Les Fastes (Merrill)/Voix

La bibliothèque libre.
Les FastesChez Léon Vanier (p. 18-19).
◄  Décor
Ombre  ►

VOIX

Par le jardin nocturne où la lune s’endort,
Leurs voix, au son des luths parmi les chrysanthèmes,
Murmurent de vieux airs mi d’amour, mi de mort.


Les doux musiciens remémorent les thèmes
Tant anciens sur lesquels, en les soirs de désir,
Tout le passé dansa sous ces feuillages blêmes.


Un jet d’eau qui charma quelque royal loisir
Pleure, en le clair-obscur des brumeuses allées.
L’heure et l’heure que nul remords ne peut saisir :


Et le vent, susurrant malade en les vallées
De fleurs, remue au cœur des massifs de lilas
Comme un soupir furtif de femmes en allées.



Ce sont des froissements frêles de falbalas,
Et de légers baisers ravis en le silence,
Et des amusements d’amants si las ! si las !


Puis la fuite d’un rire ! et oh ! l’eau qui s’élance
Des vasques, et les fleurs sous cette écume d’or,
Et les luths, et les voix lentes de somnolence

En le jardin nocturne où la lune s’endort !