Les Cinquante (Ivoi)/p02/ch14

La bibliothèque libre.
sous le pseudonyme de Paul Éric
Combet & Cie, Éditeurs (Ancienne Librairie Furne) (p. 329-338).


XIV

Fleurus-Ligny


Une pente couverte d’arbres, partagée en une infinité de jardinets par des murs bas ou des enclos de lattis ; la déclivité se termine par un ravin profond. Au delà s’étend la plaine accidentée de Fleurus, avec au centre, un haut moulin à vent qui domine tout le pays.

Plus loin encore la ligne sinueuse des arbres de la forêt de Fleurus.

Voilà ce qu’Espérat aperçoit, au matin du 16 juin, de la fenêtre où l’a conduit son gardien Christian Wolf.

Toute la nuit, obéissant aux ordres du feld-maréchal, l’armée prussienne s’est concentrée sur les hauteurs de Saint-Amand et de Ligny.

Ces deux villages, les fermes, les jardins ont été fortifiés, les murs crénelés, les rues coupées par des barricades.

C’est à Ligny que Milhuitcent a été conduit. Il a marché plusieurs heures, les poignets garrottés derrière le dos, par une corde dont Christian tenait l’extrémité. Il a subi les plaisanteries du lourd Allemand :

— Si tu désires causer avec le feld-maréchal, tu sais qu’il m’a dit de te détacher.

Car Blücher n’a pas jugé son prisonnier à sa valeur. Il a pensé que la souffrance, la fatigue, l’imminence du danger, abattraient l’orgueil d’Espérat, viendraient à bout de sa grandeur d’âme.

Aux invites de trahison du géant roux, le captif n’a pas répondu. Alors le Poméranien s’est irrité, passant de l’ironie à l’injure.

— Bien, bien, tu veux te taire. À ton aise, mais n’espère pas m’échapper. Jeté tiens en laisse, chien de Français.

Brutalement, Wolf tend parfois la corde, faisant trébucher le jeune homme à la secousse inattendue, lui meurtrissant les poignets par l’augmentation de pression des liens.

Milhuitcent n’a, pas daigné se plaindre.

Enfin on a atteint Ligny.

Christian, excipant des volontés du feld-maréchal, s’est établi au premier étage d’une maison perchée au bord du plateau de Ligny, et d’où l’on découvre toute la plaine. Au-dessous est une grange. C’est au moyen d’une échelle que l’on arrive dans la pièce où le soldat garde son prisonnier. Oh ! les précautions sont bien prises, l’évasion est impossible. Et maintenant, avec un plaisir cruel, Wolf explique à Espérat les avantages de la position occupée par l’armée prussienne.

Abrités dans les villages, les soldats de Blücher pourront fusiller à leur aise les Français obligés de donner l’assaut. Et là-bas, au loin, est la chaussée de Bruxelles, par laquelle les anglo-hanovriens-belges de Wellington, viendront prendre Napoléon à revers.

Il y a plus de finesse qu’on ne le croirait chez l’athlétique soldat. Il sait que son prisonnier est le confident de l’Empereur, que le feld-maréchal aurait intérêt à apprendre par suite de quelles déductions, Napoléon a entrepris la manœuvre, folle à ses yeux, qui le place entre les deux armées ennemies. Et dans la cervelle épaisse du Poméranien, une pensée s’est fait jour.

— Si je parvenais à amener cet avorton à se trahir.

Voilà pourquoi il torture son compagnon de ses explications désolantes.

Mais sa diplomatie n’a pas plus de succès que ses brutalités. Espérat regarde en silence, sans émotion. Il croit à la victoire. Il a foi dans le génie de celui à qui il s’est voué corps et âme.

Soudain, il tressaille. Christian Wolf suit la direction de ses regards. Des masses sombres apparaissent à la lisière de la forêt de Fleurus, se répandent dans la plaine ; des baïonnettes brillent aux premiers rayons du soleil.

— Les Français, murmure le captif avec une joie profonde.

