Les Enfantines du bon pays de France/Dieu et Patrie
« Comment Dieu, disait Paul, peut-il être partout,
Puisqu’on ne le voit pas du tout ?
— Moi, je sais bien comment, dit Petit-Jean, c’est comme
Un verre d’eau sucrée où le sucre est fondu. »
Ce n’était pas trop mal pour un petit bonhomme,
Plus d’un sage peut-être eût moins bien répondu.
Dieu n’a ni bras, ni pieds, ni jambes, ni visage.
— Il a bien une bouche au moins ?
— Pas davantage !
— Comment est sa couleur ?
— Il n’est ni blanc ni noir ;
Il n’a rien que l’on puisse ou mesurer ou voir.
Enfants, le Dieu que votre mère
Vous dit de prier tous les jours,
A créé le ciel et la terre,
Les bois, les oiseaux, la lumière,
Les fleurs qui renaissent toujours.
Depuis le jour de ma naissance
Qui donc a soin de mon enfance ?
C’est celle à qui durant le jour je pense.
Oh ! ma mère, sois mes amours
Toujours !
Qui, lorsque je souffre, s’éveille,
A mes plaintes prêtant l’oreille ?
Près de moi qui passe les jours et veille ?
Toi, ma mère, sois mes amours
Toujours !
Le ciel est noir, la terre est dure,
Le vent dans les arbres mugit,
Que deviendras-tu dans la nuit,
Sous la neige et sous la froidure ?
Où sont, mon Dieu, ceux qui devraient sur terre
Guider mes pas ?
Tous les enfants ont un père, une mère ;
Je n’en ai pas !…
Mais une voix murmure à mon oreille :
Lève les yeux ;
Pour l’orphelin un père est là qui veille
Du haut des cieux.
Veillez sur moi quand je m’éveille,
Bon ange, puisque Dieu l’a dit ;
Et chaque nuit, quand je sommeille,
Penchez-vous sur mon petit lit.
Ayez pitié de ma faiblesse,
A mes côtés marchez sans cesse,
Parlez-moi le long du chemin ;
Et, pendant que je vous écoute,
De peur que je ne tombe en route,
Bon ange, donnez-moi la main.
Mon fils, un jour sur cette terre,
Loin de ta mère
Tu marcheras.
Ah ! plus puissant que ma faiblesse,
Que Dieu sans cesse
Guide tes pas.
(Sandoz et Fischbacher, éditeurs. 1877.)
Dieu ! le petit enfant,
Sur ta gloire infinie,
En sait autant
Que le savant,
Que le plus grand génie.
Le plus petit oiseau
S’évertue à te plaire ;
L’humble roseau,
La terre et l’eau
Te chantent leur prière.
Répands à pleines mains
Tes dons sur la nature.
Les fruits, les grains,
Les doux raisins,
Que tous aient leur pâture !
Fais que les ennemis,
Oubliant leurs querelles,
Vivent unis
Et soient épris
Des beautés éternelles !
Dieu de bonté, répands
Des trésors de tendresse
Sur nos parents ;
Que leurs enfants
Honorent leur vieillesse !
Exaucez-nous, Seigneur ! exaucez-nous, Seigneur !
Daignez nous rendre ce jour prospère.
Veillez sur nous toujours, ô notre Père !
Nous vous offrons nos vœux et notre cœur.
La France est belle,
Ses destins sont bénis :
Vivons pour elle !
Vivons unis !
Passez les monts, passez les mers,
Visitez cent climats divers,
Loin d’elle, au bout de l’univers,
Vous chanterez fidèle :
La France, etc.
Vaisseaux, courez à tous les bords,
De nos deux mers quittez les ports,
Donnez sa part de nos trésors
Au monde qui l’appelle !
La France, etc.
Faut-il défendre nos sillons,
Soudain cent jeunes bataillons
S’élancent, brûlants tourbillons,
Où la foudre étincelle.
La France, etc.
O myrtes verts, doux orangers,
Coteaux chéris des étrangers,
Vallons, jardins, forêts, vergers,
Moisson toujours nouvelle !
La France est belle,
Ses destins sont bénis :
Vivons pour elle !
Vivons unis !
Souvenirs du jeune âge
Sont gravés dans mon coeur,
Et je pense au village
Pour rêver au bonheur.
Ah ! ma voix vous supplie
D’écouter mon désir :
Rendez-moi ma patrie
Ou laissez-moi mourir !
(bis)
De nos bois le silence,
Les bords d’un clair ruisseau,
La paix et l’innocence
Des enfants du hameau.
Ah ! voilà mon envie,
Voilà mon seul désir :
Rendez-moi ma patrie
Ou laissez-moi mourir !
(bis)