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Les Dévoyés/Texte entier

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LES


DÉVOYÉS
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LES DÉVOYÉS




I

Et, comme la lampe avait encore un peu d’huile, Roger lui donna un tour de clef, cacheta une lettre, et commença l’épitre suivante :

Londres, ce 20 octobre.
Madame, ma chère amie,

Vous aviez raison, ces trois mois d’absence étaient le seul remède ; sauf la bonne amitié, je crois tout disparu. Remarquez que j’écris : je crois ; seulement, je ne voudrais point passer la mauvaise saison ici, et la mauvaise saison bien plus que tout autre sentiment me fait souhaiter de revenir. Voilà pourquoi j’ai réuni mes efforts pour vous arracher de mon cœur avant l’hiver. Je suis un frileux, vous le savez ; Page:Montifaud - Les devoyes.pdf/11 Page:Montifaud - Les devoyes.pdf/12 Page:Montifaud - Les devoyes.pdf/13 Page:Montifaud - Les devoyes.pdf/14 Page:Montifaud - Les devoyes.pdf/15 Page:Montifaud - Les devoyes.pdf/16 Page:Montifaud - Les devoyes.pdf/17 Page:Montifaud - Les devoyes.pdf/18 Page:Montifaud - Les devoyes.pdf/19 Page:Montifaud - Les devoyes.pdf/20 Page:Montifaud - Les devoyes.pdf/21 Page:Montifaud - Les devoyes.pdf/22 Page:Montifaud - Les devoyes.pdf/23 Page:Montifaud - Les devoyes.pdf/24 Page:Montifaud - Les devoyes.pdf/25 Page:Montifaud - Les devoyes.pdf/26 Page:Montifaud - Les devoyes.pdf/27 Page:Montifaud - Les devoyes.pdf/28 Page:Montifaud - Les devoyes.pdf/29 Page:Montifaud - Les devoyes.pdf/30 Agar qui expirait à souffle pressé comme l’esclave antique sachant ne se forcener qu’en dedans, et dont le secret ne coulait point aux creux de la bouche, mais qui avait une certaine façon à elle de regarder son bourreau.

Bellefleur n’était plus là, et, quelque vitesse que mit Roger à se dépêtrer de la cohue, il stationna un instant et en profita pour tâcher de saisir quelques phrases captivantes dont il n’entendit que le commencement. Il savait de qui on parlait à mots couverts, mais on se méfiait en observant son attention. Ce retard fut cause qu’il ne put parvenir jusqu’à Mme de Sérigny. Il l’aperçut traversant un triple rempart de curieux qui formaient presque la haie, et feignaient de ne point la reconnaître ; lorsqu’après avoir trépigné les pieds de quelques dames, il s’élança, enragé, après Renée, elle venait de monter en voiture depuis trois minutes. Quelques personnes le virent alors renoncer à poursuivre Mme de Sérigny, et se retourner vers la foule à laquelle il parut montrer le poing.


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SECONDE PARTIE

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VIII


Six semaines après ces événements qui émurent un instant le monde parisien, le docteur Dupuy de Clauzières, ayant la Revue Anthropologique sous son bras, suivait pensivement la rue de la Ville-l’Évêque où il habitait, se rendant à une séance de l’Académie de Médecine. Ses doigts mous, faute de laisser flotter les rênes sur des coursiers qu’il ne possédait pas, restaient inertes. Son esprit remontait la pente des derniers incidents. Il se remémorait les circonstances de la condamnation qui renvoyait Belle-fleur à sa prison et appliquait deux années à Caroline ; mais, il n’était pas sans inquiétude sur l’issue des manœuvres qui allaient attirer l’échec ou la réussite de ses intrigues contre Mme de Sérigny. Il savait que Renée venait de rejoindre son mari à Vienne où il se rendait un mois avant pour solliciter une entrevue de l’Impératrice. Il savait que le petit Jacques avait succombé à une méningite à la suite d’une rougeole.

Le « n’honnête homme » n’étant pas très-bien renseigné sur la suite de l’aventure, se montrait fort perplexe. Page:Montifaud - Les devoyes.pdf/324 Page:Montifaud - Les devoyes.pdf/325 Page:Montifaud - Les devoyes.pdf/326 Page:Montifaud - Les devoyes.pdf/327 Page:Montifaud - Les devoyes.pdf/328


