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Les Enfantines du bon pays de France/Jeux, formulettes, qui le sera

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Les Enfantines du bon pays de France
Les Enfantines du bon pays de FranceSandoz et Fischbacher (p. 64-109).


Formulettes. — Jeux.


LE BOUTE-SELLE.


A cheval, à cheval,
Sur la queue d’un orignal[1]

A Rouen, à Rouen,
Sur la queue d’un p’tit cheval blanc.

A Paris, à Paris,
Sur la queue d’un’ p’tite souris.

A Versailles, à Versailles,
Sur la queue d’un’ grand’ vach’ caille[2].

E. Gagnon. (Chansons populaires du Canada.
Québec, Desbaratz, édit, 1865.)


LE BOUTE-SELLE DES BOURGUIGNONS.
(1435-1477.)


A cheval, gendarmes !
A pied, Bourguignons !
Patapon !
Allons en Champagne !
Les avoines y sont,
Y courons !

Ce couplet, que j’ai recueilli à Reims, se chante en faisant danser un enfant à cheval sur les genoux. Il date probablement des guerres des ducs de Bourgogne contre les rois de France, auxquels la Champagne appartenait. Cette province les séparait des villes de la Somme que Charles VII avait remises à Philippe le Bon, en 1485.

(Note de M. Tarbé.)


PIL’ POMMES D’OR[3].
(Qui le sera ?)


Pil’ pommes d’or
A la révérence !
Il y a trois roi[4]
Qui se battent en France,
Allons, mes amis,
La guerre est finie,
Pil’ pommes d’or
Te voilà dehors.


BATAILLE.


Qu’est c’qu’il y a là ?
— Un trésor.
— Qui l’a mis ?
— Jean d’Paris.
— Qui l’ôt’ra ?
— Jean d’Jarnac.
La bataille, la bataille.

Bugeaud.


BOURGUIGNON SALÉ.
(Qui le sera ?)


Bourguignon salé,
L’épée au côté,
La barbe au menton,
Saute, Bourguignon.


UNE POULE SUR UN MUR.
(Qui le sera ?)


Une poule sur un mur,
Qui pigoce du pain dur,
Pigoci,
Pigoça,
P’tit enfant, ôt’-toi de là.

(Poitou.)


QUI LE SERA ?
(Jeu de Cligne-Musette.


Une, midus,-mitrès,-miquatre,
Ja-cobin-voulait-se battre,
Il s’est-battu, il s’est-rossé,
Il s’est-jeté-dans un-fossé,
Les-grenouil-les l’ont-mangé,
Les-crapauds-l’ont a-chevé.
Entrez !
Sortez !


Deux enfants se tiennent l’un l’autre au menton et chantent :

Je te tiens,
Tu me tieus,
Par la margoulette[5].
Le premier
Qui rira
Aura la claquette.

Communiqué par M. Rolland.


CATCANI.


Une, deux, et trois et quatre
Catcani[6] m’a voulu battre,
Je l’ai voulu battre aussi !
Catcani s’est enfui.


Un, demi-deux, demi-trois, demi-quatre,
Coup d’canif m’a voulu battre,
Je l’ai voulu battre aussi,
Coup d’canif s’en est enfui
Par la porte Saint-Denis.

(Entendu chaussée Clignancourt, à Paris).
A Paris, Catcani est devenu : Coup de canif ! — K.


QUI LE SERA ?


Un pot
Cassé,
Racco-
modé,
Ne vaut
Plus rien
Pour boire.

(Picardie.)


A l’ dans’ des mulots, Martin, mulettes,
Qu’est-ce qui pass’ par les baguettes.
A mu !

« Ce chant, que nous avons retrouvé à Bruxelles en 1844, et qui est connu aussi à Valenciennes, est encore une espèce de jeu. Se tenant par la main, les chanteurs tournent en rond « sur un mouvement modéré ; arrivés au mot a mu ! ils s’abaissent tous brusquement et d’un commun mouvement, comme s’ils voulaient s’asseoir sur leurs talons, et se relèvent aussitôt pour recommencer le chaut ; ce qui peut avoir lieu un nombre de fois indéfini. »

(Cambrai.) Durieux et Bruyelles.


