Les Essais de Mathurine

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Les Essais de Mathurine



LES ESSAIS DE MATHURINE
S. L. ni D. In-8. de 16 pages.

Quand je considère ma vie, je la trouve assaisonnée de beaucoup d’utilitez, encore que, passant par les ruës, les petits enfans clabaudent après moy : Aga ! Mathurine la folle ! Il est vray que je suis un peu entachée de cette maladie-là ; mes sens peuvent estre quelque petit rances, et mon imagination tant soit peu moisie et disloquée. Cela m’est survenu des reliques d’un coup de carabine que je reçus en l’esprit à certain balet de Caresme-prenant. Baste ! si je suis folle, c’est à l’occasion, laquelle j’ay sceu empoigner si bravement, qu’il m’en revient tous les ans plus de vingt et treize jacobus1 de rente foncière2, sans compter le tour du baston. Il y en a qui pensent estre d’estoffe de Milan et abiles gens, qui sont plus sots que je ne suis beste de plus de trois demy-septiers. Considerez (s’il vous plaist) que je passe mon temps gaillardement et sans melancholie. S’il me tourne sur l’ennuy, je vais visiter ma bonne amye, qui me fait manger de la souppe à l’hissope3 toute de graisse et du lard jaune comme fil d’or, et au bout de la carrière mon paillard escu, avec le : Jusqu’au revoir, Mathurine. Mais aussi je suis tousjours preste à ses commandemens et au service des gallands hommes ; paix ou guerre, à toute heure, mon harnois est en estat, car je le fais souvent fourbir avec un guimpillon fait à l’occasion et au contraire de ceux qu’on met dedans les pintes, car il est pelu au derrière du manche, et ceux-là le sont au devant. Vive la follie ! c’est mon gaigne-pain. Parbleu ! Tabarin proffite plus avec deux ou trois questions bouffonnes et devineries de merde, ou de la chouserie, que ne fait son maistre avec tout son questo e un rimedio santo per sanare tuti gli morbi, parceque le monde ne veut plus que du badinage ; aussi finit-il par la farce, afin qu’on se souvienne d’y retourner. La sagesse de ce monde est folie devant Dieu ; cela me fait esperer que je seray en ce pays-là recompensée de double pitance, car je suis folle en cestuy-cy assez pour deux. Si tous les fous et les folles portoient crouppière, il y en auroit beaucoup à Paris qui auroient le cul escorché, car il y en a de toutes sortes, de tous aages, de toutes qualitez, de tous sexes ; mais ils sont foux à la mode qui trotte, et, comme dit maistre Guillaume4 :

Les uns sont foux et les autres estranges,
—-Aussi merveilleux que beaux anges
—-Descendus tout nouveaux des cieux,
—-Et ceux-là sont foux glorieux.

Il y en a d’autre qualité qui sont les Bertolles5, et graves ; ils portent fière arrogance. Vous les jugeriez, à leur mine de serrer les lèvres comme une nouvelle mariée, que ce sont des Socrates. Donc cette sorte de foux, comme dit maistre Guillaume :

Selon nos bons docteurs devots,
Nous les appelons sages sots.