Il se souvient que Napoléon a désigné sur la carte, la plaine de Fleurus comme devant être le théâtre de la défaite de Blücher.

Les deux généraux vont se rencontrer là, donc, Blücher est vaincu.

Peut-être le geôlier devine-t-il les pensées du prisonnier, et il raille :

— On va les corriger.

Milhuitcent ne sourcille même pas. Toute la matinée, les troupes se déploient en ligne de bataille.

Par un raffinement de cruauté, Christian s’est procuré une lunette d’approche, et il l’a prêtée à Espérat, avec ce commentaire ironique :

— Regarde-les bien, tes amis ; car ce soir, il n’en restera guère.

Le jeune homme a accepté l’instrument, sans relever l’insinuation sinistre. Et il regarde, reconnaissant les régiments, les uniformes.

Voici les 3e et 4e corps, généraux Vandamme et Gérard, sous le commandement en chef du maréchal Grouchy.

Voici la division Gérard du 2e corps, l’ex-division Bourmont, dirigée maintenant par le général Hulot. Dans cette dernière, on sent, à la raideur des alignements, à la rapidité des mouvements, que gronde une formidable colère.

Cela est vrai. Cette division est résolue à combattre avec une ardeur sans limites, pour effacer la honte de la trahison du comte de Bourmont.

Les colonels Beonne du 9e léger, Paulmi, Lavigne, Sauzat, des 44e, 50e et 111e de ligne, ont juré avec leurs hommes de vaincre ou de mourir.

En réserve, se massent la Jeune et la Vieille Garde. Un instant, les yeux d’Espérat se fixent sur cette troupe d’élite. C’est là, dans sa masse sombre, que sont M. Tercelin, l’abbé Vaneur, tous ceux qu’il a aimés, qu’il a cru si longtemps ses seuls parents.

— Peuh ! remarque Christian Wolf, ils sont à peine 60,000 et nous sommes, nous, 90,000 sur ce plateau. Avantage de la position, avantage du nombre, nous avons tout. Décidément ces gueux de Français sont fous.

Le prisonnier ne sort pas de son silence. Toute son attention est concentrée sur un point. Dans le champ de sa lunette un groupe est apparu, et sa respiration s’est arrêtée, son cœur a cessé de battre. Au milieu de son état-major, il a reconnu l’Empereur.

C’est lui que son cheval blanc emporte au grand trot. Où va-t-il donc ?

Bientôt Espérat a la réponse à cette question. Napoléon et son escorte gagnent le moulin qui se dresse au milieu de la plaine de Fleurus. Ils parlementent un instant avec le meunier, accouru à leur rencontre et disparaissent dans la tour, sur laquelle les grandes ailes dessinent leur croix.

Le jeune homme hoche la tête.

Napoléon, suivant sa coutume, va inspecter le champ de bataille.

Et, les yeux fixes, Milhuitcent regarde le vieux moulin, dont les solives vermoulues cachent la volonté surhumaine de l’homme prédestiné

Tout à coup, il y a sur le toit conique comme un éclair. C’est une lucarne frappée par le soleil qui vient de s’ouvrir.

Une forme émerge de l’ouverture.

Une tête d’homme coiffée du petit chapeau.

La silhouette étrange se découpe sur le fond bleu du ciel, tache noire dans l’azur. On dirait une tête d’aigle cherchant la victime qu’il va enlever dans ses serres puissantes.

Et c’est l’aigle, en effet, et sa victime sera cette armée de 90,000 soldats, cette orgueilleuse armée prussienne qui raille à l’abri de ses retranchements. Puis la vision disparaît. L’Empereur quitte le moulin et s’éloigne.

Alors commence une attente anxieuse. À chaque minute, Espérat pense entendre le premier coup de canon, début de la meurtrière mêlée.

Rien ne se produit. Les minutes, les quarts d’heure, les heures se succèdent sans que les régiments français se portent en avant, sans que la poudre parle.