COMPTER.


Un, deux, trois,
J’irai dans le bois,
Quatre, cinq, six,
Cueillir des cerises,
Sept, huit, neuf,
Dans mon panier neuf,
Dix, onze, douze,
Elles seront toutes rouges.

(Franche-Comté, Genève.)


Moi,
Toi
Et le Roi
Nous faisons Trois.

(Franche-Comté, Genève.)


COMPTER.


Un, deux, trois,
La culotte en bas ;
Quatre, cinq, six,
Levez la chemise ;
Sept, huit, neuf,
Tapez sur le bœuf ;
Dix, onze, douze,
Il a les fesses toutes rouges.

(Yonne, Seine-et-Oise.)
La Mélusine. Communiqué par M. E. Rolland.


Quoi ?
Coi — coi
Les corbeaux sont au bois.


COMPTER.


En passant par la cuisine,
De monsieur Portefarine,
J’entendis qu’il rôtissait,
Trois douzaines de p’tits poulets.
J’ai demandé pour qui c’était,
On m’a dit que c’était pour mon père.
Mon père m’en a fait goûter,
J’ les ai trouvés trop salés.

(Un, deux, trois, quatre, cinq, six, sept, huit, neuf, dix, onze, douze.)

Mouche ton nez,
Petit effronté.
Arlequin,
Mouch’ le tien.

(Recueilli à Paris.)


COMPTER.


Un petit chien demandant sa vie,
En passant par ce pays-ci,
Pont une, c’est pour toi la prune ;
Pont deux, c’est pour toi les œufs ;
Pont trois, c’est pour toi la noix ;
Pont quatre, c’est pour toi la claque ;
Pont cinq, c’est pour toi la seringue ;
Pont six, c’est pour toi les cerises ;
Pont sept, c’est pour toi l’assiette ;
Pont huit, c’est pour toi les huîtres ;
Pont neuf, c’est pour toi le bœuf.

(Paris.)


RAISIN, RAISIN.


Raisin, raisin,
A bon marché,
Les quatre cents
Pour un denier ;
C’est le ci,
C’est le là,
Ma grand’mère
Nous y voilà.

La Mélusine. Communiqué par M. E. Rolland.


QUI LE SERA ?


Une pomme d’or
Est faite en or.
Saint Pierre, saint Simon,
Gardez bien notre maison,
S’il y vient un pauvre,
Donnez-lui l’aumône ;
S’il y vient un capucin,
Donnez-lui un verre de vin ;
S’il y vient un larron,
Donnez-lui cent coups de bâton.

(Pays messin.)
La Mélusine. Communiqué par M. E. Rolland.


A L’ÉPAYELLE.


A l’épayelle,
Tout du long du ciel,
Tout du long du paradis,
Saut’ ! saut’ ! saut’ souris !

Deux enfants, placés côte à côte, enlacent leurs deux mains de façon à former une espèce de siège sur lequel un troisième joueur s’assied tenant de chacun de ses bras le col de ses porteurs. Ceux-ci marchent en mesure, en chantant le refrain précédent, et au dernier vers font sauter trois fois leur fardeau.

(Cambrai.) Durieux et Bruyelles.


TRIBONOT.


Passe, passe, Tribonot,
Par la porte de Saint-Jacques ;
Passe, passe, Tribonot,
Par la porte de Saint-Jacquot.

Le tribonot est un jeu d’enfants dans lequel on prend plusieurs cerises dont les queues sont soudées par trois ou par deux à leur point d’insertion sur le rameau de l’arbre, après quoi on fait tourner entre les doigts deux des cerises, de manière que la troisième, ou la soudure seulement, quand il n’y a que deux cerises, fasse la culbute sous cette espèce d’arcade.


PASS’ CLARINETTE.


Pass’ clarinette
En double, en double,
Pass’ clarinette
En doublera
Le dernier
(La dernière)
Y restera.

