Les Costumes théâtrales/03

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Costumes
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Les Costumes théâtrales, 1793, bandeau début de chapitre
Les Costumes théâtrales, 1793, bandeau début de chapitre
LE SULTAN A L’OUVRAGE,
OU
TOUT BANDE EN PAREIL CAS.
CONTE III.

C’est au milieu de la scène bourgeoise.
Endroits charmans fréquentés dans Paris,
Où se rassemblent et les jeux et les ris,
Que je trouve occuppée une jeune bourgeoise
A ce jeu si plaisant que Priape d’écrit,
Et que tout mortel aime armé d’un bon gros vit.

Tout le monde connait cet abbé V*** qui sur son théâtre du Faubourg-Saint-Germain, rassemblait les individus de l’un et de l’autre sexe, qui comme certain marquis, s’amusait à perforer et les uns et les autres.

Que l’on soit bougre en pareil cas,
A Dieu plaise que je n’en glose,
Mais hélas ! le foutu tracas,
Quand on s’amuse d’autre chose.

Personne n’ignore que cet abbé était dans l’usage de choisir sa société, et de faire représenter sur son théâtre voluptueux.

Air : Eh ! toujours va qui dure.

A la suite du grand Brutus,
Les faits de Messalines,
Et puis l’on voyait les vertus,
Et ensuite une pine,
Représenter au naturel,
Toute la fouterie,
Ah quel bonheur pour un mortel.
De jouir de la vie.

Ce fameux jour devait se jouer Zaïre, et la comtesse d’Olone, Zaïre fut représentée, mais.

Zaïre avait tant plû, que l’abbé libertin,
Voulût que jusqu’au bout s’accomplit le destin.
Et résolut en docte foutromane,
De contenter l’amoureux Orosmane,
Et de finir la belle tragédie,
En dépit de Voltaire et de l’évènement,
Par une aimable parodie,
Qui contentât et l’amante et l’amant.
Adressant la parole à ses convives,
Là dit-il pour petite pièce,
Je ne veux que du foutre, et qu’il coule sans cesse,
Ah ! laissons-là d’Olone, et son Guiche moulu,
Le bougre ne sait pas comment on prend un cul.

Ressuscitons ici notre joyeux Sultan,
Qu’il foute sa Zaïre au son de ma parole,
Plutôt que d’aller au boucan,
Pour y gagner une triste vérole.

La partie fut accepté,
Suivant le ton, l’allure,
Orosmane ainsi fut dit,
Sut rencontrer dans son vit,
La bonne avanture ô gué,
La bonne avanture.

La toile se leva, et au grand étonnement des spectateurs, on vit entrer le Sultan bien bandant et sa Zaïre, jupes et mantes retroussées, découvrant aux regards, culs, tetons, motte et con. Après les trois révérences d’usage, ils se placèrent sur un trône destiné à cet effet, quatre gardes les avaient suivis, croyant que l’action continuait. Le Sultan dit alors.

Cessez-donc de pleurer, il est bien tems de rire,
Il ne faut plus que foutre, oh ! ma chère Zaïre.
Votre con ne doit plus subir de la tristesse,
Mon vit ne fût jamais exemple de molesse,
Branle-moi mon bijou, je te fouts sans tarder,
Et dans peu mon vit prompt saura bien décharger.
Allons sans balancer, il faut que je t’enconne ;
C’est moi, c’est un Sultan, obéis, je l’ordonne.

Les spectateurs rirent aux larmes ; mais ce fût encore plus quand Orosmane troussant sa déesse, fît voir qu’en effet il était le maître. D’un vit. Ah ! quel vit, il enconna sa Zaïre devant l’assemblée auditoire et visuelle. Que faisaient en ce moment les janissaires ; belle demande, ils se branlaient.

Air : des Marseillois.

Profitant de l’aventure,
Et tout joyeux, tenant leur vit,
D’un con voyant cette structure,
Ils se chatouilloient leur outil,
Ils se chatouilloient leur outil.
Puis poussés d’un audace extrême,
Eh quoi ! notre vaillant Sultan,
Comme en un trop sale boucan,
Eteindra sa fureur suprême.
Branlons, branlons-nous,
Et qu’au défaut des coups,
Chacun,
Chacun,
Décharge, et le plaisir pour nous.

Il se fit un mouvement convulsif, tout banda, tout déchargea, je fis comme un autre, et revenu de mon délire, je passais au conte quatrième.


Les Costumes théâtrales, 1793, vignette fin de chapitre
Les Costumes théâtrales, 1793, vignette fin de chapitre