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Les Complaintes (Mercure de France 1922)/Complainte des Mounis du Mont-Martre

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Les Complaintes (Mercure de France 1922)
Les ComplaintesMercure de FranceI. Poésies (p. 183-185).


COMPLAINTE DES MOUNIS
DU MONT-MARTRE


Dire que, sans filtrer d’un divin Cœur,
Un air divin, et qui veut que tout s’aime,
S’in-Pan-filtre, et sème
Ces vols d’oasis folles de blasphèmes
Vivant pour toucher quelque part un Cœur…

Un tic tac froid rit en nos poches,
Chronomètres, réveils, coucous ;
Faut remonter ces beaux joujoux,
Œufs à heures, mouches du coche,
Là-haut s’éparpillant en cloches…

Voici le soir,
Grince, musique
Hypertrophique
Des remontoirs !


Dire que Tout est un Très Sourd Mystère ;
Et que le Temps, qu’on ne sait où saisir,
Oui, pour l’avertir !
Sarcle à jamais les bons soleils martyrs,
Ô laps sans digues des nuits du Mystère !…

Allez, coucous, réveils, pendules ;
Escadrons d’insectes d’acier,
En un concert bien familier,
Jouez sans fin des mandibules,
L’Homme a besoin qu’on le stimule !

Sûrs, chaque soir,
De la musique
Hypertrophique
Des remontoirs !

Moucherons, valseurs d’un soir de soleil,
Vous, tout comme nous, nerfs de la nature,
Vous n’avez point cure
De ce que peut être cette aventure :
Les mondes penseurs s’errant au Soleil !

Triturant bien l’heure en secondes,
En trois mil six cents coups de dents,

De nos parts au gâteau du Temps
Ne faites qu’un hachis immonde
Devant lequel on se morfonde !

Sûrs, chaque soir,
De la musique
Hypertrophique
Des remontoirs !

Où le trouver, ce Temps, pour lui tout dire,
Lui mettre le nez dans son Œuvre, un peu !
Et cesser ce jeu !
C’est vrai, la Métaphysique de Dieu
Et ses amours sont infinis ! — mais, dire…

Ah ! plus d’heure ? fleurir sans âge ?
Voir les tableaux lents des Saisons
Régir l’écran des horizons,
Comme autant de belles images
D’un même Aujourd’hui qui voyage ?

Voici le soir !
Grince, musique
Hypertrophique
Des remontoirs !