Les Deux Filles de monsieur Plichon/55

La bibliothèque libre.
Librairie de Achille Faure (p. 295-306).

CINQUANTE-CINQUIÈME LETTRE.

WILLIAM À GILBERT.

26 décembre.

Aussitôt cette lettre reçue, cher ami, cours chez Delage et prends cinq mille francs que tu m’enverras. C’est une dette d’honneur et d’humanité, que je dois acquitter le plus tôt possible. Nous venons d’avoir ici une triste et chaude affaire, et si les choses avaient été poussées à l’extrême, comme le voulait une passion féroce, il y aurait eu de grands malheurs.

M. Plichon avait eu le tort, par ce temps de famine, de garder une assez grande quantité de blé dans le grenier de sa maison. Ce n’était point une spéculation ; ce blé lui avait été remis en payement, à la suite d’une faillite ; mais, soit odieux calcul, soit imprévoyance, ou plutôt peut-être par un sot entêtement, il s’obstinait, malgré les instances de sa femme, à ne pas le vendre. L’effet naturel de cette conduite fut qu’on le signala comme accapareur, et qu’une sourde colère s’amassa contre lui. D’autre côté, le bruit de cette fortune sur laquelle il compte s’étant répandu, on ne recevait plus qu’avec indignation l’aumône, dérisoire en effet pour ces temps de misère, qu’il fait donner à sa porte. Ses ennemis attisaient le mécontentement public par des calomnies ; car il a pour ennemis tous ces paysans, gros propriétaires, qui, lui étant à peu près égaux en richesse, jalousent son titre et ses manières de monsieur, et lui en veulent de sa morgue vis-à-vis d’eux.

De toutes les mauvaises passions soulevées dans cette affaire, la plus excusable à coup sûr est celle qui fit accourir dimanche soir, au Fougeré, cette bande affamée, composée d’une vingtaine d’hommes, d’une douzaine de femmes et de quelques enfants furieux et hagards, formant l’arrière-garde. Comme à l’ordinaire, la famille était allée le matin à Sanxenay, et moi, me trouvant seul dans la maison (plus que seul, car elle était à quelques pas de moi dans sa chambre et je ne pouvais la voir), je sortis. J’errais dans la lande quand Leyrot m’aborda.

Je t’ai parlé de Leyrot, le père de Mignonne, qui fit contre moi cette malheureuse tentative dans les bois, il y a un mois environ. Je ne l’avais rencontré qu’une fois depuis ; il m’avait salué en baissant les yeux, et, comme je lui offris de l’argent, il me refusa, disant qu’il avait quelque chose encore. Cet homme, déjà, m’inspirait de l’estime et de l’intérêt. Ce qu’on m’apprit de lui m’en inspira davantage. Il a été riche autrefois et le serait encore, s’il s’était borné à faire comme les autres ; mais il conçut des plans d’amélioration agricole et voulut les réaliser. L’instruction lui manquant, il fit fausse route et ne réussit qu’à manger son patrimoine. Le paysan, ami de la routine, lui eût à peine pardonné son succès ; on récompensa naturellement du dernier mépris ses malheureuses tentatives. Rejeté de ses anciens pairs et tombé au rang des pauvres, Leyrot ne trouva parmi ceux-ci même que raillerie insultante, jalousie du passé. En outre, il resta fier. Il demanda du travail ; mais comme il avait été maître, on se défia de sa force et de son obéissance, en tant que manœuvre, et aucun propriétaire ne se soucia de l’employer. Il a vendu successivement toutes ses terres ; mais il s’est obstiné à garder sa maison de ferme, située près du hameau du Fougeré. Sa femme y est morte ; il veut, dit-il, y mourir aussi. Le travail de sa fille ne pouvant suffire à les nourrir l’un et l’autre, le besoin et l’oisiveté l’ont jeté dans le braconnage. Il jouit cependant de la réputation d’un très-honnête homme, et au temps de sa fortune il était généreux.

