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Les Enfantines du bon pays de France/Histoires des bêtes

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Les Enfantines du bon pays de France
Les Enfantines du bon pays de FranceSandoz et Fischbacher (p. 266-286).


Histoires des Bêtes.


QUAND TROIS POULES VONT AUX CHAMPS.


Quand trois poules vont aux champs,
La premier’ march’ par devant,
La second’ suit la première,
La troisièm’ march’ la dernière.
Quand trois poules vont aux champs,
La premièr’ march’ par devant.


LE CRICRI.


Cri ! cri !
Quel est ce cri,
Cette plainte touchante ?
Cri ! cri !
Comme du cri,
De ce grillon qui chante,
Mon cœur est attendri !


LA CIGALE.


Je suis la petite cigale,
Qu’un rayon de soleil régale,
Et qui meurt quand elle a chanté,
Tout l’été.

J. Aycard[1].


LE PETIT COQ : TIC-TOC.


Tic, tac, toc,
Quel est ce coup sec ?
Ric, rac, roc,
C’est d’un petit bec ;
Cric, crac, croc,
La coquille casse ;
Fric, frac, froc,
C’est l’ergot qui passe ;
Clic, clac, cloc,
C’est Coquet Tic-toc,
Flic, flac, floc,
C’est le Petit Coq.


LE POULET.


Petit poulet, petit poulet,
Que fais-tu donc là, s’il te plaît ?

Tu viens toujours dans le parterre,
Au lieu de t’en aller ailleurs ;
Tu nous tires toutes nos fleurs :
Vraiment tu ne te gênes guère.

Petit poulet, petit poulet,
Va-t’en bien vite, s’il te plaît.
Et prends garde qu’on ne te voie :
Petite maman te prendrait,
Et petit papa te battrait.
C’est pour ton bien qu’on te renvoie.

Petit poulet, petit poulet,
Va-t’en bien vite, s’il te plaît.

D. Gramont. (Les Bébés.
Hetzel, éditeur.)


MINETS.


Venez ici, minets mignons,
Et nous dites vos petits noms,
— Bibi — Raton — Grippefinette.
Mais celui-ci qui ne dit mot,
Et n’a jamais barbette nette,
Ah ! celui-ci, c’est Fouille-au-pot.

Et de talent comme de mine,
Chacun d’eux répond à son nom.
Bibi fait sa cour au salon,
Au jardin guette Grippefine,
Raton traque au grenier les rats,
Fouille-au-pot, lui, tient la cuisine,
Et met la cuisinière, hélas !
Souvent en terrible embarras.

J’en sais maints petits chats et chattes
Pareils, qui n’ont pas quatre pattes.

Ch. Marelle (d’après Hey).


CHAT-FRIAND ET CHAT-FROGNEUX.


Minette a deux petits chatons,
Tous deux bien gentils, bien mignons,
Mais deux petits gourmands tous deux ;
C’est Chat-friand et Chat-frogneux.
Chat-frogneux refrogne sur tout,
Il ne trouve rien à son goût.
Chat-friand veut à tout goûter,
Il ne songe qu’à friander.
Chat-frogneux lèche, eût-il grand faim,
Le beurre et laisse là le pain.
Chat-friand, lui, n’eût-il plus faim,
Ne veut rien laisser pour demain.
Aussi, Chat-frogneux n’est pas gras,
Chat-friand ne profite pas.
Ces pauvres petits, vite, il faut
Les guérir d’un pareil défaut !
Mais pour cela que leur donner ?
« Du bon pain sec pour tout dîner ! »

Ch. Marelle. (Le Petit Monde.
Hetzel, éditeur.)


CHIEN ET CHAT.


Une mère avait deux enfants :
Nicette avec Jean-Pierre.
Tous deux étaient, sinon méchants,
De mauvais caractère.
Crier par-ci, pleurer par-là,
On n’entendait que cela
Dans le logis de la mère
A Jean-Pierre.

Quel joli petit chien c’était
Que le chien à Jean-Pierre !
Comme il dansait, comme il sautait
D’une leste manière !
Médor par-ci, Médor par-là !
On n’entendait que cela
Dans le logis de la mère
A Jean-Pierre.