Deux enfants se regardant, se prennent les mains, droite avec droite, gauche avec gauche. L’un d’eux, levant son bras droit au-dessus de sa tête, passe sous ce bras d’abord, puis sous le gauche, en faisant un tour sur lui-même, et se retrouve dans sa première position.

Sans lui donner le temps de la reprendre complètement, le second exécute la même manœuvre en commençant cette fois par le bras gauche. Le premier reprend ensuite et successivement jusqu’à ce que l’un des joueurs soit fatigué.

Saisissant le moment où son partenaire a le bras levé, il abaisse brusquement le sien et prend ainsi, comme dans un lacet, la tête de son camarade, en ajoutant en même temps les dernier mots à ceux du refrain habituel.


LA PERNETTE.
(Coccinelle.)


Une pernette blanche,
Qui court dans ma manche ;
Une pernette bleue,
Qui court dans les cieux.
Adieu !
Sors du jeu !

Blavignac
(l’Empro genevois).


LE CHAPELET.


J’ai été sur la montagne,
J’y ai trouvé un chapelet[7]
Couvert de roses et de muguets.
Qui les a mis ? C’est ma compagne :
Les roses sont rouges,
Les muguets sont bleus.
Sors la première, va aux cieux !

Blavignac (l’Empro genevois).


LES ÉCOLIERS A L’ASSAUT.


À l’assaut !
Saut ! saut ! saut !
Contre les nouveaux !
A l’assaut !
Les nouveaux
Sont des tonneaux
Pleins de vin
Pour les anciens !

Blavignac
(l’Empro genevois).


PETIT BONHOMME VIT ENCORE !


En donnant le brandon allumé à son voisin, on ne doit pas oublier la formule :

Martin vit,
Vit-il toujours ?
Toujours il vit.

Blavignac
(l’Empro genevois).


Dans le pays messin, le brandon est une simple allumette que l’on se passe en se disant :

Je vous vends mon allumette,
Toute vivante, toute vivelette.

Je vous prends votre allumette,
Toute vivante, toute vivelette.

(Pays messin.)
Communiqué par M. Rolland.


A l’herbette
Joliette,
Celui qui les aura
Le sera !


ABCD
La vache a fait le vé[8] ;
Le vé s’est en sauvé,
La vache a pleuré ;
Le vé est revenu,
La vache a rizu ;
Sauva té.

Blavignac
(l’Empro genevois).


LA CACHETTE.


Un enfant cherche un objet caché à dessein, ses camarades lui disent :

Cherche, cherche, papillon,
Tu es bien loin de ta maison !

(Franche-Comté.)


JEU DE CACHE, CACHE.


Cache, cache, to, ti,
Cache, cache, to, ta ;
L’attrapera-t-il ?
L’attrapera-t-a ?
Cache, cache, ro, ro,
Il ne l’aura pô.
Cache, cache, ra, ra,
Il ne l’aura pas.

(Toul.)


GENEVIÈVE DE PARIS.


Geneviève de Paris,
Prête-moi tes souliers gris
Pour aller en paradis ;
On dit qu’il y fait si beau,
Qu’on y voit les quatre agneaux.
Pim ! pim ! Pomme d’or !
La plus belle est en dehors !

Blavignac
(l’Empro genevois).


JUSTINE DE VIRIEUX.


Justine de Virieux,
Prête-moi tes souliers bleus
Pour aller en paradis,
On dit que c’est si beau,
Qu’on y voit de petits oiseaux
Qui piquent le pain bénit.
Pi ! pi ! pi !

Blavignac
(l’Empro genevois).


Les enfants en jouant pilent le millet (meillot ou plâ) dans nos rues en se renversant alternativement dos contre dos, et en se disant :

Pilez les grus
— Je n’en peux plus !
Pilez le plâ,
— Je n’en peux mâ (mais) !

Dr Pierron.
Proverbes franc-comtois.


Passez par ici et moi par là,
Foulons l’herbe, foulons l’herbe.
Passez par ici, et moi par là,
Foulons l’herbe, elle reviendra.

