Les Chroniques de Sire Jean Froissart/Remarques sur quelques locutions propres à ce manuscrit

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REMARQUES
SUR QUELQUES LOCUTIONS PROPRES À CE MANUSCRIT.



Deux locutions particulières se représentent fréquemment dans ce manuscrit. J’en citerai quelques exemples qui en faciliteront l’intelligence toutes les fois qu’on les rencontrera.

Leur pour là où.

Si qu’il ne sceurent dedans deux jours leur ils stoient.

Si ils se fussent embattus leur ils tendoient à venir.

Par toutes les villes leur ils venoient on leur faisoit grand’fête.

Amené en une place leur tout le peuple le véoient.

Leur bon leur sembla.

Ainchois qu’il entreprist chose leur il présist blasme ne domage.

Si entrèrent en Paris leur ils trouvèrent, etc.

li leur assigna leur ils prendroient finances.

Cette même locution se retrouve dans le manuscrit de la seconde guerre de Gand dont j’ai donné la collation, dans mon second volume, à la suite du deuxième livre des Chroniques.

An pour a-t-on.

S’en ostan (ôta-t-on) le cuer et le jeta-t-on au feu.

Puis se disna chascun de ce qu’il put avoir, puis sonnan les trompettes et montan à cheval ; c’est-à-dire sonna-t-on et monta-t-on.

Si sonnan les trompettes et fut chascun armé.

On retrouve la même locution dans ses Poésies, que j’ai publiées en un volume.

Me laïran de soif mourir, c’est-à-dire me laissera-t-on.

Et dans une autre pièce :

À la parole s’acordan,
Et le desjun là destoursan ;

C’est-à-dire : À la parole s’accorda-t-on, et le déjeuner prépara-t-on.

J. A. C. Buchon.