Or, Nicette, de son côté,
Possédait une chatte,
Blanche et charmante en vérité,
Jouant bien de la patte.
Minette ci, Minette là !
On n’entendait que cela
Dans le logis de la mère
A Jean-Pierre.

Chien et chat ne sont pas d’accord :
La chose est peu nouvelle.
Aussi Minette avec Médor
Se cherchèrent querelle,
Criant par-ci, criant par-là ;
On n’entendait que cela
Dans le logis de la mère
A Jean-Pierre.

Par l’habitude, avec le temps,
Et Médor et Minette,
L’un pour l’autre jadis méchants,
Firent la paix complète,

Jouant par-ci, jouant par-là ;
On ne voyait que cela
Dans le logis de la mère
A Jean-Pierre.

Quand chien et chat sont bien d’accord,
Frère et sœur ne pas l’être !…
C’était honteux ! et le remords
Dans leur cœur vint à naître.
Pardon ! par-ci, pardon ! par-là ;
L’on entendit bien cela
Dans le logis de la mère
A Jean-Pierre.

L. Fortoul.


MAITRE PIC.


J’ai barbe au menton,
Rouge chaperon,
Un bec qui pénètre
Le chêne et le hêtre.
Bûchant, piochant plus que trois,
Je suis le Pic, le pique-bois.

Un brave ouvrier
Sait plus d’un métier :
Docte en chirurgie,
Charpente et magie,
Savant et fort seul plus que trois,
Je suis le maître ès arts des bois.

L’arbre ou vert ou sec
Passe par mon bec,
J’extrais, j’extermine
Fourmis et vermine.
Adroit et fort seul plus que trois,
Je suis l’opérateur des bois.

Ch. Marelle.


LA POULE COUVEUSE ET LES CANARDEAUX.


La pauvre poule couveuse,
D’une cane barboteuse
Eût tous les œufs en dépôt ;
Pareils aux siens blancs et beaux,
Son tendre amour les tient clos,
Co co co co co co co co,
Cot cot co det,
Cot cot co det !
Bientôt sous son aile éclos :
Gloussent, gloussent, gloussent tous les canardeaux.

— Ce sont mes poussins, dit-elle ;
Qu’ils sont jolis ! Sous mon aile
Leurs duvets se sont faits beaux !
Qu’ils sont gentils, vifs et gros,
Tous forts et douze jumeaux !
Co co co co co co co co,
Cot cot co det,
Cot cot co det !
N’allez pas si près des eaux ;
Prenez, prenez garde, prenez garde aux flots !


Mais sans écouter la mère,
Accourant vers la rivière,
Tous les hardis canardeaux,
Joyeux de fendre les flots,
Vont barbotant dans les eaux :
Co co co co co co co co,
Cot cot co det,
Cot cot co det !
Éveillant tous les échos,
C’est la pauvre poule appelant ses jumeaux.

Plaignez la pauvre couveuse,
Inquiète, malheureuse,
Errante au bord des ruisseaux,
Rappelant ses canardeaux
Qui nagent joyeux et beaux !
Co co co co co co co co,
Cot cot co det,
Cot cot co det !
Les œufs qui te sont éclos,
Pauvre oiseau, t’emportent et joie et repos.

Mlle de Montgolfier. (Mélodies
du Printemps. Garnier, édit.)


LE CHEVAL DE BOIS.


Da, da, da,
Au pas, mon dada !
Ne va pas, coursier superbe,
D’un bond me coucher sur l’herbe.
Da, da, da, da, da,
Au pas mon dada !

Tro, tro, tro,
Camarade, au trot !
Que ton audace intrépide
Cède à la main qui te guide.
Tro, tro, tro, tro, tro,
Camarade, au trot !

Hop, hop, hop,
Va, vole au galop !

Par les rocs et les broussailles,
Courons ensemble aux batailles.
Hop, hop, hop, hop, hop,
Va, vole au galop !

Doux, doux, doux,
Revenons chez nous !
C’est assez, tu peux m’en croire
Et de périls et de gloire ;
Doux, doux, doux, doux, doux,
Revenons chez nous !

Delcasso[2].


AU RENOUVEAU QU’IL FAIT DONC BEAU !


Au renouveau
Qu’il fait donc beau !
Disait le blanc papillonneau.
Je vais quitter mon brun manteau
Monter, tourner là-haut, là-haut !
Qu’il fait donc beau !