(Normandie.)

Ce couplet est une des nombreuses variantes des deux vers cités plus fréquemment :

Pilons, pilons, pilons l’orge,
L’orge pilée reviendra.


QUI VA A LA CHASSE.


C’est aujourd’hui la Saint-Hubert,
Qui quitte sa place la perd.
C’est aujourd’hui la Saint-Laurent,
Qui quitte sa place la reprend.


Qui va à la chasse
Perd sa place ;
— Qui revient
Chasse le coquin.

La revue la Mélusine.


LE LOUP.


la ronde.
Qu’on est bien
Dans le bois,
Quand le loup
N’y est pas !
un enfant.
Loup y es-tu ?
le loup.
Je mets ma tête.
la ronde.
Qu’on est bien
Dans le bois,
Quand le loup
N’y est pas !
un enfant.
Loup y es-tu ?
le loup répond successivement.
Je mets mes dents,
Je mets mes bras,
Je mets mes jambes,
Je mets mes souliers,
Je mets mes cornes.

Quand le loup a fini de s’accoutrer, il répond : Oui. Les enfants se dispersent et celui qui est attrapé par le loup devient loup à son tour, et la ronde recommence.


LE LOUP.


Les enfants se tiennent à la queue leu-leu, l’un d’eux qui fait le loup, se place en face du premier. Ils chantent :

Promenons-nous le long du bois,
Pendant que le loup n’y est pas.
— Loup y es-tu ?
— Oui.
— Qu’est-ce que tu fais ?
— Je fass’ du feu.
— Pourquoi faire ce feu ?
— Pour faire chauffer de l’eau.
— Pourquoi faire cette eau ?
— Pour repasser mon couteau.
— Pourquoi faire ce couteau ?
— Pour tuer un de tes agneaux.
— Qu’est-ce qu’il t’a fait ?
— Il a mangé mes choux.

Chacun montre ses deux pieds, et tous se tiennent l’un derrière l’autre. Tous disent : Est-ce celui-là ? Est-ce celui-ci ? Il faut que le loup attrape le dernier.

(Paris.)


LE CORDONNIER.


LE CORDONNIER : Hélas ! mesdames,
Où allez-vous comme ça ?
LES DAMES : Beau cordonnier,
Nous allons nous prom’ner.

LE CORDONNIER : Hélas ! mesdames,
Vous us’rez vos souliers.
LES DAMES : Beau cordonnier,
Vous les raccommod’rez.

LE CORDONNIER : Hélas ! mesdames,
Qui est-c’ qui me les pai’ra ?
LES DAMES (s’enfuyant) Beau cordonnier,
Cell’ que vous attraperez[9].

Durieux.


MA MÈRE M’EN VOIE-T-AU MARCHÉ.


Ma mèr’ m’envoie-t-au marché,
C’est pour des sabots acheter ;
(bis)
Mes sabots font dig’ don daine,
Dig’ don dain’ font mes sabots.
Je n’ suis pas marchand’, ma mère,
Pour des sabots acheter.

Ma mèr’ m’envoie-t-au marché,
C’est pour une flûte acheter ;
(bis)
Ma flûte fait turlututu,
Mes sabots font dig’ don daine,
Dig’ don dain’ font mes sabots.
Je n’ suis pas marchand’, ma mère,
Pour une flûte acheter.

Ma mèr’ m’envoie-t-au marché,
C’est pour un tambour acheter ;
(bis)
Mon tambour fait bour, bour, bour,
Ma flûte fait turlututu,
Mes sabots, etc.

Ma mèr’ m’envoie-t-au marché,
C’est pour un violon acheter ;
(bis)
Mon violon fait zin, zin, zin,
Mon tambour fait bour, bour, bour,
Ma flûte, etc.

Ma mèr’ m’envoie-t-au marché,
C’est pouf une poule acheter ;
(bis)
Ma poule fait cot’, cot’, cot’,
Mon violon fait zin, zin, zin,
Mon tambour, etc.