Une angoisse étreint le prisonnier. Une joie insolente monte chez les Prussiens. Ils sont une vingtaine maintenant autour de Christian Wolf. Dans leur haine de la France, ils s’excitent à l’envi à ennuyer le captif.

Ce sont des réflexions vantardes.

— Eh ! Eh ! il a peur, le petit Bonaparte.

— Il n’ose pas attaquer.

— Il s’aperçoit que le vieux Blücher est un adversaire trop fort pour lui.

— L’ogre de Corse ne se sent pas la dent assez longue.

— On va voir, grâce à l’armée prussienne, que l’usurpateur a tout usurpé, même sa réputation de général.

Espérat restait immobile, comme s’il n’entendait pas.

Mais sa pensée se torturait à chercher la cause de l’inaction de l’Empereur.

Ni le jeune homme, ni Blücher lui-même ne pouvaient deviner qu’en ce moment se commettait la seconde faute[1], qui devait amener le désastre de Waterloo.

La veille, l’Empereur avait détaché Ney, avec trente mille hommes pour aller s’emparer des Quatre-Bras, clef stratégique de la contrée comprise entre Bruxelles et Namur. Le matin même, il avait expédié au maréchal par le colonel Forbin-Janson, les ordres les plus pressants, chargeant ce dernier officier de dire à Michel Ney, que le sort de la campagne et de la France était entre ses mains.

À ce moment, un seul régiment de Wellington occupait les Quatre-Bras. La position eût pu être enlevée sans la moindre difficulté. Hélas, à la suite des fatigues de 1812 et de 1813, Ney avait été atteint d’une dépression nerveuse, que les Esculapes modernes ont baptisée : neurasthénie.

Sa vie se partageait en crises d’énergie et en crises d’affaissement.

Ce jour-là, Ney traversait une période de faiblesse. Il se figura, hallucination de névrosé, avoir devant lui des troupes nombreuses, perdit vingt-quatre heures en marches et contre-marches inutiles, permit ainsi à Wellington de porter quarante mille soldats aux Quatre-Bras. En un mot, il donna bénévolement à l’ennemi la dominante stratégique de la région.

Cependant Christian Wolf et ses camarades, de plus en plus dédaigneux des Français, à mesure que le temps s’écoulait sans que l’attaque de Ligny, de Saint-Arnaud, se produisit, songèrent à déjeuner.

Il était onze heures et demie. Une chaleur étouffante embrasait l’atmosphère. L’âme déchirée par le doute, le corps brisé de fatigue, Espérat demanda à boire. Son geôlier ricana :

— À quoi bon. Puisque tu dois être délivré de la vie si tes amis attaquent.

Le jeune homme n’insista pas.

Une heure, deux heures sonnèrent à l’horloge du clocher de l’église de Ligny. Ah çà ! Est-ce que la volonté de l’Empereur sommeille. Comment le grand capitaine, si ménager du temps, en perd-il ainsi ?

Pâle, les sourcils froncés, l’Empereur est dans l’attitude de l’homme qui écoute. Il attend que la brise lui apporte le grondement du canon de Ney attaquant les Quatre-Bras.

Mais l’horizon reste silencieux, et le soleil flamboyant, qui a dépassé le zénith, poursuit sa courbe descendante vers l’Occident.

Deux heures et demie !

Napoléon a un geste tragique. Désespoir et rage s’y heurtent. L’inspiré a la perception confuse que quelque chose échappe à sa volonté.

Est-ce que la foudre qu’il tient en main va se dissoudre entre ses doigts ?

Il tourne la tête, violent et obstiné. Si la mort vient, qu’au moins la France et son empereur aient de splendides funérailles.

Il a dit quelques mots à ses officiers d’état-major. Ceux-ci s’éparpillent au galop dans la plaine. Napoléon ne compte plus sur Ney, mais sur lui-même.

— Aux armes !

Ce cri résonne dans la chambre où Espérat est retenu prisonnier.

Les Prussiens bondissent sur leurs fusils, accourent aux fenêtres.

