel. Il ne suffit pas de se sacrer « arme technique » pour le devenir. Le recrutement de ses cadres ne lui permettra jamais de posséder assez de spécialistes. Et même, y parviendrait-elle, qu’elle ne verra jamais dans le char qu’un organe d’accompagnement et c’est uniquement dans ce sens qu’elle voudra en orienter les progrès.

Or l’essor du char doit être bien plus vaste.

Aujourd’hui « vaincre » ce n’est plus « avancer », suivant l’ancienne définition. Vaincre, c’est rompre l’ennemi. Une simple avancée ne produit rien de décisif, quand elle ne constitue pas une victoire à la Pyrrhus. L’agresseur se trouve alors souvent dans une situation beaucoup plus difficile, et il y a lieu de remarquer qu’au cours de la dernière guerre, c’est après les plus grandes poussées en avant, qu’ont été subis les plus graves revers : première et deuxième bataille de la Marne pour les Allemands ; Tannenberg en 1914, le Dunajec et le San en 1915 pour les Russes ; le Roudnik en 1914 et la Piave en 1917 pour les Autrichiens ; Caporetto en 1917 pour les Italiens. Tant que la ligne ennemie ne sera pas percée et percée assez largement pour que la plaie ne puisse se refermer, il n’y aura rien de fait.

Eh bien ! le char sera l’arme de la rupture et de l’exploitation, en permettant non seulement aux fantassins d’aller occuper la position ennemie, mais aussi à l’artilleur de pousser rapidement en avant ses canons et en rendant au cavalier son rôle séculaire d’exploration et de poursuite, que le cheval, trop fragile, ne lui permet plus de remplir.

L’adoption de la chenille est peut-être appelée à marquer dans l’art de la guerre, tout au moins de la guerre de position, une révolution du même ordre de grandeur que jadis l’invention de la poudre.

Le canon, en démolissant les donjons féodaux, dont les hautes murailles avaient jusque-là défié toutes les attaques, avait forcé l’adversaire à chercher le salut dans l’invisibilité et à se terrer de plus en plus. La tranchée est ainsi devenue la panacée universelle du combat. Mais les défenseurs s’y maintiendront-ils désormais avec leur belle opiniâtreté de jadis, quand ils se sauront exposés à tout moment, soit de jour, soit de nuit, aux irruptions subites de ces monstres d’acier qui, sans souci des obstacles, broieront tout sur leur passage ? On sera obligé de chercher une autre parade. Laquelle ? Seul l’avenir nous le dira. Mais d’ores et déjà, on voit le rôle immense que la chenille est appelée à jouer.

Les États-Unis sont en train de s’organiser une artillerie sans chevaux, entièrement à moteur chenillé. Nous serons peut-être nous aussi obligés d’en venir là un jour, quand le problème du remplacement de l’essence par un autre carburant sera résolu et que nous cesserons ainsi d’être tributaires de l’étranger pour l’alimentation de nos moteurs.

Alors, si l’on ne peut faire dépendre les chars ni de l’artillerie, ni de l’infanterie, à qui donc les confier ? Mais à eux-mêmes. Il faut leur conférer leur autonomie, comme on a fait pour l’aviation, et leur donner, tout au moins provisoirement, tant que l’organisation désuète de notre administration centrale de la guerre n’aura pas été refaite, un directeur particulier, c’est-à-dire les subordonner à une autorité responsable, ayant qualité pour parler directement au ministre sans passer par la tutelle des autres.

La loi d’organisation prévoit 21 régiments de chars et ce nombre est un minimum qui ne tardera pas à être dépassé. Le budget leur consacre plus de cent millions. Il y a là un ensemble qui paraît mériter un administrateur spécial. Il semblerait même logique de lui confier tout le service automobile. Il serait le grand fournisseur militaire des voitures tractées, comme jusqu’à présent la cavalerie a été le grand fournisseur des chevaux pour toutes les armes.

Et il s’agit là d’une réforme qui mérite d’intéresser non seulement les professionnels, mais également et tout aussi vivement le grand public.

Il est bon que l’opinion générale réclame que toutes mesures soient prises pour assurer l’essor de cet engin nouveau, qui, devant jouer un rôle de premier plan dans les combats futurs, est un facteur déterminant du salut de la Nation. C’est lui qui nous permettra de lancer rapidement, dès les premiers jours, en pays allemand, sans nous laisser arrêter par les obstacles, une force suffisante pour écraser dans l’œuf sa mobilisation, nécessairement plus lente que la nôtre. C’est lui qui nous permettra, en tout cas, en portant la guerre en territoire ennemi, de mettre le nôtre à l’abri des engins diaboliques qui se révèleront alors probablement.

D’autre part, son emploi diminuera sensiblement les effectifs nécessaires pour les opérations de notre armée de couverture et de nos troupes coloniales. On a calculé qu’un bataillon de trois compagnies de chars avait une puissance offensive égale à celle de toute une division d’infanterie à trois régiments.

Et quand notre armée pourra compter sur un solide appoint de chars perfectionnés, bien équipés, bien servis, alors le problème de la réduction du temps de service pourra être sérieusement envisagé.

C’est dans cette voie qu’il faut chercher la solution.


Colonel Romain

[9Catégorie:Première Guerre mondiale]]

  1. Les Anglais, pour garder au début le secret de la nouvelle invention, l’avaient d’abord dénommée Water Carrier (porteur d’eau), voulant faire accroire qu’il s’agissait simplement de citernes portatives. Mais, avec la manie de tout désigner par des initiales, il y eut là un sujet de plaisanterie trop facile et ils adoptèrent le mot de tanks (réservoir).