Au moment où Leyrot m’aborda, je songeais précisément à la famine qui désole le pays, et à l’immense quantité de grains qu’eût fournie cette lande inculte ; je voyais, comme en un mirage, la lande défrichée, une grande ferme bâtie, à peu près au milieu, des bœufs, des charrues, d’abondants pacages, un peuple de travailleurs. Sous l’influence de ce rêve, le poids écrasant qui m’accable était soulevé ; j’étais presque heureux.

Je communiquai ces idées à Leyrot et il me dit que c’avait été son rêve de défricher tout ce grand espace, que ça l’aurait rendu riche et capable d’aider bien du monde aussi.

— Mais ce n’est pas tout ça, me dit-il tout à coup en s’interrompant, est-ce que mamzelle Édith est à la maison ?

— Elle doit être dans sa chambre, répondis-je.

— Nous ferions bien. Monsieur, reprit Leyrot, d’aller au Fougeré voir ce qui s’y passe.

— Pourquoi cela ? demandai-je.

Mais il refusa de s’expliquer et ne dit que des choses incohérentes, où je démêlai seulement qu’il avait de l’inquiétude, pour des motifs qu’il voulait cacher.

La maison était fort tranquille ; nous vîmes par une brèche du jardin la voiture arriver de Sanxenay ramenant la famille Plichon ; le jardinier rôdait dans la cour. Quoiqu’il fît une bise glaciale, je ne voulais pas rentrer, je suis toujours mieux dehors, et je continuai, pour dire quelque chose, de causer avec Leyrot de ce rêve commun à lui et à moi du défrichement de la lande. Je vis où il échouait. Comme presque tous les esprits ardents que leur but passionne, il compte pour peu le temps et les difficultés. Sa conception l’éblouit et lui cache tout le reste. Je me fis instruire par lui-même des détails de la pratique pour les lui représenter. J’exigeai qu’avant la moisson nous fissions le labourage, et nous commencions enfin le défrichement sur des bases à peu près sûres, quand une clameur et des coups frappés à la porte de la cour attirèrent notre attention.

— Les voilà ! s’écria Leyrot.

— Qui donc ?

— Eh ! ceux qui ont faim ! Aussi, Monsieur, pourquoi monsieur Plichon met-il là haut tant de blé qui ne fait rien ? Est-ce pas, dirait-on, à seule fin d’agacer les gens ? Mais pour moi, Monsieur, la vilaine chose que j’ai faite, vous savez, sera la première et la dernière. On peut bien après tout mourir de faim. Seulement je ne veux pas qu’on vous fasse de mal, ni à mamzelle Édith, et je cours chercher mon fusil pour vous défendre. Rentrez, ça ne sera pas long ; je l’ai caché dans le bois.

Il s’enfuit en courant, avant que plein de surprise j’eusse pu lui répondre. Je rentrai au moment où les domestiques éperdus venaient barricader la porte du jardin. Comme dans beaucoup d’anciennes demeures, les fenêtres sont garnies de volets à l’intérieur. On les fermait aussi ; partout devant mes pas, l’obscurité se faisait et j’eus à peine le temps de reconnaître toutes ces pâles figures, bouleversées par la terreur. Édith n’était pas là ; mais nul danger ne la menaçait encore. Je sentis les mains de maman qui cherchaient les miennes :

— William, nous sommes perdus ; je connais mon mari ; tâchez d’obtenir qu’il cède.

— N’avez-vous pas sur lui plus d’influence que moi ? répondis-je.

— Hélas ! dit-elle, jusqu’à la bourse, comme toute amitié vulgaire.

— William ! s’écria Blanche en se jetant dans mes bras, je suis folle de peur !

— Ce n’est pas le moment, ma chère enfant, dis-je en la déposant sur un fauteuil. Nous avons tous besoin de courage et de sang-froid.

Clotilde, évoquant tout haut les idées les plus funestes, passait d’une chambre à l’autre en poussant des gémissements, comme si elle se fût chargée d’énerver tout le monde. Le cousin Marc était tout petit garçon et ne disait mot, bourré sans doute de pensées qu’il ne voulait point émettre. Il aidait maman à consolider la porte d’entrée, où l’on frappait toujours.