Milhuitcent joint les mains. Son geste exprime la joie. Enfin, l’armée française se met en mouvement. Toutes les craintes du captif s’évanouissent. Napoléon a sans doute préparé une de ces manœuvres auxquelles rien ne résiste. Sa tranquillité n’était qu’apparente. Maintenant va se développer la conception de victoire.

Les yeux agrandis par une curiosité éperdue, Espérat regarde.

C’est là-bas, en face de Saint-Arnaud que le mouvement se précise.

La division Lefol s’avance rapidement contre le village. Le prisonnier aperçoit les soldats de Blücher en embuscade derrière les haies, les arbres, qui font une ceinture verte à l’agglomération.

Ils sont immobiles, muets, prêts à faire feu sur les Français qui approchent, au son des musiques, avec de vibrantes acclamations.

Le cœur d’Espérat s’exalte à la vue des bataillons marchant à la mort comme à une fête. Il voudrait être au milieu d’eux. Là, il n’aurait pas la gorge serrée par la peur, ainsi qu’il l’a maintenant, où il tremble, à chaque seconde, d’entendre éclater la fusillade ennemie, de voir les balles faucher les rangs de ces vaillants.

Soudain, un déchirement strident, un coup de tonnerre.

Les Prussiens ont ouvert le feu.

Des vides se creusent dans les colonnes d’assaut, mais elles ne s’arrêtent pas, un élan furieux les porte en avant.

— À la baïonnette !

Rien ne leur résiste. Elles occupent les jardins, les bois, le village, rejetant les Prussiens au delà du ruisseau qui traverse Saint-Amand et Ligny. En vain Steinmetz, Blücher lui-même, s’efforcent de reconquérir le terrain perdu. Ils réussissent seulement à se maintenir en arrière du ruisseau.

Les soldats qui entourent Espérat ne rient plus.

Ils sont soucieux, les dents serrées, leurs grosses moustaches accusant le pli amer de leurs lèvres. Dans leurs yeux, il y a comme une stupeur.

Qu’est-ce donc qui galope sur la pente, se dirigeant vers le quartier général de l’Empereur ? Mais c’est un canon prussien, du calibre 13, attelé de six chevaux, et ceux qui le guident sont un sous-lieutenant du 15e léger et un brigadier du 12e chasseurs à cheval.

Ces deux hommes, seuls, conduits par le commandant Daru du 23e de ligne, ont chargé une batterie prussienne, capturé cette pièce, et ils la ramènent au quartier général, tandis que le commandant, cette prouesse épique accomplie, va reprendre sa place de bataille.

Milhuitcent a un éclat de rire, auquel répondent des grognements rageurs. Christian lui bourre les côtes de la crosse de son fusil.

— Ça ne t’empêchera pas d’être tué, chien de Français !

Cependant le 4e corps, déployé en face de Ligny s’est, lui aussi, mis en mouvement. L’Empereur a montré au général Gérard qui le commande, le clocher du village, avec ces seuls mots :

— Monsieur le général en chef du 4e corps, vous voyez bien ce clocher, au delà du ravin ? C’est votre point de direction. Allez et enlevez Ligny.

Alors Espérat entre dans une vision de chaos, dans une atmosphère de fournaise.

Il est debout, à la fenêtre, attaché par le milieu du corps à la barre d’appui, incapable de faire un mouvement, tandis que les balles sifflent autour de lui. À ses côtés se succèdent les Prussiens. Ils épaulent, tirent sur les Français qui montent vers Ligny, puis ils se retirent au fond de la salle pour recharger leurs armes.

Les détonations, les cris, se croisent, se confondent.

Les yeux d’Espérat, se troublent, ses oreilles bourdonnent.

Comme en un brouillard, il voit le 4e corps reculer, battre en retraite sous le feu infernal que dirigent contre lui les troupes retranchées dans Ligny.

Oh ! vont-ils donc se briser contre le cercle de fer et de feu dont le plateau est entouré ?

