Les Femmes célèbres contemporaines françaises/Guizot-Meulan

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, Alfred de Montferrand, Lesguillon
(p. 259-298).
Mme Guizot.

Mme GUIZOT

née Pauline de Meulan.


Certains esprits, en arrivant dans ce monde, et presque dès la première jeunesse, y apportent une faculté d’observation sagace, pénétrante, en garde contre l’enthousiasme, tournée directement au vrai, et sensible avant tout au ridicule, au travers, à la sottise. Quand la plupart des esprits élevés débutent par la passion, tantôt par une sorte d’illusion confiante, gracieuse et pastorale, tantôt par une misanthropie plus superbe et plus rebelle ; quand aux uns le monde s’ouvre riant et enchanté comme à Paul et à Virginie, aux autres plus altier, plus sévère et imposant, comme à Émile et à Werther ; pour les natures tout aussitôt mûres et prudentes dont nous voulons parler, l’apprentissage est plus de plain - pied, moins hasardeux ; le monde, dès l’abord, ne se découvre ni si riant, ni si solennel, ni si contraire ; il vaut à la fois moins et mieux que cela. La plupart des hommes, après la jeunesse passée, reviennent à un sens exact des choses. Ceux qui ont commencé par l’enthousiasme confiant et innocent ont appris à force de mécomptes à connaître Page:Nodier - Les Femmes celebres contemporaines.pdf/281 Page:Nodier - Les Femmes celebres contemporaines.pdf/282 Page:Nodier - Les Femmes celebres contemporaines.pdf/283 Page:Nodier - Les Femmes celebres contemporaines.pdf/284 Page:Nodier - Les Femmes celebres contemporaines.pdf/285 Page:Nodier - Les Femmes celebres contemporaines.pdf/286 Page:Nodier - Les Femmes celebres contemporaines.pdf/287 Page:Nodier - Les Femmes celebres contemporaines.pdf/288 Page:Nodier - Les Femmes celebres contemporaines.pdf/289 Page:Nodier - Les Femmes celebres contemporaines.pdf/290 Page:Nodier - Les Femmes celebres contemporaines.pdf/291 Page:Nodier - Les Femmes celebres contemporaines.pdf/292 Page:Nodier - Les Femmes celebres contemporaines.pdf/293 Page:Nodier - Les Femmes celebres contemporaines.pdf/294 Page:Nodier - Les Femmes celebres contemporaines.pdf/295 Page:Nodier - Les Femmes celebres contemporaines.pdf/296 Page:Nodier - Les Femmes celebres contemporaines.pdf/297 Page:Nodier - Les Femmes celebres contemporaines.pdf/298 Page:Nodier - Les Femmes celebres contemporaines.pdf/299 Page:Nodier - Les Femmes celebres contemporaines.pdf/300 Page:Nodier - Les Femmes celebres contemporaines.pdf/301 Page:Nodier - Les Femmes celebres contemporaines.pdf/302 Page:Nodier - Les Femmes celebres contemporaines.pdf/303 Page:Nodier - Les Femmes celebres contemporaines.pdf/304 Page:Nodier - Les Femmes celebres contemporaines.pdf/305 Page:Nodier - Les Femmes celebres contemporaines.pdf/306 Page:Nodier - Les Femmes celebres contemporaines.pdf/307 Page:Nodier - Les Femmes celebres contemporaines.pdf/308 Page:Nodier - Les Femmes celebres contemporaines.pdf/309 Page:Nodier - Les Femmes celebres contemporaines.pdf/310 Page:Nodier - Les Femmes celebres contemporaines.pdf/311 Page:Nodier - Les Femmes celebres contemporaines.pdf/312 Page:Nodier - Les Femmes celebres contemporaines.pdf/313 Page:Nodier - Les Femmes celebres contemporaines.pdf/314 Page:Nodier - Les Femmes celebres contemporaines.pdf/315 Page:Nodier - Les Femmes celebres contemporaines.pdf/316 l’Église réformée à laquelle appartient son mari, et dont les cérémonies funèbres ne contrarient pas cette croyance simple qu’elle avait. Personne de vérité jusqu’au bout, elle ne voulut mêler, même aux devoirs qui suivent la mort, rien de factice et de convenu, rien que de conforme à l’intime pensée.

Elle avait un goût vif pour la conversation ; elle l’aimait, non pour y briller, mais par mouvement et exercice d’intelligence. On l’y pouvait trouver un peu rude d’abord ; sa raison inquisitive, comme elle dit quelque part, cherchait le fond des sujets. Mais l’intérêt y gagnait, les idées naissaient en abondance, et, sans y viser, elle exerçait grande action autour d’elle. Que dire encore, quand on n’a pas eu l’honneur de la connaître personnellement, de cette femme d’intelligence, de sagacité, de mérite profond et de vertu, qui, entre les femmes du temps, n’a eu que Mme de Staël supérieure à elle, supérieure, non par la pensée, mais seulement par quelques dons ? Le sentiment qu’elle inspire est tel que les termes d’estime et de respect peuvent seuls le rendre, et que c’est presque un manquement envers elle, toujours occupée d’être et si peu de paraître, que de venir prononcer à son sujet les mots d’avenir et de gloire.

Sainte-Beuve.