Et s’ils ne rencontroient qu’un etronc, ils y trouveroient à remordre : rien de bien fait s’ils ne le font. Si par cas fortuit ils avoient aperceu quelqu’un sur quelqu’une, foy de ma vie ! il faudroit aussitost feuilleter toutes les postures de l’Aretin plustost qu’il ne trouvassent à redire à la leur ; peut-estre voudroient-ils informer contre eux, disant que celle-là n’est pas à la mode. Bran pour cette liste de reprenans ! bonnes gens, on le fait à toutes modes, et s’en est-on assez bien trouvé il y a desjà plus de quatorze jubilez. Vous autres lisarts, n’avez-vous point leu certain petit fatras qui se nomme le Caquet de l’Accouchée ? Si avez, sans doute, si avez : car il s’en est vendu plus que d’epistres familières ou d’oraisons des saincts. Certain mescontent m’en presenta l’autre jour un, la lecture duquel m’eschauffa grandement les aureilles. Je cogneus aussitost à la trempe que c’estoit un autre mescontent qui l’avoit forgé, à qui on avoit refusé quelque lippée à butiner. Ces gens-là n’ont pas d’esprit pour se conduire, et voudroient qu’on leur baillast le timon de l’estat à chevaucher. C’est une pure ambition de se voir un jour canonisez auprès de maistre Pierre du Coignet6 ; mais le chapitre Nostre-Dame est empesché avec le promoteur à la reformation des prestres qui chantent aux cabarets la desroute des huguenots et la mort du grand turc. Vous cognoissez bien à cette heure que c’est un fol à la mode qui est l’autheur du Caquet. Il dit au commencement de la litanie qu’il avoit esté malade ; il n’y a si busard de medecin qui ne cognoisse assez qu’il l’est plus que jamais et est en danger de mort, car desjà ne sçait-il plus ce qu’il dit. Quiconque fait le caqueteux, jamais bonne pie ne le couva, et la semence de quoy il fust basti estoit esvantée aussi bien que sa cervelle. Peut-estre eust-il rongé, ainsi que comme les vipereaux, le ventre de sa mère pour sortir, s’il ne se fust trouvé vers la basse cartière une bonde grandement large ; et, parcequ’elle luy fit baiser son cul en passant, qui estoit un peu sale pour lors, et deceda sans hoirs legitimes de son corps, il voudroit prendre à tasche tout le sexe feminin. J’ay ouy dire à Pierre Dupuy7 qu’il est bastard de Pasquin ; maistre Martin asseure sur ses grands dieux que Marphore8 l’a fait ; le docteur croit que ç’a esté maistre Josse avec le Picard : tant il y a je n’en sçay rien davantage, sinon qu’on le tient frère de Merlin d’Angleterre, et le cognoist-on assez à son Caquet, lequel n’épargne ni Tibault ni Gautier qui ne soit pincé sans rire. Agarez, Mesdames, comment il met sur le trottoir femmes, filles, vieilles, jeunes et de toutes conditions, chetives, qualifiées et publiques, indifferemment, qui ne pensèrent jamais à ceste caqueterie non plus que je fais à estre souldan de Babylone ou à prendre Montauban. Ne prenez-vous pas garde qu’il faict comme le singe qui tire les chastaignes du feu avec la patte du levrier9 ?

Je m’aperçoy qu’il voudroit que les femmes fussent l’echo de ses mauvais discours, et le charlatan le suject de ses reformations d’estat. Pour moins de cent escus, je vous en diray quelques raisons. Item, premierement, commençons par l’isle du Palais. Sa curiosité luy fit accoster Tabarin : Estes-vous malade ? — Ouy, respond le caqueteur ; mais cette mienne maladie n’est point contagieuse, elle n’est qu’en l’esprit. Je me suis adressé à vous, sçachant que vous aviez credit auprès de vostre maistre, qu’on estime sçavoir des choses merveilleuses. — Ouy dà, repliqua Tabarin ; il sçait des choses merveilleusement merveilleuses, il sçait des passe-merveilles, et si ne fut jamais chiche de ses sciences. Regardez de laquelle vous desirez afin d’estre satisfait. Mais je feray bien tout ce que desirez : je ne suis guère moins clerc que luy ; dites hardiment. — Je desirerois, honneste seigneur, dit le galland, si vostre benevolence me l’accordoit, sçavoir de vous le moyen de cognoistre quand une fille est pucelle ou non, par ce qu’outre ce que je pourrois esviter d’estre cornard, cela me profiteroit parmy les compagnies. — Lors Tabarin respond : N’y a-il que cela ? je satisferay à ce que desirez ; mais il faut cognoistre avant qu’aymer. Allez vous en chez Cormier10 faire apprester le disner pour faire plus estroite cognoissance ; ce pendant je vais consulter tous mes plus exquis secrets, et je retourne à vous dans une heure. — Je vous y attendray, dit le caqueteur. — Je vous iray trouver, dit Tabarin ; faictes mettre le vin au frais. — L’un et l’autre se trouve à son assignation, qui disnèrent à plain fonds. Après le disner, Tabarin commença : Monsieur, ce ne sont pas icy questions du chaffaut11 ordinaires ny à tous les jours ; davantage, toute peine requiert salaire, comme vous sçavez. — Je le scay bien, dit le curieux ; aussi je vous prie de mettre ceste couple de pistoles en vostre pochette. C’est attendant mieux. — Bien, dit Tabarin ; escoutez… Lorsque vous desirez sçavoir si une fille est pucelle, mettez une de vos mains sur son robin, vous m’entendez bien ? puis au mesme temps soufflez-luy au cul, et si lors vous sentez le vent à la main, elle est indubitablement percée12. Et en voilà pour votre argent. Adieu, Monsieur. C’est un des vieux tours de Tabarin, qui planta son homme à reverdir. Et ainsi le caqueteur demeura affiné ; neantmoins, il protesta d’appel pour se venger du bouffon et affronteur. Voilà un des pourquoy ; l’autre raison et second pourquoy il en veut aux femmes, c’est, par saincte Barbe ! de cholère que pas une n’a daigné l’escoutter ny faire estat de son Caquet,

Sinon une vieille Picarde
Qui alloit crier la moustarde ;
Encor n’en pouvoit-il jouïr.