IX



Non, le rêve est et sera toujours dépassé par la réalité, dans les liaisons bizarres de notre temps. La réalité a son fanatisme qui la pousse, alors qu’on la croit parquée dans un endroit incapable de nous susciter de nouveaux délires ; quand tout est fini, il lui reste encore quelque chose à nous faire connaître. Cependant, la femme que nous avons possédée, et que nous retrouvons en deuil après une rupture, n’offre plus à nos désirs l’apaisement enivrant. Grande, mince, triste, vêtue d’une robe sombre, ce noir subit demeure pourtant encore une des pourpres de l’amour, car c’est en quelque sorte comme la fumée de l’incendie voluptueux qui nous a dévoré la vie. — Dans ces moments-là on se parle, on se questionne, on se répond rien qu’en se regardant. Les pensées sont stagnantes comme dans un bain de phrases douces ; le déchirement de l’être s’accomplit peu à peu. Cet état n’est pas dénué de jouissance, l’abattement qui succède à la crise permet un jour ou deux de s’entretenir avant d’ensabler l’affection. Page:Montifaud - Les devoyes.pdf/330 Page:Montifaud - Les devoyes.pdf/331 Page:Montifaud - Les devoyes.pdf/332 Page:Montifaud - Les devoyes.pdf/333 Page:Montifaud - Les devoyes.pdf/334 Page:Montifaud - Les devoyes.pdf/335 Page:Montifaud - Les devoyes.pdf/336 Page:Montifaud - Les devoyes.pdf/337 Page:Montifaud - Les devoyes.pdf/338 Page:Montifaud - Les devoyes.pdf/339 Page:Montifaud - Les devoyes.pdf/340 Page:Montifaud - Les devoyes.pdf/341 Page:Montifaud - Les devoyes.pdf/342 Page:Montifaud - Les devoyes.pdf/343 Page:Montifaud - Les devoyes.pdf/344 Page:Montifaud - Les devoyes.pdf/345 Page:Montifaud - Les devoyes.pdf/346 Page:Montifaud - Les devoyes.pdf/347 Page:Montifaud - Les devoyes.pdf/348 Page:Montifaud - Les devoyes.pdf/349 ou qui vous tuent. Roger avait bien fait de s’affranchir d’une vie ennuyeuse. En ce qui concernait l’étrangeté de l’acte à l’exécution duquel sa promesse la rivait, du moins le paroxysme de l’action en elle-même l’empêcherait peut-être d’aimer jamais plus. Comment supposer qu’ayant sur les lèvres l’arrière-goût de cette poussière, les lèvres d’un autre dussent parvenir à s’y appuyer ? Elle subit cette détresse affreuse voilée dans le crépuscule seulement. Tout le temps qu’il y eût de la flamme devant elle, elle regarda, voulant parcourir jusqu’au bout ce nouveau genre de martyre ; elle mangeait de la douleur ; elle se repliait dans son passé pour en boire davantage. Vaguement elle pensait à ces grandes torturées du paganisme auxquelles il fut donné sur des plages isolées, barbares, d’assister à cette étreignante convulsion de la vie terrestre dans la personne de l’homme qu’elles dévoraient de leurs lascives caresses ; ainsi, cette nature enfermait uniquement pour elle un pareil supplice. Un grand vent d’Est se prit à souffler. — Non, il ne partait pas, ce Roger tant aimé, sur les nuages colorés du matin ; mais au contraire, cette destruction poursuivait son terme sur le fond noir de la nuit, vrai fond d’enfer. Elle songeait à cette sinistre communion avec la cendre, à cet hyménée bizarre dont, quelques jours avant, il lui arrachait la promesse, et son âme, à elle aussi, restait suspendue au fil de la rafale.

Qui donc, parmi les vivants, aurait pu soupçonner qu’en une vallée isolée de la Lombardie Mme de Sérigny était alors perdue à une heure semblable, épiant le consummatum est de sa destinée heureuse ? — Quel cerveau, parmi ceux de ces frêles Parisiennes, se serait révélé assez vaste pour arriver à la conception d’une telle audace de dénouement ? la plus résolue n’eût-elle pas vu sa fièvre de volonté s’affaisser en elle à l’idée d’affronter si effroyable spectacle ? Elle restait décidée à tout accomplir jusqu’à la fin, la superstitueuse femme. Dans son teint de bohémienne, jauni en deux mois, les violences grondantes de sa passion ondèrent encore une fois sur les surfaces de son être ; les derniers débordements de ses heures de souffrance lui cuisaient aux joues cette nuance, ce masque basané qui témoignait de leur force irrécusable, et ridaient ses paupières trop précocement lasses. On eût dit qu’en se décidant enfin à rompre son immobilité, toutes les incandescences de l’amour la fouettaient de nouveau ; et, quand les flammes eurent achevé de consumer le corps, elle s’approcha, sous l’effort d’une impulsion suprême, essayant de toucher de ses mains égarées les cendres encore ardentes…


FIN



Paris. — Typ. Collombon et Brûlé, rue de l’Abbaye, 22.
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