Je trouvai dans la cuisine M. Plichon, occupé à haranguer les domestiques. C’était à grand renfort des expressions les plus vives, et il s’efforçait de faire sentir à ses auditeurs, aussi vivement qu’il en était convaincu lui-même, que la propriété est ce qu’il y a de plus nécessaire au monde : Ces insensés fauteurs des plus honteux désordres, s’écria-t-il en finissant, voudraient qu’il n’y eût plus de maîtres. Et que deviendraient les domestiques, je vous le demande ?

La cuisinière se prit à pleurer en disant que c’était bien vrai, et que pour elle, elle prendrait plutôt sa broche à rôti pour empêcher ces gueux de toucher à sa cuisine. Jean assura qu’il ne souffrirait pas qu’on fît du mal à monsieur ni à ces dames ; le jardinier regrettait fort, je crois, de n’être pas au jardin ; il faisait cependant assez bonne contenance.

Rouge jusqu’à la racine des cheveux, les yeux hors de la tête, M. Plichon se mit alors, avec une activité fébrile, à distribuer à chacun son arme ou son emploi. Gonde eut pour fonction de fondre des balles. Comme il décrochait deux vieux fusils pendus à la cheminée :

Vous, me dit-il, William, vous prendrez celui d’Anténor. Ah ! s’il était là !

Je tirai M. Plichon à part et lui représentai que, malgré ses armes et son courage, l’issue de la lutte était fort douteuse, vu le nombre des assaillants. Les portes pouvaient à la fin céder. Excités par la résistance, ils pouvaient se porter aux derniers excès. Ce qui rendait ces gens agressifs et furieux, c’était la faim ; on pouvait donc les satisfaire en livrant le blé, et ce sacrifice peu grave préservait des malheurs les plus terribles.

Je n’oublierai jamais le regard qu’il me lança. On y lisait clairement que l’amour-propre et l’amour de la propriété peuvent pousser un disciple de Voltaire à d’aussi grands excès que ceux du fanatisme religieux.

— Je défendrai jusqu’au bout ma propriété et ma famille, me répondit-il, plaçant naïvement en premier lieu ce qui l’occupait le plus. Je ne commettrai point la lâcheté de céder à ces brigands. Si vous avez peur, je me charge des deux fusils.

Sans me fâcher, je haussai les épaules et pris le fusil d’Anténor :

— Je défendrai, lui dis-je, votre famille que vous mettez en péril pour un peu d’argent ; quant à tirer sur des hommes qui demandent du pain, je ne le ferai pas.

En même temps, je le quittai pour aller voir ce que devenait Édith. Du bas de l’escalier, j’entendis sa voix. Elle parlait aux assaillants ; on avait cessé d’ébranler la porte. Je courus me placer auprès d’elle, à la fenêtre de l’escalier donnant sur la cour, et je contemplai la foule. Il y avait sur tous ces visages bien plus de malheur que de colère ; quelques-uns avaient l’air égaré, quelques-uns baissaient la tête. Deux ou trois criaient et gesticulaient ; et j’aperçus dans les groupes Leyrot qui, son fusil sur l’épaule, tâchait de leur persuader de battre en retraite.

— Je vous en prie, disait Édith — et je ne vis jamais expression plus noble, et plus touchante — je vous en prie, songez aux suites de tout ceci : je connais bien mon père ; il ne cédera pas à la menace. Il y aura donc, si vous persistez, de grands malheurs, et quand même vous seriez vainqueurs et que vous pourriez emporter le blé, songez que dès demain les gendarmes seraient chez vous, et que vous seriez emmenés en prison, condamnés aux fers pour toute votre vie. La loi est terrible contre des actions pareilles à celle que vous faites. Retirez-vous donc promptement, je tâcherai d’obtenir de mon père qu’il donne le blé, ou vous le vende à crédit. Mais au nom de votre vie et de votre liberté, retirez-vous. En ce moment, vous semblez les plus forts ; demain, mes pauvres amis, la société tout entière serait contre vous, et elle vous écraserait.