Aussi est-ce un haubereau bien vuidé. Jan Voüaire, je suis laide et folle, ce dit-on : je ne voudrois pas luy avoir preste mon cul à baiser. Pleut à sainct Fiacre13 que le sien fust plein d’eau boüillante ! La necessité l’avoit mis si bas qu’il ne se pouvoit gratter, d’où lors il fist profession de porteur de rogatons14, et fut contrainct d’accoster toutes sortes de femmes d’un beau s’il vous plaist, qu’il a maintenant changé avec un office de macquereau et une place aux maisonnettes. Vous l’eussiez veu aller de porte en porte comme le pourceau de sainct Anthoine15, car il demandoit aux dames de haute gamme auctorité, aux damoiselles courtoisies, aux presidentes, maistresses des requestes, conseillières, faveur ; aux advocates conseil, aux greffières coppies, aux procureuses soing, aux clergesses ecriture, aux soliciteuses diligence, aux financières argent, aux bourgeoises logis, aux marchandes estoffes, aux boulangères foüace, aux rostisseuses chair, aux cabaretières vin, aux chambrières service, aux artisans credit : surquoy estoit fondé le plus fort de toutes ses esperances ;

Mais s’en cognoissant frustré,
Il buvoit comme un chastré…

et deux, joint que, s’estant adressé à une vieille boismienne qui vit en reputation d’avoir beaucoup d’experience et sçavoir les secrets plus cachez de la nature, qui vous dit proprement une bonne aventure et tire finement la croix16 d’entre les mains des lourdaux comme luy. Or, se trouvant pour lors amoureux jusqu’au troisiesme degré et en estre malade, il se resolut d’avoir recours à ceste vieille femme piternelle pleine de pechez mortels, dont il luy arriva presque pareil tour à celuy que Tabarin luy avoit joué. À l’abord, il salüe ceste nymphe de Pluton, disant : Ma commère, ne voyez-vous point à mon visage que je suis malade ? — Si fait, dit-elle ; mais remède à tout, sinon à la mort. Dictes vostre mal : il y en a de plusieurs sortes. Ce n’est pas la peste, au moins ? — Non, fist-il. — Hé bien ! fist-elle, il n’y a pas mal de teste, d’estomach, bras, jambes et autres ? — Mon mal est pire que tout cela, dit-il. — Je me veux donc retirer de vous, fist-elle. — Ne craignez point, fist-il ; encore qu’il soit dangereux, si n’est-il point contagieux : en un mot, c’est un mal de femme. — Est-ce point, fist-elle, le mal de matrice ? — Non, fist-il ; j’entends causé par femmes. — Je vois, fist-elle ; soit, il y a chancres, poulains, pisse-chaude, verolle, cristaline et autres appanages et circonstances. De quel genre est-il espèce ? — Rien, rien, fist-il ; le mal qui me travaille est mal d’amour. — Ha ! ha ! ha ! ha ! s’écria l’adadé17 ; courage ! vous n’en mourrez pas ; et puis je suis la superlative : vous avez trouvé chausse à vostre pied. Il n’est au monde ma semblable, preste à tout comme la chambrière d’un ministre, experte au metier des femmes. Je sçay oster les rousseurs et effacer les lentilles du visage ; je fais de l’huille de talc et autres fars excellens en perfection ; je sçay faire resserrer maujoint18 tellement, qu’une coureuse seroit prise pour la plus pucelle du monde. Bref, elle luy monstra une boüette à divers estages pleine d’oignemens, sur le couvercle de laquelle estoit escrit :

Le medicament de ceans
Est bon pour guerir les urines
Et pour apprivoiser les grives,
Les jumens guerist du farcin ;
Il fait faire maint larcin,
Il fait chanter les renaissailles,
Il fait cornes aux demoiselles.

Or, de ce que vous demandez, c’est un autre item. Parlons doucement… J’ay apporté certaine racine de la petitte Ægypte qui vous fera estre aymé des plus huppées. N’est-ce pas ce que vous cherchez ? — C’est cela mesme, dit l’homme. Que ce me seroit un grand bonheur si, par vostre moyen, je pouvois rencontrer cette science et arriver à mes intentions !