Qu’il fait donc beau !
Disait Tayau,
Happer de l’air à plein museau,
Courir, lancer le renardeau,
Au son du cor : Tayau, Tayau !
Qu’il fait donc beau !

Qu’il fait donc beau
Sous le roseau !
Disait Tristan le héronneau,

Tout seul guetter un barboteau,
Un pied en l’air, un pied dans l’eau,
Qu’il fait donc beau !

Au renouveau
Qu’il fait donc beau !
Dit Jean le Merle à Jean Moineau,
Danser un pas sur le rameau,
Siffler, flûter notre rondeau,
Qu’il fait donc beau !


PETIT OISEAU.


— Enfin nous te tenons,
Petit, petit oiseau ;
Enfin nous te tenons
Et nous te garderons.

— Dieu m’a fait pour voler,
Gentils, gentils enfants,
Dieu m’a fait pour voler,
Laissez-moi m’en aller[3].

— Non, nous te donnerons
Petit, petit oiseau,
Non, nous te donnerons,
Biscuits, sucre, bonbons.


— Ce qui doit me nourrir,
Gentils, gentils enfants,
Ce qui doit me nourrir,
Aux champs seul peut venir.

— Nous te gardons encor,
Petit, petit oiseau,
Nous te gardons encor
Une cage en fils d’or.

— La plus belle maison,
Gentils, gentils enfants,
La plus belle maison,
Pour moi n’est que prison.

— Tu dis la vérité,
Petit, petit oiseau,
Tu dis la vérité,
Reprends ta liberté[4].


CHANT D’OISEAU.


J’ai ouï chanter
Rossignolet,
Qui fringotait,
Qui s’envoisait,
Qui turlutait,
Avec cuer gai
Là-haut sur ces épines !

(D’un Noël.)

A cette strophe d’un vieux Noël, nous opposerions volontiers la chanson allemande de Hoffmann v. Fallersleben, Alle Vögel sind schon da. (V. nos Rhythmes et rimes allemands, Hachette, édit.). Les deux vers suivants :

Wic sie singen, musiciren,
Pfeifen, zwitschern, tyroliren !

répondent bien à ceux-ci :

Qui fringotait,
Qui s’envoisait,
Qui turlutait.

Dans les deux passages les auteurs ont voulu rendre le chant de l’oiseau par des effets d’harmonie imitative, et des mots appropriés. Le « tyroliren » ne rend-il pas en quelque sorte notre vieux turluter, qui cependant n’a rien de commun avec lui. — Ici, du reste, c’est l’arrivée de Noël que chante le rossignol ; là-bas c’est la venue du printemps que les oiseaux célèbrent dans leurs tyroliennes ».


LES OISELETS.


Mon père est un oiseau,
Ma mère est une oiselle,
Il passait l’eau sans bateau,
Elle passait l’eau sans nacelle,
Ma mère était oiselle,
Mon père était oiseau.

(Chansons populaires.)


Les oiselets de mon pays
Ai oïs en Bretaigne ;
A leurs sons, il m’est bien avis
Qu’en ma douce Champaigne
Je les oïs jadis.

(Gace Brûlé, l’ami de Thibaut II,
cité par Tarbé, vol. II.)


LES OISEAUX.


Que chantez-vous, petits oiseaux ?
Je vous regarde et vous écoute :
C’est Dieu qui vous a faits si beaux,
Vous le louez sans doute.

Son nom vous anime en ces bois ;
Vous n’en célébrez jamais d’autre.
Faut-il que mon ingrate voix
N’imite pas la vôtre ?

Vos airs si tendres et si doux
Lui rendent tous les jours hommage :
Je le bénis bien moins que vous,
Et lui dois d’avantage.

L’abbé Cassagne.
  1. Poëme de Provence. Lemerre, éditeur.
  2. Recueil de morceaux de chants, par Delcasso et Gross. (Strasbourg, Dérivaux, éditeur ; et à Paris, chez Ch. Delagrave.)
  3. Les enfants forment une ronde, et tournent en chantant autour de celui qui représenta l’oiseau et qui réplique à chacune de leurs strophes par son couplet.
  4. La ronde s’ouvre, les enfants se sauvent, celui qui faisait le petit oiseau court après eux et l’enfant qu’il attrape est placé à son tour au milieu de la ronde, qui recommence.