Ma mèr’ m’envoie-t-au marché,
C’est pour un beau coq acheter ;
(bis)
Mon coq fait coquerico,
Ma poule fait cot’, cot’, cot’,
Mon violon, etc.

Ma mèr’ m’envoie-t-au marché,
C’est pour une cane acheter ;
[texte manquant]
Ma cane fait coin, coin, coin,
Mon coq fait coquerico,
Ma poule, etc.

Ma mèr’ m’envoie-t-au marché,
C’est pour une dinde acheter ;
(bis)
Ma dinde fait giou, giou, giou,
Ma cane fait coin, coin, coin,
Mon coq, etc.

Ma mèr’ m’envoie-t-au marché,
C’est pour un âne acheter ;
(bis)
Mon âne fait hi han, hi han,
Ma dinde fait giou, giou, giou,
Ma cane, etc.

Ma mèr’ m’envoie-t-au marché ;
C’est pour une fille acheter ;
(bis)
Ma fille fait lire lan laire !
Mon âne fait hi han, hi han,
Ma dinde fait giou, giou, giou,
Ma cane fait coin, coin, coin,
Mon coq fait coquerico,
Ma poule fait cot’, cot’, cot’,
Mon violon fait zin, zin, zin,
Mon tambour fait bour, bour, bour,
Ma flûte fait turlututu,

 
Mes sabots font dig’ don daine,
Dig’ don dain’ font mes sabots.
Je sais bien marchand’, ma mère,
Pour une fille acheter[10].

(Poitou, Saintonge.)


MON PÈRE M’ENVOIE AU MARCHÉ.


Mon pèr’ m’envoie au marché,
C’est pour un’ poule acheter.
Ma poule fait qui ri qui qui !

Mon pèr’ m’envoie au marché,
C’est pour un coq acheter.
Mon coq fait co ro co co !
Ma poul’ fait qui ri qui qui.

Autant de couplets que d’animaux.


AU VIN, j’Ai LAISSÉ.


Au vin, j’ai laissé mon bonnet,
Au vin, j’ai laisse mon bonnet,
Et mon bonnet au perroquet.
Au vin, ma commère,
Au vin, au bon vin.
(bis)

Au vin, j’ai laissé mon collet, (bis)
Et mon collet violet, (bis)
Et mon bonnet, etc.

Au vin, j’ai laissé mon gilet, (bis)
Et mon gilet de blanc basin, (bis)
Et mon collet, etc.

Au vin, j’ai laissé mes culottes, (bis)
Et mes culott’s fait’s à la mode, (bis)
Et mon gilet, etc.

Au vin, j'ai laissé mes jarr’tières, (bis)
Et mes jarr’tièr's fait’s à houppettes, (bis)
Et mes culottes, etc.


Au vin, j’ai laissé mes beaux bas, (bis)
Et mes beaux bas rouges incarlate (écarlate), (bis)
Et mes jarr’tières, etc.

Au vin, j’ai laissé mes belles blouques (boucles), (bis)
Et mes bell’s blouqu’ fait’s à quatr’ coins, (bis)
Et mes beaux bas, etc.

Au vin, j’ai laissé mes souliers, (bis)
Et mes souliers do noir satin, (bis)
Et mes bell’s blouques fait’s à quatr’ coins, (bis)
Et mes beaux bas rouges incarlate, (bis)
Et mes jarr’tièr’s fait’s à houppottes, (bis)
Et mes culott’s fait’s à la mode, (bis)
Et mon gilet de blanc basin, (bis)
Et mon collet violet, (bis)
Et mon bonnet au perroquet.
Au vin, ma commère,
Au vin, au bon vin.
(bis)


MON PÈRE ÉTAIT TAILLEUR DE BOIS.


On passe successivement en revue les diverses parties du costume masculin en nommant un nouveau vêtement chaque fois que l’on recommence le couplet.

On chante en se tenant par la main et en dansant en rond jusqu’après le vers :

Il faisait toudis (toujours) chela.

On s’arrête alors pour faire le simulacre de mettre le vêtement nommé ; même jeu pour les reprises. On recommence toujours de la même manière.

