Les Démoniaques dans l’art/p52

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SAINT IGNACE GUERISSANT LES POSSÉDÉS

GRAVURES (1609, 1610, 1685)

Saint Ignace est un des plus renommés parmi les saints qui ont eu sur les démons un pouvoir tout spécial. Sans parler ici des tableaux que Rubens lui a consacrés et qui sont dans l’espèce les œuvres les plus complètes, ainsi que nous le verrons plus tard, nous avons trouvé un grand nombre de gravures qui représentent saint Ignace délivrant des possédés. Nous en signalerons ici quelques-unes.

Dans une suite de soixante-dix-neuf estampes[1] (0m, 145 de haut) gravées par Corneille Galle le père, et quelques-unes d’après les dessins de Rubens, deux gravures nous intéressent :

N° 44. Comitiali morbo laborantem sublatis in cœlum ocults, ac precibus extemplo sanat.

Le malade est un jeune homme soutenu par deux aides. Il est dans l’affaissement le plus complet, les yeux sont fermés, la face est bouffie ; état qu’en somme on pourrait parfaitement prendre pour l’épuisement qui suit les véritables crises d’épilepsie.

N° 45. . Multos sœpe Energumenos liberat Crucis signo.

Saint Ignace y est représenté entouré de trois énergumènes dont une femme et deux hommes. Leur attitude et leurs gestes n’offrent rien de caractéristique.

Une vignette de la dernière planche d’une autre vie de saint Ignace[2] est consacrée au pouvoir du saint sur les démons. On y voit saint Ignace faisant le geste hiératique, délivrer du démon un jeune garçon qui se renverse en étendant les deux bras et tournant de côté la tête qui grimace. Il est soutenu par un homme. Le diable «’échappe à grandes enjambées. Plus loin deux hommes amènent un autre possédé. Cette gravure est signée (Jean Collaert, sculp.). Nous en donnons un fac-similé plus haut.


SAINT IGNACE DÉLIVRANT UN JEUNE POSSÉDÉ
Fac-simile d’une gravure de Jean Collaert.

Une grande gravure de 1625 réunit en de nombreuses vignettes les circonstances mémorables de la vie du saint. Deux d’entre elles sont consacrées à la question des possédés.

Nous signalerons encore deux grandes gravures de de Poilly représentant saint Ignace guérissant des possédés. Dans l’une d’elles c’est une femme portée presque la tête en bas par deux aides. Dans l’autre c’est un homme qui se renverse violemment en arrière, la bouche ouverte, les yeux hagards. Sans rencontrer ici rien de remarquable au point de vue du naturalisme de la convulsion, nous constatons que ces gravures s’éloignent de la tradition et nous n’y retrouvons plus la figuration du diable qui s’échappe[3].


  1. Vita beati P. Ignatti Loyolœ Socistatis Jesu fondatoris. Rome, 1609.
  2. Vita beati patrit Ignatii Loyola religionis Socistatis Jesu fondatoris ad vivam expressa ex ea quam P. petrus Ribademeyra ejusdem societatis Theologus. Ad Dei gloriam et piorum hominum usum ac utililatem olim scripsit ; deinde madriti pingi, postea in œs incidi et nunc demum typis excudi curavit. Antuerpiæ anno salutis CD. DC. X.
  3. On a signalé dans une note de la préface (p. ix) la représentation d’ailleurs assez médiocre du miracle de saint Ignace, qu’on trouve à Salamanque dans le couvent de Saint-Domingo.