— Voulez-vous que je vous dise, Monsieur ? respondit la vieille ; je ressemble aux archevesques : je ne marche point si la croix ne va devant. — Je l’entends ainsi, ma bonne amie, dit le caqueteur ; voilà de quoy rire. — Baillez, Monsieur : à laquelle en voulez-vous ? Dictes-moy seulement son nom, et je la contraindray de venir coucher avec vous. Nostre homme, frottant ses deux bras et demy extasié, la luy nomme, prennent heure et complottent ensemble : de sorte qu’elle luy meine coucher une sienne camarade, hideuse et difforme, capable de faire mourir un delicat. Il prit son desduit avec elle. Le lendemain, voulant contempler son beau sujet au jour, se pasma de honte et de peur, croyant que ce fust Proserpine. Il voulut fuyr ; elle le suit, disant : « Payez-moy. Mercy Dieu ! est-ce ainsi que vous renvoyez le monde après vous en estre servi19 ? » Et trois ! Aussi, en mesme temps, le medecin luy avoit promis certaine drogue pour le rendre plus robuste au jeu d’amour, et d’effect fist son ordonnance, laquelle fut expediée par un apothicaire qui fist le quiproquo : car, au lieu de bailler ce qui estoit pour luy, il envoya une medecine qui avoit esté ordonnée pour un cordelier affin de luy lascher le ventre, et la sienne fust baillée au beau-père, qui tous deux se trouvèrent bien estonnés à l’heure de l’operation. Voilà le dernier pourquoy. Et ne sçachant à qui se doit prendre de son malheur, il a faict ceste levée de bouclier. L’esprit me tourne quand je pense à cest entendu en affaires, et acheveray d’affoler s’il n’est chastié comme un ennemy de nature. Sus ! sus ! que chasque femme barboüille son visage d’une bouse de vache ! que chasque fille salisse sa moustache d’un crachat, et que toutes ensemble luy baillent tant de maledictions, qu’il ne puisse fienter qu’à coups d’estrivières et coure le garrou20 tout le reste de sa vie ! C’est un infame qui ne sçait un seul secret de femmes : nous sommes trop advisées pour babiller ainsi qu’il dit ; il n’y en a pas une si sotte, si elle avoit laissé aller le chat au fromage, d’en parler à sa plus confidente. Nous avons cela de serment entre nous de le taire ; il n’y a si jeunette qui n’aymast mieux le faire vingt coups que d’en parler une fois. Il suffira, pour ce coup, d’avoir descouvert le subject du mescontentement du caqueteur : ç’a esté consultant le trepied d’une sybille ancienne qui sert à soustenir mon pot à pisser. Cela me fait paroistre, quand il me plaist, plus sage que trente-cinq Diogènes. Jusqu’au revoir. Je ne puis vous entretenir plus long-temps pour ce coup, d’autant que le comte Mansfeld me fait perdre le caquet. Il faut envoyer tous les caqueteurs et de loisir au devant de cest yvrongne pour hoguiner toutes les femmes qu’il traine, de peur qu’il ne vienne empescher la continuation du travail de l’hostel de ma bonne amie, manger noz melons et boire vostre piot. Je vais descouvrir s’il est point retourné en voyage à Nostre-Dame de l’Espine21, et puis je le vous envoyeray dire par ce mesme messager. Sanita et guadaigne.



1. Le jacobus, monnoie d’or à l’effigie de Jacques Ier, d’une valeur de 14 fr. 70 cent., d’après l’évaluation moderne, avoit alors cours en Angleterre.

2. Allusion à la pension de 1,200 livres que Mathurine, comme nous l’avons dit plus haut, recevoit de la cour.

3. C’est-à-dire une soupe bien odorante. L’hysope étoit une plante parfumée.

4. Il est naturel que Mathurine invoque maître Guillaume, qui étoit alors à la cour son collègue en folie. Auprès de l’article qui la concerne dans le Sommaire traité des revenus, etc., de N. Remond, Paris, 1622, ad fin., se trouve celui-ci pour les appointements de maître Guillaume, le fou en titre d’office : « À Me Guillaume, par les mains de Jean Lobeys, son gouverneur, dix-huit cents livres. » Pour ce fou, sous le nom duquel Regnier fit d’abord courir sa 14e satyre (V. notre livre l’Esprit des autres, p. 65), et dont nous aurons souvent à parler dans nos Variétés hist. et litt. à propos des pasquins sans nombre qui coururent sous son nom, nous nous contenterons de renvoyer à l’article du Perroniana (3e édit., 1691, in-12, p. 154–157) qui le concerne, et au chapitre que lui consacre M. de Reiffenberg dans son Histoire des fous en titre d’office (le Lundi, nouveaux récits de Marsilius Brunck, Paris, 1837, in-12, p. 290–293). — Les vers cités et les deux de la page suivante se lisent peut-être dans un de ces pasquins ; mais ils se trouvoient auparavant, à quelques variantes près, dans le Sermon des foulx. V. Ancien théâtre françois, P. Jannet, 1854, in-16, t. 2, p. 209.