Mon père était tailleur de bois,
Un’ bell’ casaque il avait,
Falalirette, (bis)
Un’ bell’ casaque il avait,
Falalirette,
Lironfa !

Il faisait toudis chela (on fait le geste),
Falalirette,
Falalirette,
Il faisait toudis chela !
Falalirette,
Lironfa !


Mon père était tailleur de bois,
Un beau gilet il avait,
Falalirette,
Un beau gilet il avait,
Falalirette,
Lironfa !

Il faisait toudis chela,
Falalirette,
Falalirette,
Il faisait toudis chela !
Falalirette,
Lironfa !


LES DONS DE L’AN.
(Randonnée.)


Le premier mois de l’an, que donner à ma mie ? (bis)
Une perdriolle, (bis)
Une perdriolle
Qui vole et vole et vole,
Une perdriolle
Qui vole
Du bois au champ.
(bis)

Le deuxième mois de l’an, que donner à ma mie ? (bis)
Deux tourterelles, (bis)
Une perdriolle
Qui vole et vole, etc.

Le troisième mois de l’an, que donner à ma mie ? (bis)
Trois ramiers de bois, (bis)
Deux tourterelles, (bis)
Une perdriolle, etc.

Le quatrième mois de l’an, que donner à ma mie ? (bis)
Quatre canards volants en l’air, (bis)
Trois ramiers de bois, (bis)
Deux tourterelles, etc.


Le cinquième mois de l’an, que donner à ma mie ? (bis)
Cinq lapins trottant par terre, (bis)
Quatre canards volants en l’air, (bis)
Trois ramiers, etc.

Le sixième mois de l’an, que donner à ma mie ? (bis)
Six lièvres aux champs, (bis)
Cinq lapins trottant par terre, (bis)
Quatre canards, etc.

Le septième mois de l’an, que donner à ma mie ? (bis)
Sept chiens courants, (bis)
Six lièvres aux champs, (bis)
Cinq lapins etc.

Le huitième mois de l’an, que donner à ma mie ? (bis)
Huit moutons tondus, (bis)
Sept chiens courants, (bis)
Six lièvres, etc.

Le neuvième mois de l’an, que donner à ma mie ? (bis)
Neuf bœufs cornus, (bis)
Huit moutons tondus, (bis)
Sept chiens, etc.

Le dixième mois de l’an, que donner à ma mie ? (bis)
Dix bons dindons, (bis)
Neuf bœufs cornus, (bis)
Huit moutons, etc.


Le onzième mois de l’an, que donner à ma mie ? (bis)
Onze bons jambons (bis)
Dix bons dindons, (bis)
Neuf bœufs, etc.

Le douzième mois de l’an, que donner à ma mie ? (bis)
Douze bons larrons[11], (bis)
Onze bons jambons,
Dix bons dindons,
Neuf bœufs cornus,
Huit moutons tondus,
Sept chiens courants,
Six lièvres aux champs,
Cinq lapins trottant par terre,
Quatre canards volants en l’air,
Trois ramiers de bois,
Deux tourterelles,
Une perdriolle,
Une perdriolle
Qui vole et vole et vole,
Une perdriolle
Qui vole
Du bois au champ.
(bis)


LE JARDIN DE MA TANTE.
(Jeu.)

La société disposée en cercle, la personne qui connaît et qui conduit le jeu, propose aux assistants de répéter, chacun à son tour, le discours qu’elle va faire en le coupant de phrase on phrase, et il est convenu que les personnes qui se tromperont, ou qui mettront un mot pour l’autre, donneront un gage.

Le maître du jeu commence donc et prononce distinctement ce qui suit :

— Je viens du jardin de ma tante ; peste ! le beau jardin que le jardin de ma tante ! dans le jardin de ma tante, il y a quatre coins.