Et bizarrerie de l’esprit humain, à cet instant même, l’attention du prisonnier est appelée par deux pigeons, affolés par le tumulte, qui volètent sur un toit voisin avec des roucoulements plaintifs. Une seconde, il oublie l’hécatombe humaine, pour plaindre les malheureux volatiles.

Mais un vacarme assourdissant le rappelle au sentiment de la situation.

Le général Gérard a mis en ligne toute son artillerie, réunie en une monstrueuse batterie, qui vient d’envoyer à Ligny sa première salve.

Un hurlement de stupeur s’élève parmi les soldats de Blücher.

Des coups sourds retentissent, des craquements sinistres se font entendre. Les tuiles des toits, le crépi des murs tombent dans la rue, dans les cours ; les vitres se brisent avec des cliquetis aigus. La trombe de métal a passé.

De nouveau la voix formidable des canons couvre tous les bruits de la bataille.

Et tandis qu’une façade de la maison s’abat éventrée, que le toit, dont les appuis sont brisés, penche lentement, Christian Wolf détache son prisonnier, l’enlève brutalement sur son épaule et l’emporte.

Il descend l’échelle qui mène au niveau du sol.

Dans la salle, dans la grange, il y a des flaques de sang, des formes étendues à terre, qui geignent ou blasphèment.

Christian ne s’arrête pas. Avec son fardeau il gagne la rue.

Comme il a fallu peu de temps pour ruiner le joli village, si coquet le matin encore. Partout des débris, fragments de bois, de pierres, de briques, de tuiles. Partout des taches rouges, partout des morts et des blessés.

Le Poméranien marche à grands pas, escaladant les barricades, franchissant d’un bond les cadavres.

Et soudain il chancelle.

Serait-il blessé ?

Point, une nouvelle bordée de la batterie Gérard a parcouru le village, et le « vent » d’un boulet a secoué l’athlète.

Il reste un moment abasourdi, puis reprend sa course en murmurant :

— La place n’est plus tenable. Il faut que le jeune coq soit tué par une balle de ses amis, le vieux renard l’a dit. Je ne dois donc pas l’exposer à être écrasé sous un pan de mur.

Le brute a pris à la lettre sa féroce consigne. Il court, franchit le ruisseau qui partage Ligny et fait irruption dans une maison en bordure du cours d’eau.

  1. L’abbé Hilas, de la paroisse Saint-Merry, fut envoyé en disgrâce dans une petite cure de la Charente-Inférieure, pour avoir développé en chaire cette pensée.
    xxxC’était en 1821. La nouvelle de la mort de Napoléon, à Sainte-Hélène, venait d’arriver en Europe, secouant les peuples d’une indicible émotion. L’abbé Hilas prit texte de cet événement dans un sermon ayant pour objet la Toute puissance divine qui se plait parfois à déjouer les combinaisons humaines les plus sages, les mieux raisonnées. Voici le fragment du sermon qui fut incriminé :
    xxx— Le plan de Napoléon, le plan de cette courte campagne de 1815 était génial, et les hommes de guerre de tous les âges s’inclineront devant la maîtrise de sa conception. Il avait tout calculé, tout prévu, sauf ceci, que l’heure marquée par Dieu était venue.
    xxxEt voyez par quels moyens minuscules, le Tout-Puissant amena la chute du plus grand monarque qui fut jamais. La trahison du comte de Bourmont, l’indécision du maréchal Ney qui hésita vingt-quatre heures à attaquer les Quatre-Bras, et donna ainsi à lord Wellington le temps d’y concentrer des troupes et de résister tout un jour à Waterloo ; enfin le manque d’initiative du maréchal Grouchy, s’obstinant à poursuivre, sans les rencontrer, les Prussiens vaincus à Ligny, au lieu de marcher au canon et d’amener à Waterloo, son corps de 30,000 hommes, lequel survenant à temps, eût décidé du sort de la bataille. Et ceux-ci étaient dévoués à Napoléon, ils savaient que leur fortune, leur existence même étaient liées à son triomphe et qu’ils sombreraient avec lui.