Les Fleurs du mal (Revue des Deux Mondes)/Le Vampire
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XVII.
LA BÉATRICE.
Toi qui, comme un coup de couteau,
Dans mon cœur plaintif es entrée,
Toi qui, comme un hideux troupeau
De démons, vins, folle et parée,
De mon esprit humilié,
Faire ton lit et ton domaine,
— Infâme à qui je suis lié
Comme le forçat à la chaîne,
Comme au jeu le joueur têtu,
Comme à la bouteille l’ivrogne,
Comme aux vermines la charogne,
— Maudite, maudite sois-tu !
J’ai prié le glaive rapide
De conquérir ma liberté,
Et j’ai dit au poison perfide
De secourir ma lâcheté.
Hélas ! le poison et le glaive
M’ont pris en dédain, et m’ont dit :
« Tu n’es pas digne qu’on t’enlève
À ton esclavage maudit,
Imbécile ! — De son empire
Si nos efforts te délivraient,
Tes baisers ressusciteraient
Le cadavre de ton vampire ! »