Celui qui est à droite répète la phrase mot à mot ; si par hasard sa mémoire este en défaut, il donne un gage et cède son tour à celui qui le suit à droite, sans qu’il lui soit permis de se reprendre. Lorsque la phrase a fait le tour du cercle, le conducteur du jeu reprend la phrase entière et ajoute :

Dans le premier coin
Se trouve un jasmin ;
Je vous aime sans fin.

L’épreuve ayant été subie comme la première fois, il reprend toute la phrase et continue :

Dans le second coin
Se trouve une rose ;
Je voudrais bien vous embrasser,
Mais je n’ose.

Au troisième tour, il dit :

Dans le troisième coin
Se trouve un bel oeillet ;
Dites-moi votre secret.

En cet endroit du jeu, chacun des joueurs se penche à l’oreille de son voisin à gauche, et lui confie un secret quelconque.

Au quatrième tour, la personne qui a commencé, reprend sa phrase entière et ajoute pour la finir :

Dans le quatrième coin
Se trouve un beau pavot ;
Ce que vous m’avez dit tout bas,
Répétez-le tout haut.

Voilà le moment critique et le plus amusant du jeu. Il faut que chacun découvre le secret qu’il a confié ; ce qui embarrasse quelquefois ceux qui ne se sont pas méfiés du tour, et la société s’amuse des secrets qui n’ont pas de sens ou qui présentent un sens ridicule ou comique.

(La Mélusine.)


LE PONT COUPÉ.
(Les Canards l’ont bien passée.)


Jean arrive sur le pont portant une pioche sur l’épaule. Ah ! ah ! la matinée est fraîche et belle à ce matin ; j’ vas en profiter pour me mettre à travailler à ce pont, en chantant ma petite chansonnette. Il se met au travail en fredonnant :

Tra la la la la la laire,
Lire lire lire, laire laire laire.
Tra la la la la la laire,
Lire lon fa.

Le Gascon (il arrive par la droite) : On m’a dit que quand je serais près du pont, je ne serai pas loin de la rivière, tiens ! comment se fait-il donc que ce pont soit cassé ? Eh ! l’ami, faismoi le plaisir de m’enseigner le chemin qui conduit à la ville. Jean : C’est facile, Monsieur.

(Chantant :)

Tous les chemins vont à la ville,
Lire, lire, lire,
Laire, laire, laire.
Est-ce que vous n’savez pas ça ?
Lire lon fa.

Le Gascon : Parbleu ! je sais bien que tout chemin conduit à la ville ; mais c’est le plus court que je te demandais. Dis-moi donc, eh ! l’ami, ne pourrais-je pas passer la rivière ? Jean : La rivière ?

(Chantant : )

Les canards l’ont bien passée,
Lire, lire, lire,
Laire, laire, laire.
Pourquoi n’ passeriez-vous pas ?
Lire lon fa.

Le Gascon : Est-ce que par hasard tu me prendrais pour un canard ? Jean : Ah ! non, Monsieur.

Le Gascon : Anon toi-même, entends-tu ?

Eh ! l’ami, la rivière est-elle profonde ?

Jean : Comme partout ailleurs.

(Chantant :)

Les cailloux touchent la terre,
Lire, lire, lire,
Laire, laire, laire.
Ne pouvant aller plus bas,
Lire lon fa.

Le Gascon : Il est malin ce bonhomme... Mais j’aperçois une maison là-bas, je crois que c’est une auberge.

Eh ! l’ami, à qui appartient cette belle maison là-bas, derrière ton dos ?

Jean : A qui elle appartient ?

Le Gascon : Sans doute.

Jean : Eh bien, Monsieur, (Chantant : )

Elle appartient à son maître,
Lire, lire, lire,
Laire, laire, laire.
C’est toujours comme cela,
Lire lon fa.

Le Gascon : Eh ! sandis ! cadédis ! je sais bien qu’une maison appartient à son maître ! ... Mais dis donc, eh ! l’ami.

Jean : Eh ! Monsieur ?

Le Gascon : Vend-on du vin dans cette maison ?

Jean : Si on en vend !

(Chantant : )

On en vend plus qu’on en donne,
Lire, lire, lire,
Laire, laire, laire.
Les marchands sont tous comme cela.
Lire lon fa.

