Les Fusillés de Malines/10

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Paul Lacomblez, éditeur (p. 213-214).


VI

Extraits des « Conscrits belges en 1798 et 1799, »
par Augustin Thys.


Ce qui manquait à l’insurrection, c’était des chefs doués d’intelligence et de circonspection, des hommes d’élite qui, dans les circonstances révolutionnaires, dominent la foule par leur prestige, leur caractère, leur énergie. La Vendée avait les Henri La Rochejacquelein, les Gigot d’Elbée, les de Lescure, de Bonchamp, Stofflet, Charette, d’Autrichamp, de Bourmont, de Chatillon, Georges Cadoudal, et tant d’autres encore, moins connus ; nos pauvres villageois se trou­vaient entièrement abandonnés à eux-mêmes, tandis que les habitants des villes étaient comme pétrifiés par la crainte et la terreur et n’osaient souvent même pas montrer leur sympathie envers ces vaillants et glorieux patriotes qui défendaient au péril de leur vie la cause nationale. D’autre part, le défaut d’organisation, le manque de munitions et surtout de canons, constituèrent une grande cause d’infériorité pour la révolte. C’est à ces diverses circonstances qu’il faut attribuer l’insuccès de Malines… »

(P. 63. Éditeur Paul Beerts, Anvers, 1885.)

J’emprunte aussi à l’intéressant livre de M. Augustin Thys, ces appels aux armes, rimés en la langue originale et d’une naïveté presque intraduisible, dont je me suis efforcé de donner un équivalent dans la complainte de Rik le Schalk, à la page 56.

Waren dRegeerders van dorpen en sté,
Waren de Franschen eens wech, hoe had u daermé ?
Waren dNederlanders blijft nu bij een
Waren dWij moeten standvastig wezen
Waren dOm te waegen ons lijf en bloed,
Waren dVoor de Franschen zijn wij te goed,
Waren dOm met schelmen en dieven te strijden
Waren dDat zijn wij niet van zin :
Waren dLiever den kogel of te guillotien.

(Segd het voorts.)

Et cette autre proclamation non moins savou­reuse :

Brabantsche jongers, schept nu weer moet,
Om voor ’t geloof te strijen
Gaet gij naer Vlaendren toe
En wilt u niet vermeyden