Un grand nombre d’entre eux se regardèrent et j’entendis qu’ils disaient :

— La demoiselle a raison.

— Mais un homme aux joues creuses, au corps décharné, vrai martyr de la misère, s’écria :

— Qu’est-ce que ça nous fait ? mourir pour mourir ! Ceux qui auront le cou coupé ne souffriront plus ; ceux qui seront en prison mangeront du pain.

— Oui ! oui ! crièrent-ils, c’est vrai, mourir pour mourir ! Et ce furent de toutes parts des clameurs, des plaintes. Une femme montrait son sein, où la peau se collait aux os. Une autre criait :

— Avoir du blé tant que ça chez soi, et laisser crever les gens comme des chiens, faut n’avoir pas de cœur !

Ce fut le signal de cris et de vociférations, où les menaces les plus terribles furent prononcées contre le père d’Édith. Celle-ci descendit rapidement et je la suivis. Elle courut à son père, lui prit les mains et le conjura de donner satisfaction à ces hommes, qui réclamaient un droit plus grand, plus sacré que celui de la possession de quelques sacs de grains ou de pièces d’argent. Mais M. Plichon la repoussa, la traitant de folle.

— Mon père, dit Édith, avancez-moi ma pension de l’année prochaine, et vendez-leur ce grain au prix du marché.

— Veux-tu que je te casse la tête, cria-t-il en écumant ; prends garde, mon fusil a besoin de partir.

Il était réellement fou, et fou furieux, au point que je demandai à Mme Plichon si elle m’autorisait à le désarmer, et à le réduire à l’impuissance.

— Non, me dit-elle en frémissant, attendons ; tout ce que je puis sur lui, je l’essayerai.

Les coups recommençaient et devenaient furieux : la porte s’ébranlait. Édith se retira en disant à son père que, s’il tirait sur ces pauvres gens, il la trouverait au bout de son fusil. Comme pour répondre à cette menace, M. Plichon s’élança aussitôt à l’étage supérieur, en ordonnant à Jean et au jardinier de le suivre ; mais sur un signe de maman ils restèrent, et seule elle courut sur ses pas. Je ne savais plus où était Édith, et j’eus peine à m’arracher des mains de Clotilde et de Blanche que Forgeot ne rassurait guère.

Et à ce propos, si l’on avait eu le temps de rire, il faut dire qu’il faisait la plus drôle de mine, partagé entre ses angoisses et la crainte de paraître lâche aux yeux de Clotilde ; il proposait toutes sortes d’héroïques résolutions, qu’il trouvait ensuite moyen de ne pas exécuter.

Parvenu en haut de l’escalier, j’entendis les éclats de l’entretien qui avait lieu entre M. Plichon et sa femme dans une chambre du premier étage, et, courant à la fenêtre, je vis Édith dans la cour. Je sus plus tard qu’elle avait passé par une fenêtre du côté du jardin, en ordonnant à Gonde de la refermer sur elle. Je la rejoignis, grâce à mes leçons de gymnastique, en sautant tout simplement en profondeur, sur la pointe des pieds, du premier étage, qui n’a pas plus de vingt pieds de haut. Le gazon de la cour me reçut assez mollement et Leyrot en un instant fut à mes côtés ; mais aucun de ces pauvres assaillants n’avait eu l’idée de me faire le moindre mal.

Édith distribuait à ces gens tout l’argent qu’elle avait, une centaine de francs, les suppliant de se retirer. Une idée me vint, que je fus stupide de n’avoir pas eue plus tôt :

— Écoutez, dis-je à la foule, je sais qu’il n’y a pas là-haut dans le grenier plus de cinq cents boisseaux de froment ; je m’engage à vous en livrer, dans huit jours, cinq cent cinquante chez cet homme, — je montrais Leyrot, — qui vous le distribuera suivant le nombre de bouches qu’il y a dans chaque famille. Est-ce convenu ?