Le Gascon : Définitivement, je crois que ce petit drôle se moque de moi : il faut que je sache son nom, afin de le corriger. Dis-moi donc, eh ! l’ami.

Jean : Eh ! Monsieur ?

Le Gascon : Comment t’appelles-tu, mon petit bonhomme ? Je ne serais pas fâché de faire connaissance avec toi.

Jean : Vous êtes bien honnête, Monsieur. C’est mon nom que vous voulez savoir, n’est-ce pas ?

Le Gascon : Sans doute.

Jean : Eh bien, Monsieur, vous saurez que…

(Chantant : )

Je m’appelle comme mon père,
Lire, lire, lire,
Laire, laire, laire,
C’est un beau nom que celui-là.
Lire lon fa.

— Jean le narquois devient à peu près impertinent et grossier, mais un batelier arrive à point pour conduire le Gascon à l’autre bord. Celui-ci se venge de l’insulteur et la morale de l’histoire nous est dite par le dernier couplet :

Avis à qui veut mal faire,
Lire, lire, lire,
Laire, laire, laire.
Qui fait mal en souffrira,
Lire lon fa.

(Théâtre de Séraphin, d’après le Magasin pittoresque, 35e année, 1867, pages 166 et 167.)

  1. L’orignal est l’élan, le renne du Canada.
  2. La vache caille, de couleur diverse.
  3. Ce couplet est encore chanté par les enfants de Reims lorsqu’il s’agit de désigner par la voie du sort celui qui, dans un jeu quelconque, doit remplir une corvée. En articulant chaque syllabe, on touche du doigt la poitrine d’un des joueurs, et celui sur lequel tombe la fin du mot dehors est libéré. On continue ainsi jusqu’à ce qu’il ne reste plus qu’un joueur, qui devient corvéable.
    Cette chansonnette est une réminiscence de la guerre des trois Henri : Henri III, roi de France ; Henri de Bourbon, roi de Navarre, et Henri de Lorraine, duc de Guise, qui n’était pas roi, mais ne demandait qu’à le devenir. Les trois Henri périrent assassinés. Triple honte pour la France ! triple châtiment de nos guerres civiles !
    (Note de M. Tarbé.)
  4. Les trois rois cités dans cette formulette ne sont pas les mêmes que ceux dont parle le quatrain suivant, qui remonte cependant à la même époque :

    Par l’oeil, l’oreille et par l’espaule,
    Dieu a tué trois rois de Gaule.
    Par l’oreille, l’espaule et par l’oeil,
    Dieu a mis trois rois au cercueil.

    Ces trois rois sont :

    « Henri II, roy de France, blessé d’un éclat de lance dans l’oeil, le 30 juin 1559, joûtant dans la rue Saint-Antoine, à Paris, contre Gabriel, comte de Montmorency, capitaine de la garde écossaise, dont il mourut au palais des Tournelles le 10 juillet suivant.
    « François II, roy de France, mort aux estats d’Orléans, le 5 décembre 1560, d’un apostume k l’oreille, âgé do 17 ans. Antoine de Bourbon, roy de Navarre, blessé à la tranchée, au siège de Rouen, d’un coup de mousquet à l’épaule gauche dont il mourut à Landely, le 17 novembre 1562. »

    Manuscr. de Gaignères. Prov. franç.
    (cité par Leroux de Lincy).
  5. La margoulette, le mot vient de mar- et goulette, « gueulette » : la mauvaise petite gueulette.
  6. Serait-ce une corruption de cat d’seuris, nom patois de la chauve-souris ?
    Chansons du Cambrésis. — Durieux et Bruyelles.
  7. Chapelet, pris dans l’acception de couronne, petit chapeau. (Note de M. Blavignac.)
  8. Le veau.
  9. Le cordonnier court après les dames. Il embrasse celle qu’il attrape la première, et le jeu recommence.
  10. Quand c’est une bachelette qui chante, la fille devient un mari.
  11. Petits fromages de Maroilles (arrondissement d’Avesnes).