5. Pour Bertholde, type des farces italiennes, qui commençoit à se populariser en France, mais qui ne prit pied sur nos théâtres qu’au XVIIIe siècle, lorsque Ciampi eut fait son Bertholde à la cour, et Lattaignant Bertholde à la ville.

6. C’est-à-dire de se voir moquer comme la statue de Pierre de Cugnières, surnommé du Coignet, laquelle on avoit placée en un petit coin (coignet) du chœur de l’église Notre-Dame, « en office de esteindre avec son nez… les chandelles, torches, cierges, bougies et flambeaux allumez. » (Rabelais, Nouv. prol. du 4e livre.) Il est ainsi parlé dans les Contes d’Eutrapel (1, De la justice, ad finem) de la cause qui valut à Pierre de Cugnières cette vengeance des gens d’église : « Tesmoing, dit Noël du Fail, la statue ignominieuse de maistre Pierre de Cugnières, estant en l’église Nostre-Dame de Paris, vulgairement appelé maistre Pierre du Coignet, à laquelle, par gaudisserie, on porte des chandelles. Le paillard, estant lors advocat general, soustint que le roy Philippe de Valois, son maistre, se devoit ressaisir du temporel ecclesiastic, pour estre le fondement d’iceluy mal executé, et seule cause de la dissolution des gens d’eglise et empeschement du vray service de Dieu. »

7. Fou qui couroit alors les rues.

8. Marforio, le camarade du Pasquin de Rome.

9. Cette phrase, où se trouve en germe l’une des plus jolies fables de La Fontaine (liv. 9, fab. 16), ne fait presque que reproduire celle-ci du 7e chap. des Contes d’Eutrapel : « ressemblans au singe qui tire les chastaignes de sous la braise avec la patte du levrier endormy au fouyer. »

10. Sur ce cabaretier fameux alors, qui avoit fait peindre au dessus de sa taverne, près Saint-Eustache, l’arbre dont il portoit le nom, V. notre Histoire des hôtelleries et cabarets, t. 2, p. 323–324.

11. Pour échaffaut, comme on appeloit alors le théâtre des saltimbanques et des empiriques.

12. Ceci est assez platement abrégé d’un passage du Moyen de parvenir, 1738, I, 104–5.

13. On sait de quelles maladies il étoit le patron, et quel mal, réclamant les potions postérieures dont parle Regnard dans le Légataire, s’appeloit le mal Saint-Fiacre. (V. Fleury de Bellingen, Etymol. des prov. franç., p. 317.)

14. Expression consacrée par Rabelais et par Henry Estienne pour désigner un mendiant, un quémandeur. « Quant à tant de povres moines, dit celui-ci, qui n’ont ni rente ni revenu, qui n’ont pas un poulce de terre, qui mesme sont appelez porteurs de rogatons, pour ce qu’ils ne vivent que des aumônes des gens de bien… » Apologie pour Hérodote, La Haye, 1735, in-12, t. 1er, p. 536.

15. Il étoit permis aux religieux du Petit-Saint-Antoine de laisser vaguer leurs pourceaux par les rues.

16. La pièce d’argent, à cause de la croix qui se trouvoit sur celles de saint Louis. On connoît l’expression être sans croix ni pile, pour dire être sans argent.

17. Prêtresse du dieu assyrien Adad. (V., à ce mot, le Dict. mythol. de Jacobi.)

18. V., sur de pareilles pratiques, une note de nos Variétés hist. et litt., t. 1er, pièce 26, p. 340–341.

19. Réminiscence d’un passage de Larivey. V. la Vefve, (comédie imitée de la Vedova de Nic. Bonaparte, dans l’Ancien théâtre françois, t. 5, p. 195.

20. Faire le loup-garou, être changé en bête.

21. Lieu de pèlerinage à deux lieues de Châlons-sur-Marne, ainsi nommé à cause d’une image de la Vierge trouvée en 1400 dans un buisson d’épines. La façade de l’église qu’on lui éleva fut achevée en 1429. V. Povillon-Pierrard, Descript. histor. de l’église de Notre-Dame de l’Épine, Châlons, 1825, in-8. — C’étoit une des premières stations des troupes étrangères entrant en France. L’armée que le comte d’Aremberg amena des Pays-Bas au secours du roi en 1567 y passa. (Mémoires non encore veus du sieur Fery de Guyon, escuyer. Tournay, 1664, in-8, ch. 83, pag. 144.)