La plupart crièrent : Oui ! oui !

— C’est le monsieur aux cinq sous, disait-on à demi-voix.

— Eh bien ! retirez-vous au plus vite maintenant, et que chacun se tienne bien tranquille chez soi ; car il y a eu déjà trop de bruit, et j’ai peur qu’on nous ait entendus jusqu’à Vivonne.

— Les gendarmes ! murmurèrent-ils, comprenant l’allusion, et les yeux d’un grand nombre se portèrent naïvement du côté de la ville, qui est à trois lieues.

J’aurais voulu parler avec plus de douceur et d’effusion à ces pauvres gens, qui se fiaient si facilement à ma parole ; mais un coup de fusil parti des fenêtres pouvait tout perdre ; mes derniers mots avaient répandu la panique parmi ces esprits timides ; je la laissai agir et en moins de cinq minutes la cour se vida. Il n’y resta bientôt plus que Leyrot, que je congédiai en le remerciant. Clotilde vint nous ouvrir une fenêtre du rez-de-chaussée, et j’osai enlever dans mes bras ma chère Édith, que la joie maintenant rendait tremblante. Elle ne me dit rien ; mais, s’adressant à Blanche qui était là :

— Embrasse-le, c’est lui qui nous a sauvés.

Blanche répondit — d’un air qui, si l’on ne se respectait soi-même, vous donnerait envie de souffleter une femme :

— Oui, la diplomatie lui convient mieux que la guerre.

— Ma chère, lui répliquai-je, si vous aimez les spadassins, je n’en suis pas, et s’il faut être monté sur des cadavres pour vous paraître un héros, je consens à votre mépris.

Je lui tournais le dos quand je reconnus près d’elle Prosper Coulineau. Au bruit de l’émeute, exalté par les périls de sa belle, cet amant malheureux était accouru ; il avait pu pénétrer dans la maison en même temps qu’Édith en sortait et il était venu faire hommage à Blanche de son dévouement et de sa valeur. Cette action, et les discours de paladin que, dans son exaltation, le jeune homme aura tenus, mis en regard de ma conduite diplomatique et de mon peu d’égard pour les frayeurs inutiles, doit en effet m’avoir nui considérablement dans cet esprit puéril et romanesque. Fasse le ciel qu’il en soit ainsi, et que Prosper Goulineau joigne les myrtes de l’amour aux lauriers de la gloire ! Je ne voudrais pourtant pas, même au prix de mon salut, que le sang d’un de ces malheureux eût rendu Prosper plus aimable aux yeux de Blanche. Ayons de l’humanité, que diable ! puisque la femme douce et sensible, ce chef-d’œuvre de sentiment, se plaît aux sanglants trophées et chérit les pourfendeurs.

Et moi, qui donne ici dans la sottise commune de me piquer au vif, parce qu’on doute de ma valeur, je laisse toutes ces folies pour te dire, mon Gilbert, que j’espère un peu. M. Plichon, à ce qu’il paraît, est très-irrité de ma conduite. Il est au lit, malade d’une sorte de coup de sang, causé par les émotions de la journée. Il me reproche d’avoir compromis son honneur en traitant au lieu de combattre et de dissiper follement les restes de ma fortune. Il est certain que, sans cette clause du régime dotal, à laquelle je me suis, hélas ! engagé moi-même, il aurait déjà rompu le mariage. Malheureusement, cela le rassure. Cependant, grâce à son caractère irritable, que je ne compte point ménager, notre première entrevue peut être une rupture.

On vient de découvrir la source indiquée par le vieux. Il voyait donc bien. Parfois, l’espérance m’afflue au cœur, me monte au cerveau, m’enivre. Quelle attente !

L’heure du facteur est proche. Je te dis adieu. Envoie la somme immédiatement. Je tiens à être ponctuel, et il nous faut encore le temps d’acheter et de faire venir tant de sacs de blé.